Artistes-artisanes de Sejnane exposent leurs œuvres réalisées dans le cadre de l'unité de production de créations populaires culturelles Laaroussa, depuis le 20 juillet et jusqu'au 30 septembre prochain à Dar Bach Hamba. Les initiateurs de ce projet, deux jeunes : Salma et Sofiane Ouissi se mettent en scène dans une vidéo documentaire dans laquelle ils proposent leur démarche plastique. L'atelier de Laaroussa s'est déroulé du mois de février au mois de juin 2011 avec le concours de la fondation « La Luna » regroupant des femmes de Sejnane et de Nantes (France). Il s'agit de créer des espaces d'échange et de création entre les artisanes des deux rives de la méditerranée. Le résultat est surprenant. Ce qui nous est donné à voir au cours de l'exposition sont, tout d'abord, des photos en couleurs narrant le processus de création des poupées en terre cuite. L'argile est réduite en poussière, puis en pâte que les artisanes modèlent en fonction de leur inspiration. Une fois les poupées constituées, elles sont cuites dans de la bouse de vaches. Enfin, elles sèchent et sont prêtes à la vente. Trois communautés de femmes sont impliquées dans cet événement. Il s'agit des potières de Sejnane, les tricoteuses-couturières-conteuses d'Arlène de l'association La Luna regroupant des immigrées maghrébines et africaines de la ville de Nantes ainsi que des migrantes d'Afrique subsaharienne de Tunis. Cette expérience a permis à ces artisanes de différentes communautés de tisser des liens d'amitié et de solidarité autour d'un même projet : la poupée symbolisant leur identité. L'expérience créative n'est pas spontanée à 100%. Elle est le fruit d'un atelier conçu dans un esprit de partage des savoir- faire et des talents. Chacune des artisanes a fait valoir ses capacités qui dans la fabrication des poteries, qui dans la couture, qui dans le chant et la danse et qui dans le conte. Une belle synergie dont les objectifs portent aussi sur la sensibilisation à la protection de l'environnement et des ressources naturelles, la dynamisation du secteur de l'artisanat traditionnel en voie d'extinction et enfin, la valorisation des productions grâce à la mise en place de circuits de commerce équitable. Le résultat de cet atelier est remarquable. Les visiteurs de l'exposition découvriront les surprises les unes après les autres. De la poupée artisanale traditionnelle, le collectif des femmes artisanes a fait preuve de créativité en réalisant à partir de petits carreaux d'argile avec des motifs cousus, une poupée géante sans tête ainsi qu'un collier géant également fabriqué avec des petits pots liés. Et comme pour mieux nous faire vivre de l'intérieur les moments forts de ce projet expérimental, un montage vidéo est projeté au terme de la visite illustrant le cheminement de ces créations et la communauté des femmes dans les différentes phases de travail qui passent du malaxage de l'argile, à la création des personnages et à leur cuisson par le feu. Un retour aux sources de la vie où les quatre éléments naturels : eau, terre, feu et air servent à la création d'un art : la poupée.