De Hechmi GHACHEM - (Certains se posent la question, de savoir si ce qui s'est passé en Tunisie au mois de janvier 2011 est une révolution, un soulèvement populaire, ou un simple acte de rébellion spontanée. Nous devons laisser le soin aux analystes, de trouver une réponse à cette question. Pour le moment, contentons-nous d'honorer encore une fois, la beauté suprême de la rébellion. Car, rebelles –et non libres-, nous sommes nés, et rebelles nous demeurons. Pour la beauté de l'acte certes, mais aussi, pour la beauté du mot : rebelle, quel joli nom d'emprunt). L'âme du diamant Ce qui est dur avec les ans, avec le costume de plomb que le temps nous fait endosser ; ce qui est dur avec la mort, c'est qu'elle nous empêche de rêver. Donc d'aimer… L'être en rêve brisé est ramené à l'état biologique, voire chimique, parce que la matière enrouée commence à dicter sa dure loi, qui nous fera tôt ou tard plier. La résignation est engendrée par la peur, peur qui peut aussi engendrer la témérité et la rébellion. Les rebelles sont des papillons qui se brûlent les ailes au soleil. Ou des pachydermes lourdement ailés qui cahotent vers leur enfer personnalisé. Parce que la rébellion est un acte insensé, contre-nature et forcément condamnable. Parce que les êtres rebelles sont damnés, damnés depuis le premier cri, la première larme, première blessure et premier amour aussi… Le rebelle ne construit pas sa vie. Il ne souffre que par orgueil. Les « hommes investis de leur sort » veulent le réduire à néant. Mais ne peuvent être qu'ignobles pions, de vagues exécutants de besognes bassement mercantiles. Car le rebelle est infaillible. Sa vie est un témoignage amer, cruel et doux à la fois. Témoignage du grand perdant qui aurait pu gagner. Mais il a refusé de se soumettre et ne peut donc mourir que par amour… Une fois mort, les enfants des « hommes investis de leur sort », qui l'avaient combattu, recommencent à l'aimer… et il arrive des fois qu'un rebelle mort endosse les actes d'un ou de plusieurs autres rebelles naissants. La rébellion est contagieuse ! Elle peut naître là où on l'attend le moins, dans les yeux d'une mouette amoureuse, ou dans le cœur lacéré d'un poète humilié… La poésie est l'unique arme fatale, l'ultime sursaut païen contre la mort. Elle est l'âme du diamant. Et comme tous les diamants, elle n'est pas contagieuse…