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De l'anticipation politique ...
opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 02 - 2011

L'anticipation politique n'est pas une gageure; bien au-delà c'est un «imperium».
Ce qui se passe actuellement sur la scène politique tunisienne est loin de répondre à cet impératif d'action politique anticipée et nous laisse, par conséquent, perplexes, à plus d'un titre, au point qu'il nous est permis de se demander si l'on ne souffrait pas d'une certaine forme d'autisme politique sévère. Il aurait fallu, dans les circonstances actuelles, faire preuve d'une faculté à incarner ce mouvement de la pensée réformatrice et vivre d'avance ces moments historiques de dignité et de liberté que nous offre la révolution tunisienne.
Ce que nous vivons actuellement en Tunisie exige cette faculté des politiques à répondre aux attentes de ce peuple par anticipation, c'est-à-dire la capacité de comprendre et de traduire la volonté de tout un peuple, avant le temps prévu, et surtout avant le soulèvement du peuple.
Or nous nous contentons tout juste de réagir, et souvent sous la pression des contestations et des revendications, sans faire preuve du moindre sens de l'anticipation, alors que l'essentiel des demandes du peuple est tout à fait compréhensible, lisible et n'exige pas une grande aptitude d'analyse politique, ni même de grands stratèges de la prospective politique.
Ce dont nous avons besoin, c'est un minimum de bon sens par des hommes de vouloir et non pas seulement du pouvoir. Il ne faut pas omettre que c'est le peuple qui nous a mis sur l'orbite du changement démocratique, et que par conséquent, nous lui devons bien cette capacité d'agir sur la voie démocratique qu'il nous a indiquée.
L'impression qui se dégage depuis le 14 janvier 2011 est celle d'un pouvoir hésitant, renfermé sur lui-même, titubant, indécis; nous oserions même dire que nous avançons à reculons.
L'hésitation perturbe notre marche vers des réformes légitimes et effectives. Elle l'a même jonchée d'obstacles qui, dans le repli sur soi-même, se transforment en autant de barricades que de poches de résistance, à en croire que la démocratie, la liberté et la voix du peuple souverain sont des idées qui nous hantent encore et que le chargement politique et le progrès social nous font peur !
Justement, si nous nous sommes libérés de la dictature c'est pour disposer pleinement de notre droit d'initiative et de notre volonté d'agir. Pourquoi continuer donc à répondre au peuple par réaction à ses revendications légitimes et sous sa pression, alors qu'il aurait été beaucoup plus simple, et en tout cas plus judicieux, de prendre les devants, d'engager d'emblée les réformes qu'attend tout un pays ?
Le pouvoir ne cesse de céder, de reculer à chaque fois d'une ou de plusieurs cases. Les actes de recul sont multiples (le passage de l'article 56 de la Constitution à l'article 57 en moins de 24 heures, sous le poids des critiques: erreur politique! la composition du gouvernement de transition; la nomination de gouverneurs, sans cesse revue et corrigée sous la pression des contestations de la rue; la suspension et dissolution du RCD, ce fut l'une des premières et plus importantes demandes des manifestants et tout le temps mis ou pris pour le faire, et j'en passe). Mais il faut en convenir qu'à chaque recul, c'est la légitimité – déjà fragile — du pouvoir qui est en train de s'éroder, de s'effondrer. Qu'il en soit conscient car viendrait le jour où il n'aurait d'autre choix que de céder. Il est de notre devoir de le prévenir, car nous croyons que la chute sera dure, douloureuse, voir violente. Nous ne voulons pas de cela, comme nous ne voulions pas d'un pouvoir arrogant.
Vous ne cessiez de reculer, alors que nous vous demandions clairement d'avancer, de faire progresser ce pays, d'avoir le courage d'engager une œuvre réformatrice vitale pour le pays et sans précédent dans la région. Les demandes sont claires et parfaitement légitimes : une Constituante, une nouvelle Constitution, une nouvelle République. Que vous faut-il de plus pour vous hisser au niveau de l'événement et de mettre le peuple sur l'orbite de son destin: un peuple enfin libre et démocratique ?
C'est que l'anticipation ne s'improvise pas, elle s'établit par une parfaite rencontre entre la volonté du peuple et l'action des gouvernants. Pour ce faire, il convient, en premier lieu, d'avoir une sensibilité politique – nous entendons par là une aptitude à assimiler et à lire les événements politiques.
D'aucuns pourront nier que la mécanique constitutionnelle est bloquée, obstruée, pour ne pas dire largement dépassée. Le peuple a besoin d'un nouveau moteur, d'une nouvelle mécanique constituante qui puisse le conduire normalement, mais surtout sûrement, vers son projet démocratique. Nos institutions sont en panne; rien ne sert de les réparer, il faut les changer; est-ce si compliqué que cela ?
L'anticipation politique implique, en deuxième lieu, de l'imagination, une capacité à créer les solutions adéquates. Le peuple ne nous demande pas de la fiction – ça serait là la véritable gageure. Il nous demande de concevoir et de vivre d'avance la Démocratie, le moment démocratique. Car si nous avons réellement compris le sens de notre révolution, nous serons également parfaitement capables de mettre en place les institutions et les mécanismes qui vont devoir, à terme, permettre l'instauration d'un véritable système démocratique dans le pays.
Et pour ce faire, nous n'avons nullement besoin d'être des génies de la matière politique, pas plus que de grands techniciens du droit. Il suffit de se poser la question : quel modèle de société nous voudrions avoir pour que les idées, les principes et les institutions soient définis ? Les forces vives du pays réunies en Assemblée constituante sauront le faire. Pourquoi devoir attendre le mois de mars pour se prononcer sur cette demande légitime et importante?
Cependant, le propre de toute action politique qui se veut efficace est d'exécuter d'avance les réformes, de les anticiper, d'avoir un projet politique. Certes, il y a une différence capitale entre céder à des caprices – que nous bannissons — et répondre d'avance aux attentes du peuple. Qu'il faut avoir une vision politique pour entreprendre des réformes et conduire la transition démocratique d'une société. Il n'en demeure pas moins que les retards que nous accusons et accumulons de jour en jour vont finir par perturber la marche du pays vers la démocratie et l'inéluctable risque de nous rattraper.
Il faut agir vite, bousculer le rythme des réformes, mais surtout les anticiper, car nous risquons de perdre un allié important: le temps; tout autant qu'une belle œuvre: notre révolution !
L'attente, l'hésitation, la prudence exagérée, ou l'absence d'une volonté politique, auxquelles s'ajoute la fragilité du gouvernement par effet de recul quasi-systématique sous la pression montante de l'opinion publique, constituent autant de freins que d'obstacles à ce mouvement créatif et déterminé de changer nos vies et nos institutions vers un futur meilleur.
Il faut nous surprendre, comme nous avons surpris le monde entier, Messieurs !
De l'audace, du courage, mais surtout de l'engagement, c'est dans ces conditions et seulement que nous pourrions dire que nous avons compris le sens profond de notre révolution.
La Tunisie du 14 janvier 2011 a provoqué un véritable tsunami dans la région; il suffit de voir l'hécatombe des régimes arabes pour saisir la puissance et le sens de notre révolution. Sans en être conscients — peut-être –, nous avons donné une impulsion à des changements profonds dans plusieurs pays arabes, et le modèle tunisien est en train de se répéter, presque dans ses moindres détails.
La dignité que nous avons réclamée et pour laquelle nous nous sommes battus est une valeur universelle, chère à tous les peuples, tout autant d'ailleurs que la liberté et la démocratie. Nous avons bousculé le temps, le sens de l'histoire de notre région et sommes en passe de changer le modèle de notre société.
Au-delà de notre stricte géographie, nous avons opéré un changement notoire dans nos vies, nos cultures, nos habitudes. Nous nous organisons en réseau, nous agissons en réseau, nous nous informons en réseau, nous décidons en réseau, nous nous rencontrons par millions en réseau et nous entreprenons en réseau, le tout le temps d'un clic!
La révolution tunisienne et, partant, celle du monde arabe intervient à un moment charnière de l'histoire de l'humanité, où deux temps, deux cultures se chevauchent — l'individualisme, d'un côté, et la solidarité en réseau, de l'autre — mais aussi où le second temps annonce la fin du premier. C'est là la dimension universelle des changements actuels que connaît notre région, mais que connaîtront certainement d'autres régions du monde.
Nous n'avons pas provoqué toute cette onde de choc pour finalement nous résoudre à un certain fatalisme politique. Nous avons une responsabilité vis-à-vis des autres peuples qui nous ont suivis ou qui le feront un jour et nous nous devons d'être dans l'ère universelle de notre temps‑!
H.B.M.
* Maître de conférences en droit public et avocat


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