Voilà des siècles que la partie irréductible de l'humanité lutte pour que les choses soient autrement qu'elles ne le sont. Ni mieux.. ni pire... mais simplement différentes parce que la vie, la vraie vie est rébellion... rébellion contre le fait d'avoir été conçu sans avoir été auparavant consulté. Rébellion contre la réalité de ce qu'on est, contre l'époque et le lieu où on est né, contre l'impossibilité de nier ce pourquoi on a été conçu. L'autre humanité obéit... et réussit là où les rebelles ne font que du bruit... Très peu de bruit en réalité mais ce trop peu pourrait - si on ne le liquidait pas - détruire tout ce que la bonne morale civique de l'humanité basée sur la pratique avait construit. Les rebelles méritent d'être détruits. Par qui ? Par les enfants qu'ils pensent avoir conçus pour qu'ils leur succèdent dans le joli monde qu'ils ont construit. Ce joli rêve ! Mais ces enfants ne sont - généralement - que des bouches affamées qui veulent se nourrir de la fracture du monde. Ils n'ont pas de mère. Ou bien, ils l'ont oubliée. Ils n'ont ni frères ni sœurs. Ils sont frères justes un cumul absurde d'intestins, d'estomac, d'organes faits pour perdurer et qui ne peuvent même pas servir à leur basique plaisir. Ils ont eu le privilège d'être triés (et non sélectionnés) par la télé. La télé qui est cet organe obscène mis au service du diable et du bon dieu. Tous les deux populaires. A très bas prix. Sans signes distinctifs. Sans remords, sans pudeur et sans soucis. Oh l'artiste mon aîné, pourquoi n'es-tu pas encore mort puisque moi, j'ai réussi ! Réussi à ne pas être mais à paraître. Alors mort à toi, à tes poètes et à tes amis ! Et l'artiste de lui répondre : - Si je ne suis pas mort, idiot, c'est tout bêtement parce que j'oublie. Cette époque dans son immense désarroi fabrique des héros en simili plastic (même pas en simili cuir). Ce qu'ils ont de meilleur en eux, c'est qu'ils croient que l'époque qui les a créés les reconnaît alors que cette époque a du mal à se souvenir de ce qu'elle est, de ce qu'elle a été et de ce qu'elle ne sera jamais. Ce sont des calamités juvéniles. Comme l'acné, il n'y a aucun remède pour les éradiquer. Il faut juste laisser le temps passer et faire son métier d'effaceur de malformations épidémiques. Car nous le savons tous ! Quand les jeunes exigent la mise à mort du conseil des Sages qui les ont défendus, c'est que ces jeunes ne sont que des jeunes calamités. Mais, hélas, juste des calamités qui ne sont même pas faites pour voter. Quand les vieux lions mourront, on entendra les plus vaillants des gladiateurs, pleurer. -Chante-moi une chanson douce pour que je puisse - enfin - m'endormir maman. -Quelle chanson mon enfant ? Il n'y a que des morts dans notre histoire. Des morts qui veillent et qui ont le mal d'aimer. Le mal d'aimer de nos parents... le mal d'aimer de nos enfants !