Tunis a vécu, hier, au rythme des grandes échauffourées des premiers jours de la Révolution, à l'occasion de deux marches de contestation très agitées, organisées, à l'appel de plusieurs formations et organisations politiques et professionnelles, et du tissu associatif, pour protester contre ce que les contestataires appelaient ‘'le laxisme ‘' du gouvernement Essebsi, et de l'appareil judiciaire à l'égard du jugement des symboles de l'ancien régime. La première manifestation s'est déroulée devant le siège du ministère de la justice à la rue Bab Bnet, tandis que la seconde marche a eu lieu en plein centre de Tunis, à l'avenue Habib Bourguiba, devant le siège du ministère de l'intérieur où les mesures de sécurité ont été particulièrement renforcées dès les premières heures de la matinée. Vers midi, les forces de l'ordre ont commencé à lancer des bombes de gaz lacrymogène pour disperser le rassemblement des contestataires organisé devant le siège du ministère de l'intérieur, et qui donnait des signes évidents de débordement, avec l'échauffement croissant des esprits sous l'effet des slogans radicaux repris en chœur par les participants. Des unités de police à bord de leurs voitures ont pourchassé les manifestants, à coup de bombes lacrymogènes ‘'moins petites que d'ordinaire'' d'après certains, jusqu' à la fin de l'avenue de Paris, alors que les commerçants affolés se sont hâtés à fermer leurs boutiques, ayant en tête le souvenir des saccages qui suivaient autrefois, les marches de contestation. Mais, rien de tel ne s'est produit, ce lundi. Les participants étaient, tous là, apparemment, par conviction politique. Ce sont les peines jugées clémentes prononcées, vendredi dernier, par un tribunal de Tunis, à l'encontre de quelques membres de la famille du président déchu Ben Ali et ses gendres, dans l'affaire de l'aéroport international de Tunis- Carthage, et autres affaires de justice, comme la « fuite tolérée » de Saida Agrébi à l'étranger, qui semblent être derrière ces mouvements de contestation. Il s'agirait plutôt d'un prétexte, car la colère contre le ministère de la justice et l'appareil judiciaire n'a pas cessé de gronder, depuis le déclenchement de la Révolution, y compris dans les rangs des corps concernés. Par leur caractère radical, les slogans brandis au cours des marches de ce lundi 15 août, traduisaient, en tous les cas, un mécontentement profond face au ‘' rendement du gouvernement Essebsi''. Le fameux mot d'ordre ‘'dégage'' est réapparu, de nouveau. Le gouvernement était affublé de tous les mauvais qualificatifs et les contestataires réclamaient sa démission, appelant le peuple à se révolter de nouveau pour ‘'assainir le pays des restes de la dictature''.