Trois semaines durant, la ville de la conquête arabe vécut au rythme de son festival archéologique dans sa première édition après la Révolution et les colonnes orgueilleuses balancèrent aux tempos doux de ce bal annuel. Le public en majorité jeune jeune , jouit d'une programmation dominée par la musique engagée et les chants soufis . Via ce festival, les Sbeïtlois répliquèrent doctement aux fausses notes des corbeaux ….et les nuits de la forteresse byzantine se déridèrent. La clé de sol du festival fut donnée par le virtuose Ridha Chemak qui jubila par sa création « Chansons de la vie », dédiée à la Révolution tunisienne via un répertoire patriotique et engagé des grands poètes arabes : Mahmoud Derouiche, Aboul Kacem Chebbi et Nizar Kabbani. Enchanté par la splendeur du théâtre antique de Sufetula, Chemak offrit un show ensorcelant… « Ce fut Zorba à la tunisienne », me confirma un ami. Les noces estivales de Sbeïtla furent toutefois marquées par un menu musical argenté, et suite à l'ouverture par Chemak, les mélomanes savourèrent une série de concerts variés assurés par Faouzi Ben Gamra dans « Euphorie » ; Ahmed Jelmam dans une soirée de chants mystiques, Mascott dans un concert de rap au grand bonheur des jeunes et un spectacle baptisé «Mystères » (Khabaaya) en hommage à notre mémoire musicale. Les mordus du 4ème Art , quant à eux, ils eurent droit à deux spectacles ; la création hilarante « Harek Yetmanna » de Raouf Ben Yaghlane et « Taffi Dhaw » du théâtre du Centre de Sbeïtla. Les versificateurs ne furent pas en reste, c'est qu' une veillée leur fut dédiée le 4 août, avec la participation des poètes Kairouanais , Moncef Ouhaibi et Mohamed Ghozzi. Des airs irakiens embaumèrent cette soirée joliment imbibée par les notes du joueur du santour, Mohamed Zaki Derwich à telle enseigne que le public y adhéra.. La tombée du rideau fut un tabac le lundi 22 août sous la houlette de Mourad Sakli qui éblouit par un « Olivier » bien enraciné dans la terre. Sufetula fut la grande terre des oliviers à l'époque romaine et les presses à huile sur les collines témoignent de nos jours de la richesse de ce fameux jardin… Cette édition du festival archéologique de Sbeïtla fut régie par une nouvelle équipe alliant ardeur et réalisme, sous la direction de Abdallah Boussatla .