La ville de la première conquête arabo-musulmane au Nord d'Afrique allume durant le mois sain,t les lanternes de son festival de la Médina. Une manifestation abritée par le superbe parc touristique Sufetula et qui draine les foules songeant à la bonne musique qui embaume cet endroit si convivial au bord de l'oued de Sbeïtla. Dans ce cadre-là, le chanteur Noureddine Béji a gratifié, jeudi dernier, les noceurs sbeïtlois par un florilège de chansons « tarabi, soufi »… Après avoir entamé la soirée par un cocktail de chansons tunisiennes en hommage à Mohamed Jamoussi et Hédi Jouini, Noureddine Béji a changé de répertoire et a par conséquent offert une bouffée d'oxygène aux lieux étouffés par la canicule et submergés par les foules avec quelques unes des plus belles chansons du ténor Mohamed Abdel waheb ; « Ya Wabour », « ‘Indamaa yaati el Massaa », « Khayi »… La cerise sur le gâteau, c' était cependant les chansons soufies ou « El Hadhra » revue par Noureddine Béji qui a dévoilé ce soir-là, à la bonne surprise des noceurs, les talents d'un bon metteur en scène en faisant de son auditoire une belle chorale. Les applaudissements des spectateurs enchantés ont agréablement assuré le rythme de fond des chansons mystiques interprétées à capella. L'harmonie entre l'artiste et les spectateurs était si parfaite que l'on a assisté à une version d'El Hadhra fort originale et authentique sans superflus ni cacophonie. L'épilogue de ce voyage spirituel piloté par la voix forte et suave de Béji semblait alors une randonnée céleste d'une rare volupté. En sus de cette soirée particulière, le festival de la Médina de Sbeïtla a prévu également un concert musical animé par Hassan Dahmani, une création locale en hommage aux chants et rites mystiques de la région , des lectures poétiques et des veillées cinématographiques à la maison de la culture. Ces soirées qui illuminent les nuits du mois sacré à Sbeïtla sont les fruits des efforts louables conjugués par le comité culturel local et son président Hafedh Boulaabi en collaboration avec la maison de la culture dirigée par notre ami Hatem Dallali. Signalons que le côté humain n'est pas en reste dans cette programmation, puisque le comité du festival a conservé depuis une décennie, la coutume d'élaborer une cérémonie de circoncision collective pour quelques dizaines d'enfants de familles nécessiteuses. Un geste à saluer et qui nous rappelle qu'à l'instar de la musique savante, l'humain, aussi, enchante les esprits et les gratifie.