Le Temps-Agences- Le message du sommet de Charm El-Cheikh est clair: l'Egypte, Israël et la Jordanie soutiennent le président palestinien Mahmoud Abbas face au Hamas et comme interlocuteur dans le processus de paix avec Israël. Le Premier ministre israélien Ehoud Olmert a cependant prévenu qu'il ne fallait pas en attendre d'avancée majeure. Certes, Israël a accepté avant-hier de débloquer le transfert de droits de douane et taxes collectés au nom de l'Autorité palestinienne, mais il reste beaucoup de questions à régler, a souligné Ehoud Olmert hier avant de partir pour la station balnéaire sur la mer Rouge. "N'attendez pas l'issue (de la réunion) ce soir avec impatience, comme si vous alliez nous voir assis en train de signer un traité de paix. Cela prendra du temps", a-t-il lancé. M. Olmert s'est réaffirmé prêt à discuter de l'initiative saoudienne proposant un accord de paix global en échange du retrait d'Israël de tous les territoires capturés dans la Guerre des Six-jours en 1967. Le Premier ministre centriste y voit un bon point de départ de négociations bien qu'il émette des réserves sur certains aspects, mais cela ne peut pas remplacer des pourparlers directs entre Israéliens et Palestiniens, insiste-t-il. Mahmoud Abbas, de son côté, se montrait optimiste, disant avoir reçu des assurances des Etats-Unis de ce que et Israël était prêt à avancer lors du sommet égyptien. Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, a pour sa part déclaré que le but était de restaurer la confiance entre Israéliens et Palestiniens "en attendant que la voie soit ouverte à la relance des négociations entre les deux parties". La scission des Territoires palestiniens entre la Bande de Gaza tenue par le Hamas et la Cisjordanie contrôlée par l'Autorité palestinienne issue du Fatah et soutenue par la communauté internationale, complique évidemment le dossier, mais M. Abbas et les pays arabes exhortent Israël à profiter de ce que les islamistes ne font plus partie du gouvernement palestinien. Toute la région est en effet préoccupée par la situation. L'Egypte et la Jordanie, qui craignent que la crise frappant les Territoires ne s'étende, soutiennent le Fatah du président Abbas. Amman s'inquiète d'une déstabilisation de la Cisjordanie qui pourrait gagner son territoire, où la moitié de la population est palestinienne, et Hosni Moubarak redoute que les Frères musulmans ne s'enhardissent dans son pays. Il doit aussi recevoir le roi Abdallah d'Arabie saoudite à Charm El-Cheikh aujourd'hui pour tenter de former un front arabe uni derrière M. Abbas et éviter par la même occasion que la Bande de Gaza ne devienne l'avant-poste de leur ennemi commun, l'Iran. La communauté internationale toute entière s'active, et le sommet de Charm El-Cheikh précède celui, prévu aujourd'hui à Al-Qods, du Quartette pour la paix au Proche-Orient, qui rassemble les Etats-Unis, l'Union européenne, la Russie et les Nations unies. Isolé dans la Bande de Gaza, le Premier ministre palestinien Ismaïl Haniyeh, du Hamas, déposé par Mahmoud Abbas, a dénoncé avant-hier les "illusions", le "mirage" du sommet de Charm El-Cheikh. "Les Américains ne donneront rien. Israël ne nous donnera rien. Notre territoire, notre pays ne nous sera rendu que par la fermeté et la résistance", a-t-il lancé.