• Sa fille Raghd a demandé à ce que son corps soit inhumé "temporairement" au Yémen Le Temps-Agences - Condamné à mort pour crimes contre l'humanité, l'ancien président irakien Saddam Hussein a été exécuté par pendaison hier peu avant 06h00 (04h00, heure de Tunis) à l'âge de 69 ans. La télévision nationale irakienne a diffusé des images montrant Saddam Hussein, calme, discutant avec son bourreau dont le visage était masqué par une cagoule, alors qu'il plaçait le nœud d'une corde autour de son cou. Elle n'a en revanche pas montré la pendaison. La chaîne irakienne chiite Biladi a diffusé des images de la dépouille de l'ancien raïs placée dans un linceul blanc, et dont la tête est visible. "Cela s'est passé très vite. Il est mort sur le coup", a déclaré à Reuters un responsable irakien ayant assisté à l'exécution. L'ancien président irakien, a-t-il ajouté, avait les mains liées et les jambes entravées, mais son visage était découvert. Il semblait calme et a dit une brève prière. "Nous avons entendu sa nuque se briser", a déclaré à Reuters Sami Al Askari, allié politique du Premier ministre Nouri Al Maliki, à l'issue de l'exécution qui s'est déroulée à l'intérieur d'un bâtiment du ministère de la Justice dans le nord de Bagdad. Alors que les chiites laissaient éclater leur joie, le Premier ministre a appelé les anciens partisans du Président déchu, les baâthistes sunnites, à mettre fin à l'insurrection et à rejoindre le processus politique. "L'exécution de Saddam met fin à toutes les spéculations pathétiques sur un retour de la dictature", se félicite le Premier ministre dans un communiqué.
Satisfaction des chiites Selon des responsables, il n'a pas assisté à l'exécution. La télévision nationale a diffusé des images où on le voit signer l'ordre d'exécuter Saddam Hussein. "J'exhorte les partisans du régime déchu à reconsidérer leur position car la porte est encore ouverte à tous ceux qui n'ont pas de sang innocent sur les mains, pour contribuer à la reconstruction d'un Irak pour l'ensemble des Irakiens", déclare le dirigeant chiite dans le communiqué. La population irakienne semblait pour l'instant réagir avec mesure en ce jour le plus sacré du calendrier musulman. Aucun couvre-feu n'a été décrété dans la capitale irakienne. Les chiites, radieux, dansaient dans les rues de Nadjaf et des concerts de klaxon retentissaient dans le quartier chiite de Sadr City à Bagdad. Un homme originaire de Doudjaïl, qui a témoigné lors du procès de Saddam Hussein pour la mort de 148 chiites appartenant à ce village, a indiqué qu'il avait été autorisé à voir sa dépouille dans le bureau de Maliki. "Quand j'ai vu le cadavre dans le cercueil j'ai pleuré. J'ai pensé à mes trois frères et à mon père qu'il a tués. Je me suis approché du corps et je lui ai dit: 'c'est un châtiment mérité pour un tyran", a expliqué Djaouad Al Zoubaïdi à Reuters. Si l'exécution rapide de Saddam Hussein satisfait les chiites, elle pourrait alimenter davantage encore la colère de la minorité sunnite et décevoir de nombreux Kurdes, qui souhaitaient le voir jugé pour génocide contre leur communauté.
Procès chaotique Pratiquement trois ans jour pour jour après sa capture dans une cache de sa région natale de Tikrit, près de trois décennies après son arrivée au pouvoir à Bagdad, l'existence de Saddam Hussein s'est achevée au bout d'une corde. Sa fille Raghd, qui vit en exil en Jordanie, a demandé à ce que son corps soit inhumé "temporairement au Yémen jusqu'à ce que l'Irak soit libéré et qu'il puisse être réinhumé en Irak", a rapporté une source proche de la famille. Le gouverneur de Tikrit, la ville natale de Saddam Hussein, a pour sa part déclaré que sa tribu négociait avec le gouvernement pour obtenir qu'il soit enterré dans le village d'Aouja, où ses fils ont été inhumés en 2003. Le gouvernement souhaite qu'il soit inhumé à Bagdad, a précisé le gouverneur. L'ancien président irakien, renversé en avril 2003, avait été condamné à mort pour crimes contre l'humanité le 5 novembre dernier. Sa condamnation, au terme d'un procès souvent chaotique, avait été confirmée mardi dernier en appel. Des associations de défense des droits de l'homme, dont Amnesty International et Human Rights Watch, ont dénoncé les conditions jugées inéquitables du procès d'un homme dont le règne a été marqué par des atteintes massives aux droits de l'homme et des répressions sanglantes. L'exécution rapide de l'ancien président irakien pourrait relancer les critiques. "Le calendrier de l'exécution et la précipitation avec lequel elle a été menée pourrait irriter certaines personnes", a estimé Salim Al Djibouri, porte-parole de la principale formation sunnite du gouvernement. Le demi-frère de Saddam Hussein, Barzan Al Tikriti et l'ex-juge Aouad Al Bandar seront exécutés à la fin des festivités de l'Aïd, dans une semaine