Le prochain Gouvernement est appelé à trouver des solutions urgentes «pour résoudre la situation économique très grave qui prévaut actuellement en Tunisie», a déclaré Mme Wided Bouchamaoui, Présidente de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA). Elle a rappelé que le nombre de chômeurs «pourrait atteindre un million, d'ici la fin 2011 (contre 700 mille au début de l'année), à cause de la régression de la croissance économique et la baisse des investissements étrangers outre la crise du secteur touristique». Au cours d'une rencontre tenue mercredi, au siège de l'UTICA, entre des hommes d'affaires et M. Mustapha Ben Jaâfar, Secrétaire Général du Forum démocratique pour le travail et les libertés "Ettakatol", Mme Bouchamaoui a évoqué le cas de plusieurs entreprises économiques qui vivent des situations difficiles à cause de la poursuite des grèves et des sit-in. M. Ben Jaâfar, dont le parti a remporté 20 sièges à l'Assemblée Constituante, a pour sa part souligné que "personne ne possède une baguette magique" pour répondre rapidement aux demandes sociales de la Révolution. Et d'ajouter qu'il faudra "restructurer" l'économie tunisienne, changer le modèle économique adopté depuis des années et engager « la réforme immédiate de l'enseignement qui a participé à la création de chômeurs diplômés». L'Etat est appelé, aujourd'hui, à assumer les responsabilités «qu'il a abandonnées», notamment, en matière de développement de l'infrastructure dans les régions de l'intérieur et « la création de l'Etat de droit», a-t-il indiqué. Il a réitéré son appel pour la formation « d'un Gouvernement d'intérêt national », regroupant les partis qui ont acquis leur légitimité à travers les urnes et les parties sociales (Organisation patronale, UGTT), en vue de faire face aux défis. Les hommes d'affaires ont, pour leur part, accusé des parties syndicales « d'incitation à la grève » dans plusieurs entreprises économiques. Ils ont appelé à appliquer la loi à l'encontre des grévistes et des sit-inneurs qui ont paralysé l'activité des entreprises. Un homme d'affaires a affirmé que certains fondateurs de «nouvelles associations syndicales », doivent rendre des comptes pour leur implication dans des affaires de corruption sous Ben Ali, restituer les biens qu'ils ont pillés et doivent reconnaître leurs dépassements. Un autre intervenant a affirmé que le « système de Corruption est toujours en activité dans les ports tunisiens », ajoutant que « les caciques du régime » déchu sont encore en action dans plusieurs entreprises et administrations tunisiennes. Ennahdha: pour un partenariat gagnant/gagnant avec les investisseurs M. Hammadi Jebali, secrétaire général du parti du mouvement «Ennahdha», a déclaré que son parti oeuvrera à encourager les investisseurs tunisiens et étrangers dans le cadre d'un partenariat gagnant/gagnant. S'exprimant lors d'une rencontre tenue, mercredi, au siège de la maison de l'entreprise entre une délégation du parti et l'Association des Intermédiaires en Bourse (AIB), il a afirmé la nécessité «d'adopter une politique participative, incluant le tissu associatif et seule garante d'une croissance économique, moteur de la démocratie, notamment en cette période transitoire délicate ». M. Jebali qui était accompagné de plusieurs dirigeants du mouvement, dont M. Ridha Saidi, chargé du programme économique, Ridha Chkondali et Saleh Essayel, chargés de l'étude et la planification, a précisé que «la mosaïque de partis qui existe actuellement sur la scène politique, ne peut en aucun cas constituer une entrave à la mise en place d'un schéma de développement politique et économique consensuel». M. Ridha Saidi, a, pour sa part, mis l'accent sur le rôle de premier plan qu'aura à jouer le marché financier, notamment en matière de financement des entreprises et de croissance économique. Il appelé tous les intervenants sur le marché financier à conjuguer leurs efforts en vue de garantir une croissance économique pérenne qui constituera «un modèle ». M. Saidi s'est voulu rassurant à l'égard des professionnels du secteur financier qui seront, a-t-il indiqué, «impliqués dans les décisions qui devront être prises au profit du secteur ». Il a en outre rappelé que des dispositions urgentes seront décidées en vue de résoudre les problèmes qui entravent le développement de l'investissement en Tunisie, évoquant notamment la lutte contre la corruption et la mise en place des fondements d'une bonne gouvernance, outre la diversification du produit financier tunisien. Et d'ajouter, à ce propos, que la finance islamique constitue un pan de la politique visant à diversifier le produit financier.