L'Union Tunisienne de l'Agriculture et de Pêche ( UTAP ), en organisant depuis hier et sur trois jours, une rencontre entre organisations d'agriculteurs de pays maghrébins essaie de rapprocher les positions et de baliser la voie pour une réelle action maghrébine commune. A l'ouverture des travaux, M. Mabrouk El Bahri, président de l'Union maghrébine des agriculteurs et de l'UTAP, devait rappeler que l'option pour le Maghreb « est un choix stratégique et constant en Tunisie ». Les agriculteurs des pays maghrébins, à travers leurs organisations professionnelles, sont déterminés à défendre leurs intérêts communs, à faire face aux défis et à participer à l'intégration maghrébine. Le caractère stratégique de l'agriculture dans les différents pays maghrébins impose aux agriculteurs de raccorder leurs violons pour en faire des acteurs valables dans les négociations avec les autres blocs. M. Mohamed Habib Hadded, ministre de l'Agriculture et des Ressources hydrauliques a rappelé que le Comité interministériel maghrébin chargé de la sécurité alimentaire s'est réuni de façon régulière. Il a permis de coordonner les efforts dans plusieurs domaines importants en relation avec le développement de l'agriculture et la consolidation de la sécurité alimentaire. Grâce à ce comité, il a été possible de faire face à plusieurs crises comme celles des criquets et la grippe aviaire. Mais, il faudrait que les périodes fastes nous unissent plus que celles des crises. Nombreux programmes d'action commune ont été élaborés dans le domaine de la santé animale, la prévention protégeant les plantes, la lutte contre la désertification, la rationalisation de l'exploitation des ressources hydrauliques, la vulgarisation et la formation...
Base pour la coopération intermaghrébine La création de relations de coopération et de partenariat entre les structures agricoles des différents pays maghrébins devrait toucher la valorisation, la transformation et l'écoulement des produits agricoles, de quoi renforcer la compétitivité du produit agricole maghrébin. Lors des négociations en cours pour la libéralisation des échanges des produits agricoles dans le cadre de l'Union européenne et de l'Organisation mondiale du commerce, il est nécessaire de coordonner les positions des pays maghrébins. Le ministre recommande d'échanger les expériences nationales et de créer un réseau de données dans la production et la formation. Les investissements mixtes entre opérateurs privés des différents pays maghrébins sont à encourager. M. Habib Ben Yahia Secrétaire Général de l'UMA, rappelle que l'UMA depuis sa création en 1989 a placé la sécurité alimentaire globale comme un de ses objectifs en optant pour une politique agricole commune permettant d'augmenter la production, d'améliorer la productivité, de créer un espace agricole intégré caractérisé par la liberté d'écoulement des produits agricoles dans le cadre d'une intégration globale progressive entre les pays maghrébins.
Vers un marché agricole commun Les orientations arrêtées, rappelle M. Ben Yahia, visent la création, à long terme, d'un marché agricole commun garantissant la liberté d'échange des produits agricoles. La création d'un plan maghrébin de valorisation des produits agricoles de base est une option prise. Il en est de même pour la lutte contre la désertification, la protection de l'environnement. Un autre objectif est arrêté, la consolidation de la coopération pour la réalisation de la sécurité alimentaire. Plusieurs commissions et groupes de travail ont été créés pour la réalisation de ces objectifs. L'association des structures professionnelles est une option arrêtée depuis 1994. Il faut faire du Maghreb un pôle économique rayonnant. Un consensus s'est dégagé : plutôt se concentrer sur quelques créneaux et les réussir que de s'éparpiller sur plusieurs domaines pour multiplier aléatoirement les accords sans en concrétiser un seul. Hassine BOUAZRA
Sons de cloche
Mustapha Mnaouer Sinnaceur ( Représentant du FAO ) : « Hommage à la coopération avec l'UMA » « Les questions de sécurité alimentaire et d'égalité des chances pour bénéficier des avantages économiques et sociaux continuent d' être prioritaires. La communauté internationale s'est engagée dans la réalisation des objectifs du millénaire. Le FAO est engagé dans la question de la sécurité alimentaire et le développement durable. La déclaration de Rome en 1996 a tracé la voie pour la réalisation de la sécurité alimentaire. Le FAO ne cesse d'appeler à la création de capacités d'analyse et à l'échange d'expertises entre les pays membres pour la réalisation de la sécurité alimentaire. Je dois rendre hommage à la coopération entre le FAO et l'UMA en matière de sécurité alimentaire. »
Mansour Hassine Tbiga ( secrétaire général de l'Union des agriculteurs arbes) « L'alimentation est une des plus dangereuses armes » « Tout apport positif généré par l'Union maghrébine des agriculteurs sert de point d'appui pour le développement de l'agriculture qui est la base de tout développement économique dans un monde basé sur le développement de l'agriculture. Celle-ci permet à nos sociétés de se libérer de la dépendance et de faire face aux injustices des monopôles et de la spéculation. Il faut faire des études pour permettre d'assurer l'autosuffisance alimentaire pour les pays de l'UMA, à une époque où l'alimentation est devenue une des plus dangereuses armes. »