Rompant avec les célébrations classiques, c'est le pinceau à la main que les artistes peintres du Cap Bon ont rendu hommage aux martyrs de la nation. Organisé par le commissariat régional de la culture de Nabeul au centre culturel Néapolis, le salon des arts plastiques a été l'occasion de rencontres entre les acteurs de la société civile locale qui ont clairement exprimé leur résolution à mettre leur talent, leur expérience et leur intelligence au service de l'art pictural. Ils sont 33 jeunes artistes et chevronnés à prendre part à cette manifestation qui se poursuivra jusqu'au 15 décembre. Les couleurs parlent longuement et éveillent en eux différents sentiments et émotions en cette période de transition démocratique. Sans tapage ni publicité mais riche en symboles, cette manifestation a permis aux visiteurs, d'apprécier le travail des artistes couchant sur les toiles leur ressentiment des événements qu'ils ont vécus. Ces plasticiens ont transmis à travers leurs dessins plusieurs messages de soutien à cet événement historique. « Il y a des sentiments et des pensées en nous qui ne peuvent s'expliquer par le mot à moins qu'on ait le don d'élocution et d'être poète. Par les couleurs, on peut laisser étaler ses émotions, feelings, chagrin, joie et espoir », nous a déclaré Marouène Trabelsi. Ces jeunes peintres ont présenté un autre art, des œuvres diverses, de techniques multiples, mêlant dessins, peintures et céramique. Dans un style plus féerique, imaginaire, sujets fantasques, le tout étant très coloré, les toiles de Ali Batrouni, Chiraz Ben Hamouda,Mouna Jemaa et Hédi Fennia ne vous laisseront pas indifférents... D'autres vont à la rencontre de la nature. Une nature authentique dont ils traquent sans relâche, les ambiances exceptionnelles nées de la magie des lumières, des couleurs, des profondeurs et des perspectives. Les passionnés de l'art plastique ont eu tout le plaisir de découvrir, dans une seule exposition, des univers plastiques très distincts des peintres, Meriem Hedoussa, Maroua Khachoukh, Nabil Zaouali, Sarra Koulak, Dalenda Ben Zaied, Hajer Ridane aux approches picturales et courants artistiques différents. L'argile et le pinceau étaient également au rendez-vous avec ces pots et ces vases du céramiste Boujemaa Trabelsi qui a essayé de superposer des formes en leur créant des espaces spécifiques. La matière est ici consistance, chaleur, tendance, caresse et rythme. Ses objets mobilisent plus que le regard. Les photographies de Tahar Ajroudi retracent la vie de l'artiste. Des années de rencontres, d'expériences, de souvenirs, d'envies et de fantasmes, de questionnements ou de peurs. Un peu à la manière d'un journal intime mis en images, se concentrant sur certains passages déterminants de sa vie ou de ses relations avec ses proches, son art et son environnement culturel. Bref, ce qu'il y a de plus extraordinaire dans ce voyage pictural, c'est la découverte de l'Autre. Cet autre qui nous ouvre la porte de son univers dont les perspectives diffèrent totalement des nôtres.