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Redécouvertes - Tabarka
Publié dans Le Temps le 08 - 07 - 2007

Au moment où de nombreux curieux se pressent vers Tabarca pour apprécier les différents aspects des festivals organisés dans cette cité balnéaire durant l'été n'est-il pas nécessaire - utile - de rappeler que le « tourisme culturel » offre bien d'autres facettes ? Tabarca et sa région présentent de très nombreuses opportunités.
La mer d'abord. Certes, le tourisme balnéaire est en plein essor, les clubs de plongée ont de nombreux clients et les restaurants sont de plus en plus connus, renommés pour leurs poissons, leurs langoustes et - le fin du fin ! - leurs « cigales de mer ». Mais il est navrant que Tabarca ne se soit pas encore dotée, non pas d'un musée : le terme sent le « renfermé », mais d'une ... « maison » ou d'un « lieu » de corail. Il nous semble que le fort génois serait un écrin parfait pour « l'or de la Méditerranée ». Comment ne pas s'étonner aussi que les objets en corail exposés dans les vitrines soient aussi peu « artistique » ? Nous n'arrivons pas à croire que la Tunisie ne puisse former des « artistes » tout aussi capables de façonner le corail - pêché en Tunisie mais vendu « brut » en Italie ! - que les artisans siciliens. Tout le mode sait que la vente d'une « matière première » est un non-sens économique.
La mer et le port de Tabarca pourraient, à notre avis, non seulement offrir un mouillage hivernal à des yachts de plaisance mais surtout essayer de devenir une étape et / ou l'aboutissement de courses - croisières. Le trajet Cagliari - La Galite - Tabarca ne mesure que 250 kilomètres environ. La route Palerme - Bizerte - Tabarca ferait 350 kilomètres. Les plaisanciers de la « Route du Jasmin » qui viennent de France ou les dames de « la croisière d'Elyssa », qui traversent la Méditerranée orientale, en parcourent bien davantage.
On ne peut que regretter que l'écotourisme ne soit pas davantage pratiqué. Les forêts de Kroumirie et les nombreuses espèces d'orchidées sauvages aussi ! Les cerfs de Berberie en sont désolés. Nous pensons en outre que sans porter atteinte au patrimoine cynégétique, les autorités pourraient organiser des concours, « no-kill », de chasse à la bécasse au chien d'arrêt. Les éleveurs, les responsables des clubs canins et les amateurs de bons chiens de chasse européens seraient très heureux de venir, à la fin de l'automne, faire chercher du gibier vraiment sauvage à leurs chiens. Ils apprendraient à connaître en même temps Tabarka et la Khroumirie. Nul doute qu'ils ne l'apprécient grandement et qu'ils n'aient envie d'y revenir à une autre saison.
Certes, le tabagisme est de plus en plus critiqué. C'est sans doute pour cette raison qu'on ne trouve pratiquement plus de belles pipes en racine de bruyère à Tabarca. Mais, cet arbuste poussant encore à profusion dans les forêts de Khroumirie, ne pourrait-on pas penser à former de bons sculpteurs sur bois, capables de « tailler » dans ces racines de très beaux objets. Le bois des racines de bruyère est exceptionnel : il n'a pas de « fil ». Il peut donc être « travaillé » dans tous les sens et poli jusqu'à offrir un toucher tellement doux qu'on le qualifie de « savonneux ».
Et pendant que nous parlons bois, comment ne pas être stupéfait en constatant que l'industrie du bois et du meuble est inexistante dans la région la plus boisée de Tunisie. Les troncs demandent de longues années de séchage ? Faux : l'étuvage est une technique bien au point ! La preuve : le « hêtre ETUVE » est très utilisé en Tunisie. Les planches tirées des arbres tunisiens sont très courtes ? Qu'à cela ne tiennent : demandons aux forestiers de mener les forêts locales en « futaies » !
L'institut agro-sylvo-pastoral de Tabarca a étudié scientifiquement le bois des chênes locaux et nous affirmons qu'il permet de fabriquer de beaux et bons meubles : nous en avons chez nous - ainsi que d'autres en bois d'olivier réputé, impossible à travailler ! - depuis plus d'un demi siècle !
« Vous vous perdez dans des considérations économiques, direz-vous ».
- Apparemment, oui mais, comme nous considérons le tourisme comme une véritable activité économique qui procure un revenu supplémentaire et non unique, nous avons été surpris de constater, en interrogeant dernièrement de nombreux visiteurs, combien l'histoire de millénaire Tabarca leur restait étrangère ».
Certes, on ne peut pas ignorer l'existence du « fort génois » et des autres fortifications, « turques », nous a-t-on dit. Il y a aussi des « citernes romaines » et de « pauvres vestiges bien négligés au centre de la ville » ! Et après ? ... Il y a la lutte pour l'Indépendance, le bannissement du Président Bourguiba à La Galite et ... La Tunisie actuelle !
Voilà tout ce que les gens savent de l'histoire régionale et nationale !
A combien de touristes, qui logent dans l'hôtel Morjane, a-t-on dit que là, dès la sortie, le Docteur A. Sahli avait découvert un site ibéromaurusien qui prouve que les environs de Tabarca sont peuplés depuis l'époque paléolithique.
Combien de baigneurs qui les fréquentent ont-ils vu au moins une des « stations » des plages bordant l'Oued Zouara ? Cette dizaine de « gites préhistoriques » appartiennent aussi bien aux civilisations « atérienne » et « Ibéromaurusienne », paléolithiques typiques d'Afrique du Nord qu'au néolithique. Quand une vitrine, en ville, présentera-t-elle une - petite - collection d'outils préhistoriques ?
A combien de visiteurs a-t-on raconté que l'antique Thabraca a d'abord été un mouillage, sur cette côte nord dépourvue d'abri, pour les marins carthaginois ? Les sources attestent l'existence continue de la cité depuis le IIIème siècle avant J.C. Son nom sans doute libyque prouve qu'elle faisait certainement partie du royaume numide du roi Massinissa. Sa situation au bord de la mer, au point d'aboutissement de routes commerciales - au moins celle du marbre en provenance de Chemtou ! - en a fait une cité prospère qui, n'a cessé de renaître après chaque période « sombre ».
Principale cité régionale, cosmopolite, Thabraca se dote d'un vrai port et se romanise bien que les populations de l'arrière-pays boisé et montagneux, farouchement indépendantes, n'aient été « touchées » par la civilisation romaine qu'à l'époque de Constantin, au IVème siècle. Prospère, la cité attire les banquiers, les armateurs et les négociants qui y font construire de superbes demeures. Elle est christianisée dès le IIIème siècle. Les peintres, les sculpteurs et surtout les mosaïstes décorent les églises, les monuments publics et les demeures privées.
La conquête vandale comme l'occupation byzantine qui la suit ne semblent pas troubler la tranquillité relative de la ville.
Les légendes locales prétendent que le reine berbère : La Kahéna défendit âprement la région en y pratiquant la technique de la « terre brûlée ». Mais acculée à la mer par l'armée de Hassen Ibn Noôman, elle se serait jetée dans un puits proche du marabout de Sidi Amor sur la rive de l'Oued El Kebir. Elle aurait été inhuméé à « Kbour El Aouda » : le tombeau du retour qui reste à découvrir près du village de Melloula.
Après un déclin probable résultant d'une conquête musulmane difficile, Tabarca connaît un regain de prospérité grâce à ses relations avec l'Andalousie. Mais, au IXème siècle, les émirs aghlabides la trouvent trop isolée par son arrière-pays montagneux et la délaissent.
La ville retrouve un certain dynamisme sous le règne des Fatimides mais les invasions hilaliennes la ruinent encore une fois.
En 1540, des Pisans s'emparent de Tabarca et exploitent les bancs de corail. Aux XVème et XVIème siècles, la ville se repeuple et le commerce redevient florissant.
Il semble bien que le corsaire Khayreddine ait cédé, à Charles Quint en 1541, l'île de Tabarca, en échange de la liberté du Raïs Darghouth capturé par les Génois.
Les riches familles Lomellini et Grimaldi reçoivent le droit de pêcher le corail contre l'obligation d'entretenir la citadelle de l'île que la plupart des Etats Européens, la France particulièrement, leur disputent âprement en intriguant aussi bien auprès de Constantinople que de Tunis et d'Alger.
Au XVIIème siècle, les Français installés tout le long de la côte nord de la Tunisie ont une position dominante alors que celle des Génois s'affaiblit et que Tabarca périclite.
Durant l'été 1741, le Bey Ali Pacha prend le comptoir français de Cap Negro et l'île de Tabarca. La ville est détruite mais la citadelle est conservée. Les tunisiens construisent un fort sur la terre ferme et relient l'île au continent par une digue.
Ce n'est qu'en 1781, quand la France obtient le privilège exclusif de pêcher le corail depuis Tripoli jusqu'à Tabarka, que la ville renaît.
Le pillage du navire français « L'Auvergne » par les Khroumirs le 28 janvier 1878 puis l'aide apportée par ces derniers à leurs voisins algériens révoltés en 1879 servent de prétextes à une intervention française à partir de l'Algérie conquise en 1830. En avril 1881, malgré la résistance des tribus Ouled Ben Saïd, Ouled Amor et Houamidiya, les troupes françaises bien armées et dotées d'artillerie commencent la conquête de la Tunisie par la prise de Tabarca.
Durant tout le protectorat, Tabarca n'est qu'une petite station balnéaire fréquentée par les Européens. La résurrection de la ville et de sa région interviendra ces dernières années, avec le lancement d'un vaste programme de développement axé principalement sur le tourisme tant il est évident que la région dispose d'atouts dans ce domaine. Le superbe golf est connu et nous avons entendu parler de culture de mûrier et de travail de la soie naturelle.
Il serait souhaitable que les premiers, et réels, succès ne fassent pas négliger les autres potentialités de la région. La mer, avec la « pêche au gros » (poisson), la croisière et l'île de la Galite, devrait être d'avantage « exploitée ». L'arrière pays somptueux : « La Tunisie verte », pourrait fournir matière à développement aussi bien à l'écotourisme, avons-nous dit, qu'aux randonnées pédestres, équestres, à V.T.T ou véhicules tout terrain. Qui a recherché « La route du marbre » ? Le Parc National d'El Feija est-il vraiment bien présenté aux visiteurs ? L'histoire de Tabarca et de la région mérite qu'on s'y intéresse et pas seulement aux « grands » sites tels que Chemtou et Bulla regia. Certes, on ne peut pas tout faire en même temps. Nous souhaitons bonne chance à la Khroumirie que nous avons connue ... dès le printemps 1940 !


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