Le Temps-Agences - Des déserteurs de l'armée ont tué hier sept membres des forces de sécurité en représailles à la mort de 11 civils dans le Nord-ouest de la Syrie, en proie depuis bientôt neuf mois à des violences ayant fait plus de 5.000 morts, selon une nouvelle estimation de l'ONU. Les autorités syriennes ont par ailleurs annoncé que «deux membres d'un groupe terroriste» en provenance de la frontière avec la Turquie avaient été tués par des gardes-frontières syriens dans le village d'Aïn Baida. Mais la Turquie a nié autoriser des attaques depuis son sol. Hier, au total, 19 civils ont été tués par les forces du régime du président Bachar Al-Assad en Syrie, secouée depuis le 15 mars par un mouvement de contestation sans précédent. A l'Aube, dans la province d'Idleb, près de la frontière turque, onze civils ont été tués et des dizaines d'autres blessés par des tirs des forces de sécurité et des chabbiha (milices loyalistes) à Maarret Masrin et Kfar Yahmoul, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Dans la même province, six autres civils ont péri sous les balles des forces de sécurité qui ont tiré depuis un barrage et sur des participants à des funérailles. Peu après, en «réponse à la mort des onze civils», des déserteurs ont lancé une attaque contre un convoi des forces de sécurité sur la route Idleb/Bab al Hawa, tuant sept d'entre eux, a indiqué l'OSDH. Toujours dans cette province, «13 soldats de l'armée régulière syrienne sont entrés en dissidence dans la localité de Hiche et ont incendié un véhicule de transports de troupes», selon cette organisation basée en Grande-Bretagne. Deux civils, dont un homme de 60 ans, sont morts par ailleurs dans la ville de Homs (Centre), tandis qu'à Deraa (Sud), les forces de sécurité ont pris d'assaut la localité de Nahté en la pilonnant par des obus de chars et de mitrailleusesLourdes, selon l'OSDH. Depuis la mi-mars, «le nombre de morts excède 5.000» en Syrie, a affirmé lundi la haut commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU Navi Pillay, qui a dénoncé l'inaction de la communauté internationale devant le Conseil de sécurité des Nations unies. L'ONU a des informations selon lesquelles plus de 200 personnes ont été tuées depuis le 2 décembre par les forces du président Assad, a précisé Mme Pillay. Citant des sources dignes de foi, elle a indiqué que plus de 300 mineurs avaient été tués par les forces syriennes, dont 56 pour le seul mois de novembre. Les écoles ont été utilisées comme centres de détention. La Haut commissaire s'exprimait en réponse à une demande de la France, de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne devant le Conseil de sécurité qui n'arrive pas à se mettre d'accord sur une résolution qui condamnerait la répression. Un double veto russo-chinois avait torpillé le 4 octobre un projet de résolution en ce sens. Dans le même temps, l'agence officielle syrienne Sana a affirmé que deux «membres d'un groupe terroriste composé de 15 hommes armés» en provenance de la frontière avec la Turquie avaient été tués par des gardes-frontières syriens. Les autorités syriennes avaient déjà fait état le 6 décembre d'une tentative similaire d'infiltration d'hommes armés en territoire syrien depuis la Turquie. Un diplomate turc, s'exprimant sous couvert de l'anonymat, a réaffirmé hier que «la Turquie n'autorise jamais aucune attaque contre d'autres pays ou des voisins à partir de son sol». La Turquie accueille environ 7.500 Syriens qui ont fui la répression, de même que des déserteurs de l'armée syrienne, dont le colonel Riad Al-Assaad, le chef de l'Armée libre syrienne, qui mène depuis plusieurs semaines des attaques contre les forces régulières et les milices pro-régime. Sur le plan économique, le Parlement iranien a voté un accord de libre-échange avec la Syrie, une réponse aux Etats-Unis et leurs alliés qui tentent de faire tomber le régime Assad. Cet accord prévoit de créer, d'ici cinq ans, une zone libre commerciale entre les deux pays qui sont chacun soumis à des sanctions internationales, selon la télévision d'Etat iranienne.