Détérioration des prestations sanitaires et conditions de travail difficiles La Fédération générale de la Santé relevant de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) a confirmé son appel à l'observation d'un arrêt de travail partiel de deux heures dans tous les hôpitaux publics du pays, ce vendredi 23 décembre de 7 heures à 9 heures. Cette décision avait été prise par la Commission administrative de la Fédération depuis le 13 décembre. A la veille de ce débrayage, le siège de l'UGTT à Tunis a abrité, hier, un point de presse au cours duquel Kacem Afia, secrétaire général de la Fédération générale de la Santé, a expliqué les motifs ayant déterminé l'organisation de ce mouvement de protestation sous le titre : "Nous leur avons accordé le délai nécessaire, mais nous ne renonçons pas à nos spécificités'', c'est-à-dire les spécificités inhérentes au travail des agents de la santé. Selon les déclarations de Afia et ses collègues dans la Commission administrative de la Fédération générale de la Santé, cette grève partielle vise à attirer l'attention des responsables du nouveau gouvernement sur la détérioration que connaissent les prestations sanitaires dans les différentes établissements sanitaires et hospitaliers relevant de la santé publique, en raison des mauvaises conditions de travail qui marquent ces établissements à tous les niveaux. Le but de ce mouvement est d'éclairer les nouveaux responsables gouvernementaux en ce qui concerne la nécessité d'agir au plus pressé en vue d'améliorer les conditions du travail dans les hôpitaux publics. Mais, cette action de promotion du secteur de la santé publique exige, en premier lieu, l'amélioration de la situation professionnelle et matérielle des agents de la santé , a dit Mr Afia, car la promotion de la situation des agents de la santé publique fait partie intégrante de la promotion du système de la santé publique en général. D'ailleurs, cette grève partielle des agents de la santé publique intervient après la grève d'une journée observée par les médecins de la santé publique, jeudi dernier 15 décembre. Mr Kacem Afia a signalé le caractère symbolique de la grève des agents de la santé publique, au point de vue de sa durée et de sa date. Le mouvement est organisé, durant deux heures seulement, tôt le matin, alors que la Tunisie s'achemine vers la stabilité et la légitimité. Les médecins et les agents de la santé publique avaient tenu à suspendre toute action de revendication et de protestation depuis le déclenchement de la Révolution, en attendant que la situation du pays se stabilise. Il a ajouté que les agents de la santé publique n'assument pas la responsabilité relative à la détérioration de la qualité des prestations sanitaires dans les hôpitaux publics, mais la cause principale en a été la politique appliquée dans ce domaine depuis 1986, dans le cadre du Programme d'ajustement structurel qui a transformé les prestations sanitaires en marchandise et en produit économique alors que les prestations et les soins sanitaires sont un droit social et un service public. Les agents de la santé publique réclament la révision de cette politique et la réhabilitation des prestations sanitaires dans les hôpitaux publics, en tant que droit social et service public. Le syndicat général des agents de la santé publique réclame, également, l'amélioration de la situation professionnelle et matérielle des agents de la santé publique dont le nombre avoisine 55 mille agents répartis entre plusieurs catégories. L'une des principales revendications est la reconnaissance de la spécificité du travail des agents de la santé publique, à travers la révision de tous les textes de lois régissant la profession, dans ce sens, à l'instar de l'institution de l'indemnité des soins sanitaires, un nouveau régime de rétribution du travail de nuit, une indemnité des services lourds, la reconnaissance du caractère pénible de la profession, et le départ à la retraite à 55 ans, parallèlement à l'amélioration du régime d'avancement et la prise en charge par l'administration des frais de cotisation des agents à la CNA0M (assurance maladie). Les agents de la santé publique sont couverts, jusqu'à présent, par le statut général de la fonction publique, alors que leur travail possède ses spécificités et ses exigences propres, selon leur syndicat. Mr Kacem Afia a indiqué que certains ouvriers de la santé publique sont titulaires de la licence et d'autres diplômes supérieurs, alors qu'ils reçoivent un salaire inférieur au SMIG. Aussi, le syndicat réclame l'ouverture des horizons professionnels et scientifiques devant les agents de la santé publique. Le secrétaire général de la Fédération de la Santé a affirmé la disposition du syndicat à engager des négociations sérieuses et responsables à propos de toutes ces revendications et ces demandes.