Le Temps : Quelle place pour l'entreprise dans le nouveau modèle de développement? Ahmed Bouzguenda : l'ancien modèle de développement est un modèle qui a totalement montré son échec. Il faudrait ainsi rompre avec ce modèle. Raison pour laquelle, le nouveau modèle, entre autres plan de développement économique doit, in fine, aboutir à une meilleure prospérité. C'est dire, ce modèle devrait aboutir à la création d'emploi, aux investissements massifs et une meilleure répartition des richesses. Partant de ce principe là, on devrait développer nos réflexions pour énumérer les solutions susceptibles pour réaliser les objectifs précités. Nous n'avons pas de solutions magiques, mais, nous pouvons quand même proposer, avec l'aide des spécialistes, des pistes de réflexions. En tant que chef d'entreprise, je pense aussi, que le nouveau modèle de développement doit être un modèle « inclusif » qui fait participer toutes les catégories sociales de développement pour les faire bénéficier des fruits de ce développement. Les chefs d'entreprises, selon un sondage fait par l'Institut Arabe des Chefs d'Entreprises, ont manifesté leur intérêt pour participer à ce modèle dit « inclusif ». Auparavant, on affirmait que l'entreprise tunisienne était très gâtée. Qu'en pensez-vous ? Le rôle du secteur privé est primordial dans la réussite de tout modèle de développement économique. L'Etat, ne peut pas tout faire seul. L'Etat, devrait en fait, s'occuper de développer l'infrastructure, d'améliorer le climat d'affaires et surtout s'engager pour la réforme de l'appareil judiciaire, de l'appareil financier et surtout pour une lutte ferme contre la corruption. Le secteur privé est le premier employeur et c'est lui qui crée de l'emploi et génère des richesses. C'est un rôle indéniable surtout dans ce nouveau contexte. Ce nouveau contexte est-il favorable à l'entreprise tunisienne ? Comme je vous l'ai déjà expliqué, il faut que le modèle de développement soit « inclusif » vis-à-vis de tous les intervenants, de son environnement et non seulement des salariés. Compte tenu de ce contexte économique, l'Etat est appelé ainsi à accomplir sa mission en tant que responsable de régulation. Les chantiers sont énormes et il faut ainsi fixer des priorités, telles que l'emploi, les investissements…Tout le monde s'accorde sur les principes, mais il faut aussi savoir que les approches de les appréhender diffèrent. Chaque gouvernement a sa vision et ses programmes. Il faut donc, impliquer le secteur privé d'une manière plus efficiente. Pour cela, je dirais bien que le nouveau modèle de développement devrait renforcer l'intégration régionale de notre pays pour augmenter les chances de réussite et contourner les retombées de la conjoncture actuelle.