32461,6 millions de dinars. C'est l'encours global de la dette extérieure brute de la Tunisie (y compris les crédits commerciaux) au cours des neufs premiers mois de l'année dernière. Les chiffres annuels relatifs à l'endettement ne sont pas encore fin prêts. Selon les statistiques de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), la dette extérieure du pays a grimpé de 3,5% par rapport au deuxième trimestre de 2011 et de 4,5% par rapport aux neuf premiers mois de l'année 2010. En pourcentage du Produit Intérieur Brut (PIB), le montant de la dette extérieur du pays, représente en moyenne 49,5% pour uniquement neufs mois, soit presque la moitié des richesses du pays. Deux années auparavant (tout au long de l'année 2010) ce ratio avoisine en moyenne 48,6%. Cet accroissement de la dette extérieure s'explique par les prêts que le pays vient de contracter auprès de ses créanciers classiques, la Banque mondiale et la Banque Africaine de Développement en l'occurrence. Des prêts qui s'élèvent à quelque 500 millions de dollars américains. Ces prêts ne sont pas suffisants pour que le pays honore ses engagements intérieurs tels que la création d'emplois et le développement des régions marginalisées. D'ailleurs, Houcine Dimassi, ministre de Finances en a fait le constat lors de son dernier entretien avec Gordon Gray, ambassadeur des Etats-Unis d'Amérique, à Tunis. Pour notre ministre, les Etats donateurs du G8 doivent honorer leurs engagements annoncés lors du sommet de Deauville tenu en Mai 2011. Pour notre ministre, la situation actuelle du pays se caractérise par la régression des recettes fiscales et la baisse des transferts des entreprises publiques suite aux grèves et sit-in observés dans la majorité de ces entreprises. A cela s'ajoute le paiement d'une grande partie de la dette publique (environ 600 millions de dinars) contractée en 2005. Le recours à l'endettement extérieur semble incontournable. Allons-nous recourir au marché financier international ? Pour l'année dernière, le pays était épargné de telle situation. Mais, compte tenu de la conjoncture actuelle, et avec la dégradation de la notation souveraine de la Tunisie, tous les scénarios sont probables. Un risque mesuré ? D'une façon générale, quand on traite la question de la dette plusieurs questions reviennent constamment. Elles concernaient par exemple, la nature de nos créanciers internationaux, la notation du rating international et le niveau du taux d'endettement. Ainsi, selon Sami Mouley, professeur universitaire en Finances Internationales et ancien Directeur Général du Centre de recherches et d'études financière et monétaire, estime que « le niveau moyen de la dette extérieure globale (50,9%) durant la période récente 2005-2010 demeure relativement élevé comparativement aux pays de la tranche inférieure de l'OCDE et les autres économies émergentes dont la notation du crédit souverain est similaire à celle de la Tunisie. En dehors du Liban avec 190,8%, le ratio moyen de la dette extérieure globale durant la même période pour la région MENA est en effet de l'ordre de 18,9%. Celui du Maroc, par exemple, est de l'ordre de 21,2% ». Cet expert international ajoute qu' « au niveau de la répartition de la dette extérieure à moyen et long termes par devise, l'Euro représente près de 63%, le Yen japonais 16%, le Dollar américain 13% et le reliquat dans diverses devises ». Par bailleurs de fonds, une part non négligeable (33,7%) de la dette extérieure à moyen et long terme de la Tunisie est contractée au titre de la coopération multilatérale (dont 20% est concessionnel), 29% au titre de la coopération bilatérale, contre seulement 27,8% au titre des émissions obligataires sur les marchés financiers internationaux et 9,5 au titre de créances bancaires privées, d'où des risques de refinancement faibles. Zied DABBAR
Dégradation des ratings souverains Dans une étude présentée lors de la dernière édition des « Journées de l'Entreprise », Sami Mouley, en qualité d'expert international en Finance Internationale a évoqué la question du rating. Pour lui, les principales agences de notation financière ont procédé à la dégradation ou le placement sous surveillance négative des notes souveraines, alors même que la Tunisie compte s'adresser aux marchés financiers internationaux pour la mobilisation de ressources de financement extérieur du nouveau programme économique et social (2012-2016). A moyen terme, notre interlocuteur pense que l'impact pourrait être plus important si les notations ne se seront pas stabilisées ou si elles seront encore dégradées. Cela pourrait rendre encore plus difficile l'accès au marché financier international et réduirait la capacité de la Tunisie à attirer des investisseurs étrangers, ce qui entraînera une réduction de la croissance et donc de la création d'emplois. Le renchérissement du crédit pouvant rendre encore plus difficile la résolution des problèmes en alimentant le déficit budgétaire et le déficit extérieur. Il est donc indispensable de préserver le statut du grade d'investisseur avec perspective positive et stable pour que la Tunisie puisse obtenir des financements favorables sur les marchés.