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Poids, structure et diagnostics
Dette extérieure tunisienne
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 04 - 2011

Une des questions soulevées récemment dans le cadre du débat public a concerné l'endettement extérieur de la Tunisie. Aussi allons-nous jeter la lumière dans ce qui suit sur cette question cruciale dont peuvent dépendre les perspectives d'évolution de l'économie nationale dans les mois et années à venir.
Apprécier la dette extérieure tunisienne revient à la mesurer par rapport au poids économique du pays, en clair par rapport au revenu national, car des valeurs absolues ne peuvent souvent rien dire en économie. A ce sujet, jusqu'à la fin des années quatre-vingts, le stock ou l'encours de la dette extérieure était rapporté au PIB, mais depuis, il est désormais rapporté au RNDB (revenu national disponible brut et calculé en ajoutant au PIB les revenus des facteurs : les revenus du travail au niveau des recettes auxquels on soustrait les dépenses d'intérêt de la dette et en ajoutant le net de la balance des transferts unilatéraux) ce qui est du reste plus logique car ainsi il s'apparente au revenu national.
Pour que l'endettement extérieur reste viable, la norme internationale est fixée à 50% du revenu national. Pour le cas de la Tunisie, il se situe actuellement en deçà de la barre des 40%, ce qui est déjà un point positif .
Deuxième indicateur significatif : le coefficient du service de la dette rapporté aux recettes d'exportations de biens et services ou rapporté aux recettes courantes d'une manière globale. Cette charge que représente annuellement le remboursement du capital emprunté et le paiement des intérêts qui peut handicaper la marge de manœuvre gouvernementale doit être inférieure à 20% des recettes d'export et ne pas dépasser les 30%. Pour le cas tunisien, le coefficient du service de la dette reste contenu (10,6% à fin 2009 et à 5% du revenu national).
Tout pays soucieux d'assurer ses équilibres extérieurs doit être en mesure de dégager suffisamment de recettes d'exportations pour pouvoir faire face à ses échéances de remboursement de dette en principal et en intérêt, l'endettement extérieur adossé à l'épargne nationale financeront l'effort d'investissement programmé.
En effet, engendrant des engagements futurs, au travers du paiement du principal et des intérêts d'après un échéancier, la dette extérieure commande la mise en place d'une stratégie développementielle efficiente à même de générer des revenus nécessaires et suffisants pour assurer à la fois la croissance et le développement économiques et le remboursement.
Pour ce qui est de la structure de la dette extérieure de la Tunisie, elle se répartit entre financement de l'Etat et financement des entreprises (la répartition au terme de 2009 est de 2/3 - 1/3 respectivement).
Ventilé par source, l'encours de l'endettement reste prédominé par les organismes financiers internationaux: BEI—Banque européenne d'investissement—, premier organisme créancier de la Tunisie, suivie de la BIRD —filiale de la Banque mondiale — et de la BAD—Banque africaine de développement. Par pays, le Japon et la France restent les principaux pays originaires des flux accordés dans le cadre de la coopération bilatérale.
Sur un autre plan, et dans le but d'évaluer le degré de bonne gestion de la dette (au niveau technique) et sans entrer dans le point de chute des ressources d'emprunt-faute de données en la matière —, il est à remarquer que la structure par devises de la dette extérieure tunisienne est proche de la structure par devise des recettes d'exportation de biens et services. En effet, plus de 60% de l'encours de la dette sont libellés en euro, ce qui a l'avantage de limiter d'une manière substantielle l'effet-change lors des échéances de remboursement.
De plus, les taux d'intérêt des prêts extérieurs ont été étudiés : plus de 60% de l'encours de la dette ont un taux d'intérêt compris dans la fourchette entre 0 et 5%, ce qui est de nature de faciliter la réalisation de projets d'investissement ayant une rentabilité suffisante, ceci outre la baisse conséquente de l'encours à taux variable. C'est que si l'endettement extérieur a un effet de levier important, pour peu qu'il soit employé dans des emplois productifs avec une bonne gouvernance économique afin de faciliter le remboursement des prêts extérieurs qu'ils soient publics ou privés.
Au niveau de la qualité des emprunts, il y a lieu de noter la prédominance des emprunts publics au détriment de ceux à caractère privé et qui ont l'avantage d'offrir des conditions meilleures. D'ailleurs, même les ressources extérieures, acquises auprès d'agents privés ou de marchés obligataires internationaux, l'ont été à des conditions avantageuses.
Autre constat : la prédominance des maturités (durée de remboursement des prêts extérieurs) comprises entre 10 et 15 ans qui concernent plus de 40% de l'encours total, la outre le fait que la délégation accordée facilitant le libre accès des banques privées et des entreprises aux marchés internationaux n'a pas généré de dérapages en matière d'endettement.
Enfin, il y a lieu de rappeler le désendettement opéré en 2006, à travers le remboursement par anticipation de la dette publique par l'Etat, exploitant ainsi la cession de 35% du capital de la société Tunisie Télécom. Ce remboursement anticipé de certaines lignes de crédit a porté sur une enveloppe de 432 MD et a permis d'alléger le poids de la dette extérieure du pays.
La charge de la dette extérieure de la Tunisie constitue-t-elle donc un fardeau pouvant inhiber le développement économique et social du pays?
La réponse est non, en dépit des appréhensions soulevées ici là par certains observateurs, force est de constater qu'une certaine bonne gouvernance en matière de contraction desdits fonds en termes de volumes ou de conditions (taux, marché, durée) de prêts a toujours prévalu ce qui dénote d'un degré de rationalité économique qui reste à consolider toutefois.
La Tunisie, une bonne signature financière
La légère dégradation—qualifiée d'abusive par nombre d'observateurs et analystes tunisiens et étrangers—du rating tunisien de la part des agences de notation internationales qui ont du coup oublié leur évaluation du risque souverain de la Tunisie, d'il y a seulement quelques mois en arrière, insistant sur la «capacité de l'économie tunisienne à amortir les chocs», ainsi que sa persévérance dans la poursuite des réformes économiques, qualités pourtant louées à cor et à cri par ces mêmes agences et par les éminents organismes internationaux, FMI en tête, cette dépréciation du risque donc aura pour conséquence directe le renchérissement de facto des prêts sur les marchés financiers internationaux. D'ailleurs, les autorités monétaires ont différé pour le moment la sortie sur les marchés financiers internationaux. Le salut pourrait venir des prêts extérieurs émanant de créanciers publics ou des organismes internationaux.
Faut-il restructurer la dette extérieure tunisienne ? Face au choc révolutionnaire et à la situation économique et financière en découlant, certains experts tunisiens, réunis en association, ont appelé à la restructuration, voire à l'annulation pure et simple de la dette extérieure tunisienne, surtout qu'elle a été contractée par un régime qui a chuté et qui a laissé apparaître une mauvaise gestion manifeste. Cependant, cette orientation ne sera pas retenue, comme l'ont confirmé nombre de décideurs, vu son mauvais impact en termes d'image pour le pays.
D'ailleurs, la crédibilité de la Tunisie dans le remboursement de ses emprunts extérieurs —le mérite de la Tunisie est qu'elle n'a jamais revendiqué un rééchelonnement de dette ou refusé le paiement d'échéance de dette—, quelle que soit la conjoncture, aussi difficile soit-elle, mérite des égards pour soutenir le pays en cette période cruciale surtout que l'efficacité, la conditionnalité et la fongibilité du soutien extérieur s'imposent de fait avec cette meilleure gouvernance politique et économique.
Cette confiance est renforcée d'une part par des politiques budgétaire et monétaire viables ainsi que par la disponibilité et la bonne qualité d'informations fiables relatives à l'endettement extérieur (détaillé) ou aux finances publiques répondant aux normes internationales (transparence, qualité, conformité, disponibilité).
De plus, la finalité des ressources extérieures ne serait plus altérée par des relents de corruption, détournements de fonds et autres mauvaises pratiques ayant sévi durant les années précédentes, et ce, compte tenu de la liberté d'expression ambiante et de la texture du régime politique à instituer où la société civile (associations, ONG, presse) a désormais son mot à dire. Ce qui favorisera les évaluations objectives, les contrôles et le suivi à même de consolider les conditions de succès des réformes économiques er des actions de développement.
Enfin, avec un stock d'endettement extérieur toujours gérable, une solvabilité (dégager les ressources nécessaires pour faire face aux remboursements) et une liquidité (assurer le remboursement aux échéances prévues du capital emprunté et des intérêts dus) largement confirmées, les paramètres d'endettement de la dette extérieure de la Tunisie ne sont pas inquiétants. C'est certes un acquis de taille qui laisse une certaine marge de manœuvre aux décideurs pour subvenir aux contraintes spécifiques de l'étape actuelle que vit la Tunisie, sans hypothéquer les perspectives. D'ailleurs, la Tunisie est toujours classée par les organismes internationaux comme un pays modérément endetté et solvable.
Le financement externe de toute économie repose en fait sur les flux d'endettement public et privé, les investissements directs étrangers, les investissements de portefeuille et les dons. Il y a lieu donc d'essayer, dans les conditions spécifiques actuelles que vit le pays, de faire en sorte de développer les flux de financement multilatéraux autres que ceux de l'endettement extérieur. Ces ressources devant offrir une marge de manœuvre immédiate, «effet de lissage», appelée par les économistes contribuant à stabiliser la conjoncture en permettant de dégager d'autres ressources qui alimenteront les réformes économiques et sociales actuelles et à venir. Cet impact positif sur la croissance économique devrait être consolidé par la stabilisation montante de l'environnement politico-socialo-économique.
Doté d'une capacité institutionnelle à gérer son encours d'endettement, ses paramètres viables de la dette extérieure, outre les fondamentaux de son économie qui restent acceptables, malgré les difficultés conjoncturelles occasionnées par le choc révolutionnaire, la Tunisie reste une bonne signature financière, c'est-à-dire qu'elle dispose d'une bonne appréciation des prêteurs potentiels sur sa capacité à répondre à ses obligations de remboursement de la dette extérieure dans les délais prévus. La Tunisie dont la révolte populaire continue de susciter un élan mondial d'admiration et de sympathie, et qui a constitué l'étincelle à bien d'autres dans le monde arabe, mérite, pour toutes ces raisons, une solidarité conséquente pour contribuer à la réussite de cette première transition démocratique du IIIème millénaire.


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