Alors qu'on s'attendait à une accalmie et à un arrêt des sit-in mal venus, bien au contraire des blocages d'artères principales, des blocages des sites de production et tant d'autres manifestations de la libre expression, on se heurte de nouveau à cette réalité où très peu de choses ont changé. On s'attendait à cela avant et après la tenue des élections du 23 octobre et surtout après la composition du gouvernement résultant des élections indiquées. Sauf que rien n'a changé. Cependant, très peu de lectures ont été faites quant aux autres raisons qui poussent à ces actes qui sont en train de mettre à genoux l'économie nationale. Les raisons apparentes de beaucoup de ces actes sont légitimes, à savoir des demandes légitimes d'emplois, dans les cas échéants, sinon des demandes du développement régional dans beaucoup de zones et de régions longtemps oubliées et même négligées. Mais dans d'autres cas, des questions méritent d'être posées, dont essentiellement qui est derrière ce sit-in ? Et qui suscite ces mouvements et encourage un blocage ou un autre ? Le sit-in de Monastir au Guinness Book ! La poursuite de ces flots de protestation asphyxie une économie tunisienne en chute libre. Et la dénonciation de ces sit-in s'est faite en pas mal d'occasions et par e nombreux partis et d'autres parties. La dernière en date est certainement l'appel du Président de la République Moncef Marzouki à une « trêve », et qui est allé même plus loin en accusant certains sit-ineurs et même de les dépouiller de tout devoir de patriotisme. Or, certains cas de ces sit-in ne sont pas à vrai dire assez innocents, ni encore légitimes. L'un de ces sit-in pourrait facilement figurer dans le Guinness Book pour être l'un des plus longs sit-in de l'histoire. Il s'agit de ce sit-in observé dans l'aéroport de Monastir qui dure actuellement depuis près d'une année, étant donné qu'il a commencé quelque temps après le 14 janvier 2011. Les raisons de ce sit-in étaient claires au début, puisqu'on accusait les anciens clans du régime d'avoir vendu ce bien public à l'opérateur turc et que ce dernier devrait réintégrer les domaines de l'Etat. Or, dans une interview qu'il a accordée à un journal électronique de la place, Haluk Bilgi, président directeur général du constructeur turc de l'aéroport d'Enfidha et de Monastir a directement accusé la société Dufry d'encourager les sit-inneurs à l'aéroport de Monastir. Il précise ainsi que « le problème à Monastir n'est pas social ou financier. Le problème, c'est la présence commerciale des anciens concessionnaires dont les contrats viendront bientôt à terme. Ils ne veulent pas quitter le pays. Il y a une organisation criminelle et mafieuse qui mobilise le syndicat ». Il s'agit selon lui « de la société DuFry, la société qui gère le Free-shop. Nous avons fait appel à des sociologues qui ont travaillé pendant 6 mois afin de déterminer, pour nous, l'origine du problème à Monastir. La conclusion a été que le problème n'est pas d'origine sociale. Les salariés ont toujours été payés par TAV, salaires et primes compris, malgré la Révolution et la baisse du trafic. Le problème est le crime organisé qui règne là-bas. C'est tout. Le gouvernement est au courant et a déjà pris les mesures nécessaires pour y remédier. C'est tout ce que je peux dire ». Nous avons de notre part essayé de contacter Miguel Martinez, directeur général de Dufry Tunisie, pour essayer de savoir sa réaction quant aux déclarations du responsable turc ainsi que son explication de la photo (voir photo), qui le montre parmi les sit-inneurs. Selon Miguel Martinez « la photo est ancienne. Elle doit dater du mois de février 2011, prise lors d'une visite routinière à nos installations de l'aéroport de Monastir. J'ai été invité par les sit-iners à visiter cette tente qui venait d'être ‘ plantée' dans le parking de l'aéroport ». On s'interroge sur les raisons qui ont poussé les sit-inneurs à inviter ce responsable ? Ainsi que le type des relations qu'ils ont pu avoir, ainsi que les fins auxquelles visent tant de courtoisies existant entre les deux parties ? Le bateau chavire et risque vraiment de couler ! Il paraît ainsi que beaucoup de mal intentionnés ne cessent d'exploiter la situation actuelle dans le pays pour manipuler, exploiter, falsifier des vérités et qui n'hésitent pas à mettre les bâtons dans les roues pour sauvegarder leurs intérêts, mettant ainsi l'économie de tout le pays dans le gouffre. Beaucoup d'autres sit-in et blocages de sites de production semblent manigancés par certains partis politiques tendant à mettre le gouvernement de Hamadi Jebali dans de mauvais draps. Un gouvernement qui n'apporte encore rien de nouveau et de palpable, certes, mais qui néanmoins pourrait bénéficier d'un bout de temps pour concrétiser ses plans et ses réformes. Mettre en péril l'économie de la Tunisie, sa réputation à l'étranger ainsi que son image de marque qui n'a cessé d'être écorchée au cours des derniers mois, par des actes similaires ne révélerait que de l'irresponsabilité. On ne peut que s'aligner sur les demandes légitimes et urgentes de nos concitoyens, mais que ces derniers ne se laissent pas manipulés au grès des vents pareils à des marionnettes. Les cas sont multiples et divers même, mais quelles que soient les manipulations, les demandes et les circonstances, il faut aussi savoir qu'on est tous «dans le même bateau, et si ce dernier arrive à couler, on coulera tous avec».