La décision d'expulser l'ambassadeur de Syrie à Tunis, surprend la classe politique tunisienne et constitue une nouvelle source de controverse entre les autorités et l'opposition, promue à s'enfler au fil des jours. On ne s'attendait pas à une décision aussi radicale de la part de la Tunisie, une première dans le Maghreb et un fait rare dans le monde arabe. Mais, les autorités ont leurs explications et leurs raisons qui sont aussi convaincantes que les critiques acerbes de l'opposition. « Le gouvernement émanant de la volonté de la Révolution ne peut demeurer insensible au massacre du peuple syrien. La Tunisie, précurseur des révolutions arabes sera ainsi une des premières nations à soutenir les aspirations des peuples vers la liberté et la dignité », affirmait Rafik Abdessalem, ministre des Affaires étrangères. Tout comme le Premier ministre, Hamadi Jebali, qui appelait, depuis Munich, tous les pays à expulser les ambassadeurs de Syrie pour protester contre la répression sanglante. Oui, mais ceci n'est pas le fond du problème. On est tous en Tunisie derrière le peuple syrien et nous soutenons tous son combat héroïque contre la dictature. La question primordiale est : pourquoi la Tunisie fait de cavalier seul et entreprend-elle ce que d'autres pays plus puissants n'ont osé faire ? Sa décision serait-elle dictée par une tierce partie au risque de compromettre ses propres intérêts ? Dans tous les cas, le ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle, Samir Dilou est affirmatif : « la décision tunisienne a été prise sans l'influence de personne, ni sous pression américaine, ou européenne ou arabe ». N'empêche, le doute demeure et les nuages de la suspicion ne se dissiperont pas de sitôt, car cette décision tranche avec la prudence et la modération habituelles de la diplomatie tunisienne. Comme elle met en danger la vie et les intérêts de nos concitoyens résidant en Syrie, désormais, exposés à la vindicte des sbires du régime syrien. Lotfi OUENNICHE sihem mamadou ahmed