«Le gouvernement actuel manque d'expérience» Le mouvement Ettajdid s'est réuni dimanche avec ses adhérents à Nabeul en vue de présenter ce projet de création d'un parti centriste qui réunit des partis et indépendants qui partagent les mêmes visions et les mêmes principes. L'objectif est de créer un parti politique démocratique et social permettant de parvenir à un équilibre du paysage politique comme nous le précise Abdeljaoued Jounaidi, membre fondateur du Mouvement Ettajdid et membre de son Comité politique. Le Temps : Après l'initiative du PDP vous avez pensé à créer un grand parti unifié rassemblant les forces démocratiques et progressistes du pays. Quel est votre objectif ? A.Jounaidi : Notre objectif est de créer d'un nouveau parti et de fédérer diverses sensibilités pour en faire une force d'enrichissement qui ouvre la voie à une alternance au pouvoir de manière pacifique et démocratique. Ce projet constitue un pas dans le sens du rassemblement des forces démocratiques en vue de limiter la dispersion, qui a constitué une des causes principales de notre échec électoral. Nous sommes en train de discuter du programme commun avec le PTT et les indépendants en vue de mettre au point les modalités de construction d'un grand parti unifié rassemblant les forces démocratiques et progressistes, un parti qui propose au peuple tunisien une alternative politique et sociale, qui réponde effectivement aux exigences de la révolution en termes de justice sociale et permette de rééquilibrer le rapport des forces apparu à l'issue des élections qui ne reflète pas la réalité politique et sociale de notre pays et ne favorise pas l'alternance indispensable au pouvoir, ce qui constitue un danger pour notre démocratie naissante. Nous considérons que la révolution a été faite sur des revendications essentiellement économiques et sociales. Les discussions ont été engagées depuis longtemps avec le PDP , Affek et le parti républicain en vue de constituer d'un parti unifié regroupant toutes les forces progressistes, au sein d'une même formation. Cet appel à l'unité pourra intéresser les militants d‘Ettakatol et du CPR qui partagent avec nous les mêmes préoccupations. Des concertations sont en cours afin de rallier les indépendants au sein de cette initiative politique qui reste ouverte à toutes les forces démocratiques et aux personnalités nationales Pourquoi avez-vous refusé d'adhérer au projet du PDP ? Il y a une différence de démarche. Il ne s'agit pas de fusionner dans l'un des partis mais de créer un nouveau parti avec différentes sensibilités et loin de toute idéologie. Chacun des partis pourra apporter sa contribution à l'édifice. Cette inflation de coalitions ne risque t- elle pas d'affaiblir ce front démocratique ? L'inflation est tout d'abord due à l'inflation des partis. Le paysage politique tunisien connaît certes une mutation et c'est tout à fait normale qu'il ait des regroupements et de recherche d ‘affinité. Y - a-t-il un problème de leadership ? La question de leadership peut être dépassée s'il y a une direction collégiale. Notre conception n'est pas partisane, mais unitaire. Il va avoir un nouveau statut et à mon avis, il faudrait assurer cette continuité tout en pensant dés maintenant à la relève. Il faudrait céder cette tâche aux jeunes qui sont innovateurs et pleins d'imagination Peut-on s'attendre à la constitution d'un fonds commun avec les autres partis centristes ? Il y aura un rapprochement avec d‘autres courants démocratiques avec de directions collégiales c'est tout à f ait possible qui regroupe en plus du PDP, Afek et PR d'autres partis. Nous étions attentifs à l'initiative de Béji Caid Essebssi. Cette diversité ne peut qu'enrichir ce parti. Notre souhait est de parvenir dans un futur proche à une fusion entre les deux initiatives et d'aboutir à la création d'un parti démocratique fort en prévision des prochaines échéances électorales. Finalement comment jugez-vous le rendement de l'actuel gouvernement ? Le gouvernement avait fait des promesses mais n'a pas pu les réaliser par manque d'expérience alors qu'on aurait dû former un gouvernement de consensus national en dehors des partis pour que l'assemblée constituante puisse remplir le rôle pour lequel elle a été élue. Nous avons assisté durant des mois à des querelles pour partager les fauteuils et les portefeuilles. Cela a crée un mouvement de protestation de l'ensemble de la population. On a mis beaucoup du temps à parler de la prise du pouvoir au lieu de résoudre les vrais problèmes socio-économiques du pays. Les tunisiens ont besoin d'une orientation claire et d'une vision réelle qui répond à leurs attentes