Les fusions se suivent et se ressemblent dans le camp progressiste qui ne semble pas encore avoir digéré sa déroute électorale. Après le Parti démocrate progressiste (PDP), le Parti républicain (PR) et Afek Tounes qui ont annoncé récemment la constitution d'un nouveau parti centriste, le Mouvement Ettajdid, le Parti du Travail Tunisien (PTT) et les militants du Pôle Démocratique Moderniste (PDM) ont annoncé, hier, leur intention de resserrer leurs rangs. « De par notre profond attachement à unifier les forces démocratiques qui militent pour la réalisation effective des objectifs de la révolution et à construire un front démocratique qui dépasse les dogmes idéologiques et bénéficie d'un vrai ancrage populaire, nous avons décidé de fusionner », ont déclaré ces trois formations dans un communiqué conjoint rendu public hier. Les cosignataires du communiqué précisent également qu'ils se sont mis d'accord sur la tenue d'un congrès unificateur juste après le congrès du Mouvement Ettajdid qui se tiendra les 9, 10 et 11 mars prochain. Ouvert aux «partis démocratiques et aux personnalités nationales qui adhèrent à ce projet politique fondé sur une approche participative et équilibrée», ce congrès unificateur devrait constituer, selon le même communiqué un « premier pas sur la voie de la construction d'un large front démocratique capable non seulement d'offrir des alternatives politique, économique et sociale mais aussi de préparer l'alternance au pouvoir lors des prochaines élections». La nouvelle coalition de partis progressistes n'a pas, par ailleurs, manqué de lancer une pique à l'initiative similaire lancée début janvier dernier par le PDP, Afek Tounes et le Parti Républicain. «La bonne démarche de la construction d'un front démocratique ne consiste pas à renforcer un parti existant, mais plutôt à créer un nouveau parti capable de regrouper des sensibilités différentes», souligne le communiqué. Le Mouvement Ettajdid a, en effet, considéré tout récemment que la fusion entre le PDP, Afek Tounes et le Parti Républicain a été «mal conçue», estimant que le PDP n'a fait qu'absorber les deux autres formations créées après la révolution du 14 janvier. Consultations Héritier de l'ancien Parti Communiste Tunisien fondé en 1934, Ettajdid a, toutefois, annoncé, dans un communiqué publié le 30 janvier dernier qu'il compte poursuivre les consultations avec le PDP, Afek Tounes et le Parti Républicain en vue de tenter de les convaincre de l'utilité d'une approche de fusion qui assure un minimum d'équilibre entre les diverses forces démocratiques. A noter que le Parti du Travail Tunisien a souligné, dès sa naissance, qu'il aspire à constituer le premier noyau d'un pôle regroupant toutes les forces progressistes en Tunisie. « Le PTT a pour objectifs de consolider les fondements de la République, de protéger les acquis modernistes de la Tunisie et de constituer un noyau d'un pôle regroupant toutes les forces progressistes et démocratiques en Tunisie », peut-on notamment lire dans le manifeste fondateur de ce parti créé par l'économiste Abdeljelil Bédoui au lendemain de la révolution. Coalition politique mise en place avant les élections de l'assemblée constituante , le Pôle démocratique moderniste regroupait quatre partis ( le Mouvement Ettajdid, le Parti socialiste de gauche, la Voie du Centre et le Parti républicain) et cinq initiatives citoyennes (Collectif national des indépendants, Initiative citoyenne, Ligue des indépendants progressistes, Assez de divisions, allons de l'avant et Appel pour un pôle démocratique, social et culturel). Cette coalition qui n'a réussi à remporter que cinq sièges à l'Assemblée constituante s'est effritée au lendemain de l'annonce des résultats du scrutin, dans le sillage du retrait du Parti socialiste de gauche, de la Voie du Centre et du Parti Républicain.