Selon les chroniques militaires de l'Antiquité romaine, l'empereur en campagne nomme auprès de lui quelqu'un qui ne sera ni fonctionnaire, ni confident ni conseiller à la stratégie et à l'art de la guerre mais plutôt doté d'une mission unique en son genre aussi peu pourvue en efforts et soucis que hautement thérapeutique. A chaque victoire et pendant le repos de l'impérial guerrier, cet homme est chargé de se pencher sur l'oreille de son maître et de lui chuchoter cette formule : « Memento mori ! » (Souviens-toi de la mort !) Ainsi la griserie du triomphalisme, se dissipe ipso facto et, redevenu humain et mortel, l'empereur prépare dans le monde réel et avec ses capitaines et ses conseillers, tous ses semblables donc, la prochaine campagne et espérer dans l'incertitude une nouvelle victoire. Qui parmi nous, simples citoyens sans portefeuille ni mandat, qui parmi nous ne souhaiterait avoir ce privilège d'intimer à nos élus, ministres et directeurs de conscience une telle formule sibylline et si courte qui rappelle que personne n'est élu et placé aux commandes pour l'éternité ? Sauf que, hélas, une telle fonction ne saurait être imaginée par nos politiques qui se croient placés au- dessus de nous par la sagesse de Dieu. De Dieu « en personne ».