La Tunisie occupe la 134ème position dans le classement mondial de la liberté de la presse 2011-2012. Ce constat a été confirmé par Reporters Sans Frontière (RSF), il y a tout juste un mois lui permettant ainsi de gagner 30 places. Sous le régime de Ben Ali, notre presse était classée 164. Un état des lieux théoriquement rassurant, sauf que la réalité reste loin des chiffres et va de mal en pire. Le rapport intervient alors que l'on assiste encore à un regain de violence chez les forces de sécurité (civils ou en uniforme), les Salafistes et les voyous envers les journalistes couvrant les rassemblements et les manifestations des universitaires, de la société civile et des structures syndicales. Ce retour en force de la répression, de l'agression physique et verbale et des violences dirigées contre les journalistes, tire vers l'arrière la liberté de l'expression et le droit des citoyens à l'information ainsi qu'une presse indépendante du régime au pouvoir. Comment pouvons-nous arrêter cet appareil de répression ? Que faut-il faire pour rappeler aux responsables politiques, à ceux qui sont à la tête du régime et qui affichent leur hostilité à la liberté d'expression que les journalistes tunisiens sont déterminés à préserver leurs libertés et à se protéger contre toutes les formes d'agression ? Ces questions ainsi que d'autres ont été largement débattues hier, par les journalistes lors d'une rencontre tenue au siège du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT), où l'on a appelé à une grève générale pour dénoncer les destructeurs de la liberté de la presse. Cette proposition sera examinée lors d'une réunion générale extraordinaire prévue le vendredi 2 mars. Les prédateurs de la liberté de la presse sont de retour. Ils ne lésinent pas sur les moyens pour réprimer les journalistes, les décourager et les empêcher d'accomplir leur travail de manière professionnelle. En effet, les forces de sécurité ont mené -samedi dernier en marge de la manifestation organisée par l'UGTT à la capitale- une répression sans précédent à l'encontre des journalistes. Des interventions musclées, des agressions verbales et morales, des insultes, des injures et des humiliations ont été accomplies contre eux. Objectif : les empêcher de faire l'état des lieux des attaques brutales contre les manifestants.
Secteur sous menace
En dynamisant l'appareil répressif pour faire taire les témoins de la violence pratiquée aussi bien par les forces de l'ordre que par les groupes de salafistes et d'obscurantistes, le gouvernement provisoire a pour finalité de tirer vers l'arrière le secteur. Il ne cesse d'ailleurs, d'accuser les journalistes de manque de professionnalisme, de subjectivité voire d'incompétence. « L'assainissement du secteur », doit dès lors, se faire selon certaines normes, surtout celles dictées par le gouvernement provisoire. Conscients de ce danger et du risque de se retrouver à la case départ comme à l'époque de Ben Ali, les journalistes sont résolus à faire face à cette marée. « Le SNJT compte porter plainte contre les agresseurs ainsi que contre le premier responsable du ministère de l'Intérieur », annonce Najiba Hamrouni, présidente du syndicat. « Il ne faut plus se taire sur ces dépassements exercés contre les journalistes », ajoute Mongi Khadhraoui, secrétaire général tout en appelant les journalistes « à faire du bruit et à dénoncer toutes les formes de répression et de violence ». « Nous sommes aujourd'hui visés. Nous sommes en face d'une oppression. Ils veulent nous faire peur avec leur matraques pour présenter une belle image de la Tunisie laquelle ne peut pas être maquillée », attire-t-il l'attention. D'où le risque d'une chute vertigineuse de la liberté de l'expression. Les faux prétextes présentés par le ministère de l'Intérieur pour justifier les actes de violence et les injures contre les journalistes ne trouvent pas d'écho chez les professionnels des médias. « La police affirme ne pas pouvoir différencier les journalistes des autres manifestants, alors que nous portons des gilets », déclare Aymen Rezki, chargé des Libertés au syndicat et qui a été parmi les journalistes agressés. Nul ne peut nier que le mouvement démocratique est en train de se heurter après le 23 octobre à une répression féroce. Une répression exercée par le gouvernement provisoire, l'appareil sécuritaire ainsi que par les groupes d'obscurantistes. Sana FARHAT
Agression des manifestants
Sami jeune étudiant a été victime d'agression de la part des agents de sécurité en civil. En compagnie de sa mère universitaire ainsi que de son camarade, il était à l'avenue Habib Bourguiba quand les agents se rabattaient sur sa mère. Voulant la protéger contre les coups de matraques, le jeune étudiant a violemment été attaqué ce qui lui a engendré une fracture au niveau de son doigt. A l'hôpital Kassab à Ksar Saïd, il a été pris en charge pour avoir ainsi le doigt dans le plâtre.