Les cimaises de la galerie Saladin à Sidi Bou Saïd ont vu samedi dernier (25 février) le vernissage de l'exposition de l'artiste tunisien Fathi Rébaï, consacrée à la femme tunisienne et au jazz. Fathi Rébaï est le fils de notre cher regretté caricaturiste, Mahmoud Rébaï (décédé en 1988), créateur de la fameuse série de BD «Ec-chef» parue dans «Dialogue» et grand illustrateur de la revue des enfants «Irfane». Il parait que l'art a été transmis par hérédité de père en fils, sauf que le fils s'est spécialisé dans les arts plastiques. Fathi Rébaï est né en 1957 à Tunis. Il reçoit une formation artistique au centre culturel italien pendant deux ans, puis encore deux ans à Paris et enfin en Italie où il fait quatre ans d'études de Beaux-Arts. De retour à Paris, il adhère au Groupe Paris Montmartre et commence à exposer un peu partout en Europe. Il a de nombreuses expositions à son actif : Salons d'Automne, Salons de Printemps du groupe, en Belgique, en Norvège, en Suède, en Italie, au Maroc… «90% de mes œuvres sont exposées à l'étranger, j'ai même une galerie en Suède. Depuis trois ans, je commence peu à peu à revenir vers la Tunisie… c'est ma première exposition personnelle en Tunisie», nous a confié l'artiste. Dans cette exposition qui comporte une trentaine d'œuvres, l'artiste en consacre quelques-unes pour le jazz et d'autres pour la femme. La peinture du jazz que l'artiste affirme avoir adopté et pratiqué depuis sept ans, est en effet un style de peinture que l'on trouve chez pas mal de peintres illustres dans le monde qui tentent de représenter l'univers de cette musique pour l'immortaliser tout en lui rendant hommage. « J'adore le jazz, surtout le blues, nous déclare Fathi Rébaï , ça fait sept ans que je travaille dessus, mais avec la révolution tunisienne, j'ai fait des choses complètement différentes, je m'intéresse au nu ». En effet, le nu chez Fathi Rébaï, n'est pas le nu érotique du 19è siècle où rien n'était caché du corps humain, au contraire, on voit à travers les tableaux exposés, plutôt des silhouettes de femmes nues respectant ainsi les exigences esthétiques et morales de la société tunisienne et ne heurtant guère les sensibilités des visiteurs. Toute une série de tableaux représentant des femmes nues en plusieurs postures : «Femme debout», «Femme assise», «Femme de dos», «Femme de profil» et même «Femme voilée», mais nue ! Le volet jazz de cette exposition comprend quelques autres œuvres de formats variés peintes totalement en acrylique et intitulées respectivement «Bleue Band», «Saxophoniste», «Harmonie», «Afro Jazz», «SDO», «Jazz Band» et «Blues Band», des tableaux où Jazz et peinture semblent entretenir des rapports passionnés et ce, à travers les personnages et leurs instruments, où le pinceau du peintre semble suivre le mouvement et le rythme de la musique. Des tableaux où l'on peut voir une pléthore de musiciens et de chanteurs de jazz, comme ces chanteuses américaines ou africaines aux seins démesurément bombés ou ces trompettistes aux joues gonflées avec une prédominance de la couleur bleue. Dans ce tableau le plus grand (195X130), intitulé «Jazz Band», l'artiste met en scène 14 personnages, tout un orchestre de jazz en action où l'on peut voir 3 saxophonistes, un trompettiste, un guitariste, un batteur et d'autres musiciens et musiciennes, où les tons des couleurs, les lignes, les courbes et les lumières nous font vivre un véritable concert de jazz. Sur ses toiles, tout semble s'agiter dans tous les sens, au gré des pinceaux passionnés du peintre ! Tout semble construit en fonction du rythme de la musique, des respirations des jazzmen et des reprises instrumentales. Quant aux couleurs, on remarque une harmonie de bleu et de noir avec une touche de jaune ou de rouge.