L'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) a considéré, dans un communiqué publié hier, les «cellules d'écoute» que le gouvernement projette de créer au niveau des administrations et des entreprises publiques comme étant «une nouvelle version des cellules professionnelles mises en place par Mohamed Sayah (ancien ministre et ex-Directeur du Parti Socialiste Destourien de Bourguiba, NDLR) pour faire double emploi avec les syndicats et porter ainsi atteinte à la combativité et à l'autonomie de la centrale syndicale». L'UGTT réagit, ainsi, à une circulaire adressée par le Premier par le Premier ministre Hamadi Jebali aux ministres, secrétaires d'Etat et PDG des entreprises publiques en date du 14 février et préconisant «la mise en place de cellules d'écoute ayant pour mission l'examen des préoccupations professionnelles et des problèmes sociaux des salariés ». La principale organisation syndicale en Tunisie note que «la mission de ces cellules d'écoute telle que définie par la circulaire du chef du gouvernement est identique à celle des syndicats professionnelles». Dans une allocution prononcée peu avant la manifestation organisée par l'UGTT samedi dernier pour protester contre l'attaque de ses locaux, Hassine Abbasi, le secrétaire général de l'organisation syndicale qui revendique plus de 500.000 affiliés, avait estimé que la création des cellules d'écoute constitue « une grave atteinte au droit syndical», menaçant de saisir l'Organisation Internationale du Travail (OIT) au cas où le gouvernement ne fait pas machine arrière. L'UGTT avait déjà saisi l'OIT en 1985 pour protester contre la mise en place des cellules professionnelles. Il s'agissait à l'époque pour le régime de Bourguiba de créer des structures du parti unique au sein des entreprises et administrations publiques afin de couper l'herbe sous les pieds de la centrale syndicale et de « démolir ce qui lui restait d'autonomie ».