Par Khaled Guezmir - Maintenant que M. Sadok Chourou membre influent d'Ennahdha à l'Assemblée Constituante et fervent adepte de l'application de la Chariaâ, s'est réconcilié avec Voltaire et Montesquieu, nous voilà heureux et rassurés ! Mais ce qui pourrait mieux nous faire plaisir c'est de ne pas le dire seulement par voie de presse, celle qui lui ouvre largement ses colonnes alors qu'une partie de son électorat veut la museler totalement pour en faire un vulgaire organe de propagande. Il pourrait le dire solennellement à l'Assemblée Constituante et proposer quelques « valeurs » des philosophes des lumières dans le projet de constitution en cours d'élaboration. La démarche tombe à pic avec la visite officielle du Président turc Abdullah Gül dans notre pays. Je ne sais pas si l'éminent hôte turc, à qui nous souhaitons la bienvenue, vient « au secours » de la Tunisie ou de son gouvernement, ou peut-être des deux à la fois, au moment où notre pays vit une crise majeure d'identité, qui pourrait effacer pour le siècle en cours, la Tunisie moderne, libérale et modérée, pour enfourcher la voie « orientale » de l'obscurantisme et du radicalisme religieux. La catastrophe « Ghoneim » prédicateur égyptien des temps pharaoniques, qui a eu droit à une visite proche d'une visite « d'Etat », où il a enfoncé avec la complicité générale les portes de nos mosquées les plus prestigieuses celles qui ont donné à l'Ifriquia et au monde musulman ses plus grands savants et « Oulémas », nous a proposé un modèle de société de type oriental décadent et totalement rejeté par l'universalisme mondial. Le Président turc fort heureusement peut rectifier le tir et nous proposer le modèle turc né de la laïcité modernisante de Mustapha Kamel Atatürk et du rationalisme musulman de son ami et Premier ministre Taiep Rejeb Erdogan. En effet, la Tunisie et la Turquie ont pris des chemins parallèles depuis que Sinan-Pacha, a renvoyé chez-eux les derniers croisés de Charles Quint. La Tunisie a ensuite fait partie de l'Empire Ottoman, mais sans jamais perdre sa souveraineté interne et même externe. Des mouvements d'idées comparables sont apparus presque au même moment en Turquie et dans notre pays. Il y a eu les « Jeunes Tunisiens » de Ali Bach Hamba et les « Jeunes Turcs » de Enver Pacha. Il ya eu Bourguiba et Atatürk. Auparavant Kheireddine Pacha Attounsi a été Premier ministre de l'Empire turc lui-même (Assadr Al Aâdham). L'évolution est allée de pair dans les deux pays, entre le « Panislamisme » réformiste et modéré et la modernisation rationaliste proche de l'Occident. Aujourd'hui nos chemins se croisent à nouveau avec un avantage sérieux pour la Turquie. Celle-ci a réussi à préserver la modernisation laïcisante d'Atatürk, avec la montée des Islamistes au pouvoir. Ceux qui visitent la Turquie aujourd'hui, sont étonnés de voir les portraits du fondateur de la Turquie moderne, « Atatürk », partout, dans les hôtels et même les administrations publiques et privées, alors que chez nous, certains politiciens traitent Bourguiba de « mécréant » et de dictateur ! Au fait, Bourguiba a-t-il été plus laïc et plus autoritaire qu'Atatürk ?! M. Abdallah Gül connaît la réponse mais osera-t-il la dire à ses amis tunisiens ! Osera-t-il, leur offrir en cadeau « officiel » une copie certifiée conforme de la Constitution turque, pour les aider à rédiger la nôtre dans le bon sens, sans jamais renier tout ce qui a fait la grandeur et l'authenticité de la Tunisie de Carthage et Kairouan ! A défaut de tout cela, il peut quand même leur exposer le modèle économique turc qui est en pleine expansion malgré la crise mondiale et le refus actuel de l'Europe d'intégrer la Turquie dans l'Union. Il peut aussi nous donner les recettes pour faire des villes propres et impeccables comme celles du pays du Bosphore et d'Asie mineure. Mais pour cela, aussi, il faut que ses interlocuteurs tunisiens comprennent que la Turquie est arrivée à ce stade de développement par le travail, la discipline et la liberté totale du culte et du comportement individuel. Les vrais débats en Turquie sont économiques et non religieux. Si M. Abdullah Güel réussit tout cela il aura rendu les plus grands services à la Tunisie. Après tout mieux vaut aller à Istanbul qu'à Téhéran ! Surtout en ce moment ! K.G daassi oignon sofiane zarzour juliejolie