Instaurer une société civile indépendante, active, capable de faire un contre poids au gouvernement et qui soit bien outillée pour contribuer comme il se doit au développement socio-économique du pays est l'une des aspirations de plusieurs citoyens tunisiens. Nombreux sont ceux qui militent pour cette cause et qui sont convaincus de l'importance de ce tissu lequel est appelé à jouer un nouveau rôle dans l'émergence d'une culture démocratique ouverte sur les expériences de l'autre rive de la Méditerranée. Dans cette optique, un groupe d'associations tuniso-françaises organise, depuis l'année dernière, un forum dédié à la société civile. Dans sa deuxième édition, le Forum tuniso-français de la société civile se tiendra ce weekend à la cité des Sciences de Tunis (les 30 et 31 mars). Il sera une occasion pour les acteurs dans le domaine de débattre, entre autres, des modalités de développement de l'économie sociale et solidaire et du volontariat, c'est ce qui a été annoncé hier lors de la conférence de presse tenue à la Cité des Sciences de Tunis pour présenter le Forum. Marquée par la présence des représentants de plusieurs associations tuniso-françaises : Enda Interarabe, Esmaani, France Volontaires, Amal, Bus Citoyens, Sawty et Collectif RANDET, la conférence fut également une occasion pour présenter le bilan de travail de quelques associations. Consciente de l'importance de nouer des liens fructueux avec la société civile étrangère notamment celle française, la société civile tunisienne veille à l'organisation des manifestations dans ce sens. C'est dans ce cadre d'ailleurs que s'inscrit le 2ème forum de la société civile tuniso-française. « L'an dernier, le premier rendez-vous qui avait réuni plus de 500 participants a permis, outre l'échange d'idées et d'expérience le lancement de projets qui ont depuis vu le jour », d'après les organisateurs. Ils précisent dans ce cadre qu'un « programme d'échange de jeunes volontaires entre les deux pays » a été établi en plus de « la création d'un bureau d'accompagnement des associations en Tunisie, de l'initiative Bus Citoyen et du financement de projets de microcrédits… ». Des partenariats entre des associations des deux pays ont été conclus dans ce cadre. En effet, « plus d'une soixantaine de projets associatifs ont été soutenus depuis cette première rencontre », laissent entendre les organisateurs lesquels ont déjà déterminé les objectifs de la deuxième édition. « Elle vise à poursuivre les échanges fructueux entamés l'an dernier dans quatre domaines prioritaires », toujours d'après la même source. Dans cette édition, l'accent sera mis sur « la citoyenneté, l'environnement, les droits et la santé de la femme et les microcrédits ». Bilan A cet effet, Michael Cracknell, représentant d'Enda Interarabe a rappelé les actions menées par l'association au profit des Tunisiens dans le cadre du Forum, notamment le soutien des Tunisiens revenant de Libye. « 200 prêts ont été octroyés dans ce cadre, soit un montant de 380 mille dinars », selon M. Cracknell. Mais il paraît que les revenants de Libye n'ont plus de problèmes. « La demande a baissé », déclare le représentant d'Enda Interarabe tout en précisant que des négociations sont en cours pour faire bénéficier les sinistrés des inondations des montants qui restent. Les autres actions Toujours dans le même contexte, d'autres actions ont été réalisées au bout d'un an, dont l'initiative Bus Citoyen « qui est le fruit de la rencontre de six associations tunisiennes unies dans la volonté d'ancrer la notion de la culture de la démocratie en Tunisie. En quatre mois, 120 bénévoles ont pu apporter un supplément d'information, neutre et impartial à plus de 200 000 personnes qui devaient voter en octobre dernier. Par ailleurs, « 30 jeunes français et tunisiens ont été accueillis respectivement dans des associations tunisiennes et françaises dans le cadre d'un programme d'échange de jeunes volontaires du service civique. Reconduit en 2012, ce programme permettra à nouveau à 60 jeunes de bénéficier d'une expérience associative de 6 mois ». Un Bureau Association Conseil porté par quatre associations (Sawty, Amal le Collectif RANDET et Enda Interarabe) et soutenu par l'Ambassade de France en Tunisie (l'Institut Français de Tunisie) a ouvert ses portes en décembre 2011. « Il a pour vocation de fournir un soutien technique à toute association désireuse de renforcer ses capacités en matière de gestion de projets, d'élaboration d'une stratégie de communication ou encore dans le domaine juridique ». Un partenariat a été conclu entre Randet et France Nature Environnement et ce « pour favoriser une prise de conscience environnementale au niveau régional et national et de conforter la place de l'environnement dans la nouvelle Constitution et les institutions ». Il est clair que la société civile tunisienne est en train de s'organiser en s'ouvrant sur les autres expériences. Mais sera-t-elle capable de s'imposer face aux nouvelles associations familiales « Ahlia » à vocations religieuses et caritatives et qui attirent de plus en plus de Tunisiens ? Sana FARHAT
Le programme du 2ème forum Des conférences et des ateliers seront organisés autour de quatre thèmes qui seront à l'ordre du jour. Ils se présentent comme suit : Les thèmes : Comment développer l'économie sociale et solidaire ? Le volontariat Les ateliers transversaux -Associations et création d'emploi. -La société civile médiatrice dans la gestion des conflits (sociaux, environnementaux…) -Pourquoi et comment se fédérer : réseaux et fédérations. -Société civile et médias comment travailler ensemble ? Les ateliers thématiques : -Environnement : quelle place pour les enjeux environnementaux dans une constitution ? -Droits et santé des femmes : égalité dans l'accès aux droits. -Citoyenneté : comment être en force de proposition citoyenne ? -Microcrédit : le financement de la petite agriculture. -Environnement : quel avenir pour les aires protégées ? -Droits et santé des femmes : l'autonomie par l'emploi. -Citoyenneté : culture entre citoyenneté et économie. -Microcrédit : l'accompagnement des jeunes vers le micro-entreprenariat.