Cette jeune fille n'a pas été choyée par la nature, mais elle a su tout de même s'accrocher et mener une existence en long et en large, malgré son jeune âge, puisqu'à vingt-deux ans elle a « consommé » pas moins de trois fiancés. Ces derniers ont fini en effet par la lâcher au bout de quelques mois, d'une relation le plus souvent mouvementée. Or, accrocheuse et tout aussi pugnace elle s'est déniché un nouveau compagnon croyant avoir décroché la timbale. Il faut dire que le nouveau soupirant n'a pas été avare en promesses ; il s'est montré en tout cas des plus persuasifs, au point d'embobiner sa dulcinée et la soudoyer. Leur relation est entrée dès lors dans une phase cruciale, la fille faisant aveuglément confiance à son prince charmant. Celui-ci ne s'est pas fait prier pour en profiter à fond, jusqu'au moment où la fiancée aurait constaté un changement notoire concernant sa physionomie. Commence dès lors une nouvelle phase, toutes leurs rencontres étant animées par un seul et unique sujet, celui de trouver une échappatoire à la nouvelle situation. Pour elle, le problème ne pouvant être résolu que d'une seule manière, hâter les préparatifs des noces, cependant que pour lui, il fallait avoir recours à un avortement. Ce n'était, de sa part, qu'une sorte de manœuvre, question manifestement de gagner du temps, avant de s'éclipser subitement. Inquiète au début, du moment que son homme ne répondait plus à ses appels, la fille se sentant délaissée a fini par être envahie carrément par ce sentiment oppressant de panique. D'autant qu'elle n'a rien négligé pour le retrouver, mais le jeune homme s'est littéralement volatilisé. En désespoir de cause, elle allait trouver refuge dans la fuite, dans ce sens qu'elle a quitté le domicile parental pour louer un petit studio et vivre seule, en attendant l'heure fatidique qui approchait irrémédiablement, parvenant parallèlement à dissimuler tant bien que mal cette grossesse encombrante. Bref, ce moment qu'elle appréhendait tant est arrivé, signant l'arrivée d'un bébé, qu'elle s'est empressée toutefois d'étrangler, étouffant ainsi ses premiers cris. Cette première étape franchie sans encombre, la jeune fille s'est retrouvée nantie d'un fardeau dont il fallait se débarrasser rapidement sous peine de se trouver dans de beaux draps. Or, à défaut de drap au figuré, c'est au propre qu'elle allait s'en servir, pour envelopper le petit corps, attendant le moment propice pour s'en décharger. Elle a cependant compté sans ce phénomène social infaillible, celui de la « mouchard-mania » qui fonctionne à merveille dans nos contrées. Et elle allait l'apprendre à ses dépens. En tout cas, les auxiliaires de la justice n'ont pas tardé à l'épingler, avant même qu'elle ne puisse se débarrasser de son colis. Au même titre d'ailleurs que sa mère, qu'elle a mise dans la confidence. Confondue, la jeune fille n'a trouvé d'autre alternative que d'avouer son forfait, avant que le juge d'instruction n'ordonne sa mise en détention