• «Le siège du ministère des Droits de l'Homme s'est transformé en un espace où l'on porte atteinte aux droits humains », déclarent les militants Des éclats de balle au crane, dans le faciès, des jambes amputées, des infections…c'est le sort réservé aux blessés de la révolution qui n'arrivent pas à avoir leur droit à un traitement humain et équitable. Leur tentative d'attirer l'attention du ministre des Droits de l'Homme et de la Justice Transitionnelle ont été vouées à l'échec jusqu'à ce jour. Preuve ; ils ont été repoussés violemment du ministère le 27 mars. Pire encore, « les blessés de la Révolution sont taxés de voleurs, de criminels et surtout d'être endoctrinés par quelques partis politiques », s'insurge Adel Ben Azaz, président de l'Association Tunisienne de la Promotion des Blessés de la Révolution lors de la conférence de presse tenue hier, au siège de la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme (LTDH). Organisée conjointement par la Ligue et l'association, la conférence avait pour objectif de dévoiler les dépassements enregistrés contre les sit-inneurs au sein du ministère des Droits de l'Homme et de la Justice Transitionnelle le 27 mars. Elle était aussi une occasion pour rappeler les revendications des blessés de la Révolutions. « Des revendications qui ont trait aux droits élémentaires de l'homme : le droit à la santé, à l'emploi, au transport qui tardent encore à être mis en application à cause de l'attitude des hauts responsables du gouvernement provisoire » se mettent d'accord les militants des droits de l'homme et les blessés. Insultes D'ailleurs, « Samir Dilou nous a carrément insultés et qualifiés d'idiots », déclare Ben Hazaz. « Si vous cherchez un travail, il faut s'adresser au ministère de l'Emploi et de la Formation Professionnelle, si vous désirez vous soigner, vous devez contacter le ministère de la Santé…si vous voulez que justice soit faite, nous n'avons pas encore instauré la justice transitionnelle, nous répond clairement le ministre », ajoute le président de l'Association de la Promotion des Blessés de la Révolution. Il confirme par ailleurs, les actes de violence et les agressions menés contre eux au sein du ministère. « L'intervention des agents de la Grade Nationale était bien organisée. Ils n'ont pas hésité à nous attaquer violemment et nous frapper pour nous obliger à quitter le ministère des Droits de l'Homme et de la Justice Transitionnelle », raconte, Adel. Il explique que « ces dépassements ont eu lieu en présence de quelques responsables de la sécurité, lesquels refusent de témoigner en notre faveur », enchaîne-t-il tout en critiquant : « ces pratiques rappellent celles adoptées par l'ancien régime ». « Plusieurs bloggeurs ont été mobilisés sur place pour nous filmer continuellement. Ils ont tenté d'altérer notre image auprès de l'opinion publique. Mais nous avons fait preuve de civisme », fait remarquer Ben Hazaz. Droit à la vie Manifestant leur solidarité avec les blessés, les défenseurs des droits de l'homme n'ont pas hésité à rappeler que le droit à la vie, à la santé, au travail, au transport, à la prise en charge et à la couverture sociale, sont classés comme les droits les plus élémentaires. « Le devoir de la communauté est ainsi de prendre en charge les blessés de la Révolution », appelle Mohamed Attia chargé des Libertés à la LTDH. Il incite toutes les structures sociales, les acteurs de la société civile et des partis politiques à venir en leur aide et surtout les soutenir. « Ils sont des citoyens. Ils ont le droit au soin adéquat et efficace », attire-t-il l'attention. Il faut d'ailleurs, « que le gouvernement provisoire bouge pour nous prendre en charge dans les plus brefs délais, car nombreux sont ceux parmi nous qui souffrent et qui risquent leur vie », font remarquer les blessés présents. «La question des blessés n'est pas aussi simple que l'on s'imagine, c'est une responsabilité historique », considère M. Massoud Romdhani, du LTDH. En fait, les militants des droits de l'homme présents n'ont pas hésité à dénoncer de nouveau la position du ministère des Droits de l'Homme et de la Justice Transitionnelle et surtout sa réaction vis-à-vis des sit-inneurs blessés. « La création de ce ministère représente un vrai danger sur la société, il s'agit d'une atteinte à la société civile », critiquent les défenseurs des droits de l'Homme. D'ailleurs ce qui s'est passé le 27 mars confirme cette position. « Le siège du ministère des Droits de l'Homme s'est transformé en un espace où l'on porte atteinte aux droits humains », confirment les militants. Mais ces déclarations risqueraient de ne pas plaire à Samir Dilou lequel a annoncé que « les sit-inneurs n'ont pas été agressés contrairement à ce que les journaux ont annoncé ». Le ministre des Droits de l'Homme sera-t-il dès lors, en position de prouver le contraire et de traiter ce dossier dans les plus courts délais pour couper court avec « les surenchères politiques » comme il l'annonce souvent. Sera-t-il capable de garantir les droits des blessés ?