A la lumière des propositions du dernier conseil des ministres, 25.000 personnes accèderont à la fonction publique en 2012. Or, les postes à pourvoir ne seront pas obtenus à la lumière d'un même concours. Une tranche de 60% sera admise sur la base de l'âge du candidat, de l'année de l'obtention du diplôme, de la situation sociale et des stages effectués. Les 40% restants seront retenues selon le modèle des concours classiques qui font appel aux compétences scientifiques et pratiques. Des inconvénients assommants Dès le départ, il s'avère que ce mode de recrutement est anti constitutionnel parce qu'il ne respecte pas le principe de l'égalité des citoyens et de ses corollaires. Dès lors, il est du devoir des pouvoirs publics d'organiser un même concours avec les mêmes critères auxquels se soumettent tous les candidats qui remplissent les conditions requises. La seconde remarque qui s'impose c'est que cette décision populiste, qui cherche à élargir, injustement, l'éventail des satisfaits, risque de créer plus de mécontents parmi les jeunes diplômés et notamment parmi les plus brillants. De surplus, le recrutement des plus âgés à l'état brut aux dépens des plus jeunes risque d'étendre le phénomène de la médiocrité au sein de la fonction publique qui croupit déjà sous le poids d'un laxisme ravageur. D'autant que cette catégorie qui a longtemps stagné ou qui s'est convertie dans d'autres métiers risque de se trouver incompétente dans le domaine public auquel elle est affectée. Par ailleurs, certains vieux diplômés, à force d'être longtemps tenus à l'écart du monde du travail et rejetés par le système de recrutement, risquent d'avoir des comportements vengeurs susceptibles de nuire à la valeur du travail et à son environnement. Ainsi, dès qu'ils sont admis, les vieux nouveaux fonctionnaires cèdent à la dichotomie suivante : devenir un fervent « syndicaliste » et un mauvais travailleur ou bien un bon absentéiste et un bon tricheur dans le noir. Evidemment, les exemples qui traduisent la haine voire même le ressentiment envers le système et ses institutions, qui ne sont pas encore déboulonnées, ne manquent pas… Mais ce qui est plus dangereux c'est, bien entendu, la banalisation et la profanation de l'effort distingué, de l'abnégation et de l'excellence. En effet, un jeune dont le diplôme est négligé va se sentir frustré et va être contraint à mettre en question les efforts et les sacrifices consentis durant la période d'apprentissage… En fait, le recrutement basé sur les compétences est productif et générateur de richesse. Il permet d'améliorer la valeur ajoutée et, par conséquent, de multiplier les offres d'emplois. Par contre, l'engagement de personnes ayant des moyens limités au détriment de personnes plus compétentes et plus performantes est contre productif et ne fait que perpétuer la médiocrité qui est une bombe à retardement. Alors, si les autorités cherchent à humaniser ces concours organisés dans des conditions post révolutionnaires spécifiques, elles peuvent recourir au bonus lié à certains critères, mais tout en gardant le socle incontournable qui tient compte des compétences scientifiques et pratiques réelles. Par exemple, on peut se limiter à accorder un bonus lié à la proximité du lieu de résidence du candidat. Du coup, il sera fort probable que les postes créés dans une région seront brigués par les candidats les plus proches géographiquement. Quant à ceux qui ne sont pas admis, ils sont appelés à faire des stages de perfectionnement ou de recyclage rémunérés ou à opter pour d'autres formes d'intégration socioprofessionnelle plus adéquates et plus dignes. Ces dernières mesures peuvent être financées par un paquet épargné sur la première embauche et sur le service civil auquel doivent se soumettre les filles et les garçons