Le Temps-Agences - New Haven est devenue mardi la première ville des Etats-Unis à délivrer aux immigrés illégaux des cartes d'identité, au cœur d'une polémique qui a valu lazzis et vivats au maire de la ville. Environ 250 personnes se sont présentées à la mairie, qui a commencé à délivrer ces cartes donnant accès à des services tels que les bibliothèques et les parcs, et permettant aux sans-papiers d'ouvrir des comptes bancaires. Les partisans de ces cartes d'identité, proposées aux 124.000 habitants de New Haven, arguent qu'elles vont renforcer la sécurité et fournir une protection à ses 10.000 à 15.000 travailleurs sans papiers. Leurs détracteurs craignent qu'elles n'encouragent l'immigration illégale, qu'elles n'accroissent le fardeau pesant sur les services publics et qu'elles ne coûtent cher au contribuable. Des échanges de noms d'oiseaux ont ponctué le débat in situ sur la légalité de ce programme mis en place alors que la réforme des lois sur l'immigration est au point mort au Congrès. Plusieurs villes s'interrogent sur la façon dont il faut gérer des sans-papiers de plus en plus nombreux. Dans la mairie, une centaine de personnes, résidents légaux et clandestins, sont venues chercher leur carte ou la commander. "Nous sommes ici depuis longtemps et nous avons besoin d'un document qui montre que nous ne sommes pas mauvais", a déclaré un homme disant s'appeler Marvin, du Honduras, et vivant à New Haven depuis 15 ans. Une vingtaine de manifestants membres d'une organisation favorable à une réforme des lois sur l'immigration ont hué le maire de New Haven, John DeStefano, à son arrivée à l'hôtel de ville, lui criant "Arrêtez-le, arrêtez-le". "Tu violes la loi, Johnny", lui ont-ils dit. Le maire a ignoré les manifestants. Par la suite, interrogé sur ces mouvements de protestation, il a expliqué que la ville ne faisait qu'affronter un problème esquivé par le gouvernement fédéral. "Ils n'ont pas la volonté d'adopter un programme cohérent sur l'immigration et la sécurité aux frontières", a-t-il dit. "Si nous voulons être l'endroit le plus sûr possible, nous devons savoir qui vit ici." DeStefano a dit douter qu'un simple "bout de plastique" entraîne un afflux d'immigrés clandestins. "L'immigration est en grande partie motivée par le désir des individus d'améliorer leur vie et de donner de meilleures opportunités à leurs enfants. Voilà ce qui détermine les flux migratoires: l'emploi et les opportunités. Pas un bout de plastique", a-t-il dit.