•« Mes détracteurs veulent transformer le parti en un wagon rattaché au train d'Ennahdha », maugrée-t-il ! •11 élus à la Constituante gèlent leur adhésion au parti et suspendent leurs activités au sein du groupe parlementaire du CPR ! Démis jeudi de ses fonctions de secrétaire général du Congrès pour la République (CPR) par la majorité des membres du Bureau politique du parti, Abderraouf Ayadi a estimé, hier, que sa mise à l' écart est nulle et non avenue. « Mon prétendu limogeage constitue un putsch contre la légalité. C'est une décision caduque », a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse organisée hier à Tunis. Rappelant qu'il tire sa légitimité du son militantisme et de sa lutte acharnée pour la préservation des valeurs du parti, M. Ayadi précise que la tentative de putsch menée par des personnes qui ne peuvent aucunement se targuer d'un grand passé militant constitue en réalité une réaction épidermique à une lettre ouverte adressée le 18 avril par le «conseil national restreint» du parti aux militants du CPR et à l'opinion publique. « Dans cette lettre ouverte, nous avons appelé la majorité des membres du Bureau politique à s'excuser pour les erreurs qu'ils ont commises et qui ont terni l'image du CPR », souligne-t-il. Co-fondateur du CPR et avocat défenseur des droits de l'Homme ayant connu les affres de la prison sous le règne de Ben Ali, M. Ayadi indique également que les agissements de ses détracteurs s'expliquent aussi par les «positions honorables» prises par la direction du CPR ces dernières semaines. Il cite notamment son intervention dénonçant les brutalités policières contre les manifestants pacifiques, prononcée à l'occasion d'une séance plénière réservée au débat sur la situation sécuritaire tenue le 12 avril à l'Assemblée nationale constituante . « «Vous avez dit que l'interdiction des manifestations a été décidée dans l'intention de protéger les intérêts financiers des commerçants. Et les intérêts moraux, monsieur le ministre! Pas de comparaison. Je vous dis que les intérêts moraux, ceux de la révolution ont fait tomber l'ancien régime en 4 semaines et non les intérêts financiers», avait lancé, lors de cette séance, Abderraouf Ayadi au ministre de l'Intérieur , Ali Laârayedh. Suspension Le secrétaire général du CPR a, d'autre part, révélé qu'il convoquera la base à se poncer sur le différend qui oppose les deux courants qui traversent le parti le 6 mai prochain. Sur un autre plan, M. Ayadi a accusé indirectement ses détracteurs d'allégeance à Ennahdha. Nt « ceux qui tentent par tous le moyens de me mettre à l'écart cherchent à transformer ce parti qui n'a jamais fait des compromis du temps de la dictature de Ben Ali en un wagon rattaché au train d'un autre parti », a-t-il déclaré, en allusion au parti islamiste vainqueur des élections du 23 octobre dernier. De son côté, Azad Badi, membre de l'Assemblée constituante, a accusé « les putschistes » ont trahi les principes fondateurs et les valeurs du parti en contre partie des miettes qui leur ont été accordées lors des négociations avec Ennahdha et Ettakatol sur la répartition des portefeuilles ministériels et autres postes. « Ces gens ont accepté d'être un parti au pouvoir sans pour autant obtenir des réels pouvoirs. Du coup, ils ne défendent plus les libertés comme en atteste leur mutisme lors des brutalités policières qui ont ciblé récemment des manifestants pacifiques ou encore leur orientation à cautionner le régime parlementaire proposé par Ennahdha », souligne –t-il. Selon lui, onze membres de l'Assemblée Constituante soutiennent le secrétaire général. Il s'agit de Dhamir Manaï , Abdelaziz Kotti, Azad Badi , Mohamed Ali Nasraoui, Nizar Makhloufi, Hasna Marsit , Naceur Brahmi, Rabîi Abdi, Mohamed Jarray Jerbi, Rafik Tlili et Arbi Abid. En signe de solidarité avec le secrétaire général démis de ses fonctions, ces membres ont d'ailleurs annoncé le gel de leur adhésion au parti et la suspension de leurs activités au sein du groupe parlementaire du CPR .