Le Temps-Agences - L'Irak a appelé ses voisins et la communauté internationale à aider davantage des centaines de milliers d'Irakiens fuyant la guerre dans leur pays, dénonçant une "vraie crise humanitaire", à l'occasion d'une conférence internationale hier à Amman. La Syrie, qui participait à la conférence et qui accueille près de la moitié des 2,2 millions de réfugiés irakiens, a affirmé que les Etats-Unis devraient eux aussi "assumer leurs responsabilités" face à ce problème. Depuis l'invasion de l'Irak par les troupes américaines en mars 2003, quelque 2,2 millions d'Irakiens ont quitté leur pays meurtri par les attaques des insurgés et les violences confessionnelles et se sont réfugiés principalement en Syrie (1,4 million) et en Jordanie (750.000), pays voisins. Deux millions d'autres personnes sont déplacées à l'intérieur même de l'Irak, selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) qui a demandé début juillet à la communauté internationale un doublement de son budget aux réfugiés d'Irak, à 123 millions de dollars pour 2007. "Le gouvernement irakien appelle la communauté internationale, en particulier les pays voisins, à soutenir l'Irak pour surmonter cette phase difficile", a déclaré le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Mohamad el-Hajj al-Hmoud. "Notre devoir humanitaire nous impose de traiter plus sérieusement ce problème et de reconnaître l'existence d'une vraie crise humanitaire", a ajouté le chef de la délégation irakienne à la conférence sur les réfugiés irakiens. Il a critiqué des pays qu'il n'a pas nommés et qui "refusent l'entrée d'Irakiens et les forcent à retourner en Irak", ou "détiennent des Irakiens dans les aéroports pendant plusieurs jours avant de les forcer à retourner (chez eux), ce qui viole les principes de base des droits de l'Homme". M. Hmoud a appelé les pays d'accueil à "faciliter les permis de résidence aux Irakiens" et "à ouvrir leur écoles publiques aux Irakiens", de même que "leurs services médicaux". Intervenant à la conférence, le chef de la délégation syrienne, l'ambassadeur Milad Attieh, a estimé qu'il incombait au gouvernement irakien et aux Etats-Unis de régler le problème. "Il est du devoir du gouvernement irakien d'assurer les conditions adéquates pour régler le problème des réfugiés irakiens et faciliter leur retour dans leur patrie au plus tôt", a-t-il déclaré. "Les Etats-Unis, en tant que force occupante et dont la politique a créé cette situation, doivent assumer leurs responsabilités en fournissant un soutien sérieux aux gouvernements des pays d'accueil", a-t-il ajouté. Selon lui, il est nécessaire que "des parties internationales, en particulier les Etats-Unis, trouvent une solution politique qui garantisse le le retour de la paix et la sécurité en Irak ainsi que l'amélioration des conditions de vie". Ce qui, a-t-il dit, "permettra aux réfugiés de rentrer chez eux et encouragera les Irakiens à rester dans leur pays". Le délégué jordanien, Moukhaimar Abou-Jamous, a aussi appelé la communauté internationale à aider son gouvernement qui avait affirmé en mai que l'accueil d'Irakiens lui coûtait 1 milliard de dollars par an. Les Etats-Unis, qui se sont engagés à accueillir 7.000 réfugiés irakiens d'ici fin 2007, n'en ont encore admis sur leur territoire que 133 depuis le début de l'année fiscale au 1er octobre 2006. Le HCR a dénoncé récemment le peu d'empressement de la communauté internationale à respecter ses promesses envers la Jordanie et la Syrie, estimant que ces deux pays auraient besoin de "centaines et centaines de millions" pour aider les réfugiés irakiens. Amnesty International a de son côté mis en garde contre "une crise humanitaire qui pourrait submerger la région". Des représentants d'Egypte, de Turquie, d'Iran, de Russie, du Japon, de Grande-Bretagne, de l'Union européenne et de l'ONU ont participé à la conférence d'Amman.