Le recours à la grève de la faim est-il considéré toujours comme un moyen de contestation pacifique ? A cette question, la réponse est mitigée, voire controversée. Pour certains la grève de la faim est perçue comme un moyen médiatique, à titre publicitaire, alors que pour d'autres elle est une forme de militantisme, qui dérange plus que plusieurs autres moyens. En Inde, cette méthode utilisée par le Mahatma Gandhi contre l'administration britannique est redevenue à la mode en Inde, pour avoir été suivie fréquemment ces derniers temps par plusieurs jeunes contestataires. Dans les prisons israéliennes, la grève de la faim est utilisée couramment par des détenus palestiniens, dont certains périssent entre temps, et sans que leurs revendications soient satisfaites. Dernièrement, en Ukraine, l'ex premier ministre Loulia Timochenko, accusée de corruption et condamnée à une lourde peine a entamé une grève de la faim depuis sa cellule pour protester contre la répression qui sévit dans son pays. Durant l'ancien régime, les détenus politiques en Tunisie ont souvent eu recours à cette méthode afin de dénoncer les multiples exactions et les atteintes aux droits de l'homme d'une manière générale. La plupart du temps ils se trouvent obligés sous la menace de casser la grève, du moins pour ceux qui restent conscients Pour ceux qui perdent connaissance, on leur pratique des injections d'aliments, souvent par voie rectale. Cependant, il y a des grévistes de la faim qui ont péri à cause de ces méthodes barbares, pratiquées par la violence. Après la Révolution, c'est un membre du gouvernement qui observera une grève de la faim pendant deux jours, soit le vendredi et le samedi 4 et 5 avril, en solidarité avec les détenus palestiniens eux-mêmes en grève depuis plusieurs jours. Cette initiative constitue un précédent, du moins en Tunisie de la part d'un responsable au gouvernement en exercice. Il s'agit de Moncef Ben Salem, ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Perturbation de la bonne marche du service public Acte contraire à l'obligation de réserve d'un ministre diraient certains observateurs, d'autant plus que le portefeuille dont est chargé le ministre concerné, n'a rien à voir avec la diplomatie ni même avec la politique. C'est un acte de nature à affecter et troubler la bonne marche du travail au sein du ministère, et donc du service public en général. Pour d'autres c'est un simple coup médiatique afin de passer sur l'essentiel, à savoir une réelle réforme de l'enseignement, ouvrant de meilleurs débouchés pour les milliers d'étudiants qui ne trouvent pas de travail, à la fin de leurs études ? Enfin d'autres estiment que cela donne des idées à tous les chômeurs diplômés qui n'hésiteront pas pratiquer la grève de la faim pour demander le départ du ministre pour avoir négligé leurs problème pendant qu'il observait lui-même une grève de la faim ! Au fait, si tous les membres gouvernement décidaient de pratiquer en même temps, une grève de la faim ? A.N. mahmoudbedoui