1500 pèlerins, dont 500 sont originaires d'Europe, au rendez-vous Aucun Israélien n'a fait le déplacement cette année Perez Trabelsi, président de la communauté juive tunisienne, juge la mise en garde israélienne contre les voyages en Tunisie «totalement déplacée» Un dispositif sécuritaire jugé «discret mais efficace» déployé aux abords du lieu de culte Quelque 1500 juifs de Tunisie et d'ailleurs ont entamé, hier après-midi, leur pèlerinage à la célèbre synagogue de la Ghriba située sur l'île touristique de Djerba, qui a été quadrillée à cette occasion par les forces de l'ordre. Les pèlerins ont commencé à affluer en fin de matinée vers le lieu de culte soigneusement gardé par des renforts de la police. Dès leur arrivée à la synagogue, les visiteurs ont allumé des chandelles pour tous les êtres chers qui n'ont pas pu les accompagner avant de recevoir la bénédiction des rabbins, tout en buvant de la «boukha», un vin tunisien à base de figues, béni par les rabbins. La cérémonie d'ouverture officielle du pèlerinage qui doit s'étaler sur deux jours a eu lieu dans l'après-midi en présence du Grand Rabbin de Tunisie, Haïm Bitan. Selon les organiseurs de ce rite annuel suspendu l'année dernière en raison des troubles consécutifs à la révolution, la majorité des pèlerins sont cette année des Tunisiens de confession juive. «Cinq cents juifs, venus essentiellement de France et d'Italie prennent part à ce pèlerinage, aux côtés d'un millier de juifs Tunisiens», a précisé René Trabelsi, le patron d'un tour-opérateur qui est le principal organisateur du pèlerinage, et fils de Perez Trabelsi, président de la communauté juive tunisienne. M. Trabelsi s'est dit également «confiant pour un pèlerinage sans risque grâce à notamment à une présence sécuritaire discrète, efficace et intelligente». De strictes mesures de sécurité ont été mises en place dans toute l'île de Djerba. ` Un dispositif sécuritaire a été, en effet, dans les quartiers juifs de Djerba ainsi que dans les hôtels. A l'entrée de la synagogue aux murs extérieurs, un portique électronique filtrait les visiteurs. Ce dispositif désormais habituel durant le pèlerinage a été instauré après l'attentat au camion piégé contre la synagogue revendiqué par Al-Qaïda le 11 avril 2002 et qui avait fait alors 21 morts, dont 14 touristes allemands. «Mise en garde totalement déplacée» Le climat est d'autant plus tendu, cette année, à Djerba que le Conseil israélien de sécurité nationale (CNS) a« déconseillé fortement », jeudi dernier aux ressortissants juifs de se rendre en Tunisie et particulièrement à Djerba, ajoutant que des activistes planifiaient des attentats visant des cibles israéliennes ou juives. Le CNS a motivé sa mise en garde contre les voyages et le pèlerinage en Tunisie par le fait que des slogans antisémites et des appels à tuer les Juifs , inhabituels en Tunisie, avaient été scandés par des extrémistes religieux ces derniers mois. Le ministère tunisien de l'Intérieur a aussitôt réagi, précisant que la sécurité est assurée aux pèlerins sur tout le territoire «grâce aux efforts des forces de l'ordre et de l'armée». En dépit des propos rassurants, les pèlerins israéliens qui transitaient d‘habitude par l'Egypte ou la Jordanie pour rallier Djerba ont brillé par leur absence. « Aucun Israélien ne fera le déplacement cette année», a regretté le président de la communauté juive tunisienne, Perez Trabelsi jugeant « totalement déplacée» la mise en garde d'Israël déconseillant à ses ressortissants de se rendre à Djerba en raison de risques sécuritaires. « Plusieurs Israéliens avaient programmé de venir mais ont dû renoncer à cause des propos israéliens totalement déplacés. Peu importe qu'ils soient là ou pas, les Israéliens verront bien que nous avons réussi à organiser ce pèlerinage. C'est cela qui sera déterminant pour l'avenir», a indiqué M. Trabelsi. Le pèlerinage doit s'achever aujourd'hui avec la traditionnelle procession et vente aux enchères au profit de la communauté juive tunisienne. Celle-ci compte quelque 1500 personnes actuellement contre près de 100.000 à l'indépendance de la Tunisie en 1956. Une des légendes orales fait remonter l'origine de la Ghriba à la destruction à Jérusalem du temple de Salomon, lorsque fuyant la Palestine des juifs se réfugièrent à Djerba et établirent une synagogue en 586 avant JC.