• Pour une culture de cohabitation pacifique Les Journées Nationales du Patrimoine judéo-tunisien qui se tiennent pour la première fois du 11 au 13 mai au Club Tahar Haddad, sont organisées par Dar El Dhikra, une association culturelle pour la sauvegarde et la réhabilitation du patrimoine judéo-tunisien, créée le 28 février 2011. Ces journées consistent en la présentation de l'art et de la culture des Juifs de Tunisie en tant que partie intégrante du patrimoine national. Ces Journées, inaugurées vendredi 11 mai par Moncef Marzouki, président de la république, comportent plusieurs activités culturelles et artistiques mettant en valeur la participation de la culture juive, depuis de longues dates, à l'enrichissement et à la variété du patrimoine national. Au programme, on prévoit, une exposition, des projections de films documentaires et une table ronde. L'exposition fera découvrir au public des photographies, des œuvres artistiques et artisanales traditionnelles qui caractérisent la vie quotidienne, la culture et l'histoire des Juifs de Tunisie. Les documentaires porteront sur « l'apport artistique et culturel des Juifs de Tunisie » en matière de musique (Habiba Msika, Cheikh El Ifrit, Maurice Maymoun, Raoul Journo…), de cinéma (Samama Chikli qui fut le premier cinéaste tunisien, Jacques Haïk,…), de peinture (Maurice Bismouth, Moses Lévy…). Le public s'informera également sur les travaux de ciselage du célèbre artisan juif Moshe Nemni et sur les œuvres de céramique de Jacob Chemla. La table ronde qui se tiendra le 13 mai aura pour thème : « Art et culture en Tunisie, histoire d'un pluriel interne » où seront conviées d'éminentes personnalités, notamment Serge Moati (journaliste écrivain), Collette Fellous (écrivaine), Nouri Bouzid (réalisateur), Nadia Korbi (doctorante en sciences sociales). Albert Memmi (écrivain, essayiste et sociologue) participera également à cette table ronde à travers une communication vidéo). Le débat portera sur la rencontre des cultures en Tunisie dans le domaine de la création artistique et littéraire. On ne saurait que saluer cette initiative prise par l'association Dar El Dhikra présidée par Jacob Lellouche qui vise à rassembler des citoyens tunisiens de religions différentes certes, mais qui vivent sous le même toit depuis au moins 2000 ans et qui ont toujours partagé des traditions communes. Cette manifestation qui doit être suivie par d'autres tombe à pic, à l'heure où, depuis la Révolution du 14 janvier 2011, des voix antisémitiques se sont élevées contre la coexistence des Juifs avec des Musulmans, quand bien même la Tunisie post-Révolution devrait appeler à la tolérance et à l'ouverture sur l'Autre en prônant la cohabitation pacifique et la culture de non-violence entre toutes les communautés pour éviter de tomber dans le fanatisme aveugle. D'autant plus que les quelques milliers de Juifs tunisiens qui restent refusent de quitter la Tunisie pour Israël, préférant demeurer fidèles à la terre natale et à leur tunisianité, étant fiers d'être citoyens tunisiens. Il faut dire que même ceux qui ont quitté auparavant la Tunisie pour aller s'installer en Israël ou en France continuent à avoir de la nostalgie pour leur pays natal dont ils gardent encore les meilleurs souvenirs d'enfance ou de jeunesse.