On se languissait un peu d'un cinéma cérébral ou se prétendant comme tel, de films de constat sidérés par une réalité qui les englobe. Et voilà que Rachid Djaidani, réalisateur Algéro-soudanais de nationalité française, nous offre un beau moment de cinéma avec « Rengaine », présenté à la quinzaine des réalisateurs. Ce premier long-métrage porté durant neuf ans, par ce cinéaste multicarte, autodidacte et hors du commun, tranche avec la fausse ingénuité de bon nombre de films vus jusqu'à présent en cette toute petite édition. Avant de se frotter au cinéma, Djaidani a été champion de boxe thai, comédien dans la troupe de Peter Brook, et romancier à succès. Totalement autoproduit, « Rengaine », est le projet d'une vie d'un réalisateur habité par une rage de filmer et une détermination à toute épreuve.
Une histoire simple, Sabrina, jeune maghrébine a décidé d'épouser Dorcy, français d'origine africaine, Slimane l'aîné de ses quarante frères décide de s'opposer au mariage de son unique sœur. Cette union ne peut pas voir le jour, parce qu'aux yeux de Slimane, gardien de la tradition, une arabe ne peut pas épouser un black, même si on est à Paris, et c'est d'autant plus impossible que ledit black n'est pas musulman. Djaidani nous raconte cette histoire avec l'énergie et la spontanéité de quelqu'un qui en a plein sur le cœur. Caméra au poing, vissée aux corps de ses comédiens, au plus près des visages, le cinéaste est en quête de vérité, celle de l'expression, de l'émotion et du doute. Djaidani nous donne à voir en montage alterné, les pérégrinations de Slimane qui va à la rencontre de ses frères disséminés dans Paris et celles du couple formé par Sabrina et Dorcy. L'acharnement de Slimane (une vraie gueule de cinéma) est à la mesure de la relation cachée qu'il entretient avec une chanteuse juive, Nina avec laquelle il vit une histoire passionnée. Cette contradiction qui mine Slimane constituera le moteur du scénario. L'attitude de Slimane n'est pas isolée, sa décision de s'opposer à cette « mésalliance » recueille l'assentiment de tous ses frères, à quelques exceptions. Plus, dans l'entourage de Dorcy, le fiancé de Sabrina, les préjugés sont aussi tenaces, rares sont ses amis qui voient d'un bon œil son futur mariage avec une « Robeu » (arabe en verlan). Au fondement de ces clivages communautaires, des stéréotypes sans fondement, auxquels Djaidani s'attaque par le biais d'un humour décapant aux antipodes de tout didactisme. Des dialogues enlevés, en bonne partie improvisés, immunisent « Rengaine » contre le moralisme dans lequel il aurait pu facilement basculer. Entre arabes et noirs, on est plutôt amis dans la vie de tous les jours, ceci ne nous empêche pas que face à ce type de situation de se balancer par moments des mots malheureux à la figure. Les anathèmes fusent de part et d'autre sans qu'à aucun moment ces conflits ne débouchent sur le drame, issue convenue évitée avec beaucoup de bonheur par Rachid Djaidani. Si le scénario de « Rengaine » reste un peu bancal du scénario et que la chute un peu bienpensante, le film est irrigué par une énergie extraordinaire et une cohérence dans les partis-pris de mise en scène qui annoncent la naissance d'un cinéaste avec lequel il faudra désormais compter. Ce premier long-métrage porté durant neuf ans, par ce cinéaste multicarte, autodidacte et hors du commun, tranche avec la fausse ingénuité de bon nombre de films vus jusqu'à présent en cette toute petite édition. Avant de se frotter au cinéma, Djaidani a été champion de boxe thai, comédien dans la troupe de Peter Brook, et romancier à succès. Totalement autoproduit, « Rengaine », est le projet d'une vie d'un réalisateur habité par une rage de filmer et une détermination à toute épreuve.
Une histoire simple, Sabrina, jeune maghrébine a décidé d'épouser Dorcy, français d'origine africaine, Slimane l'aîné de ses quarante frères décide de s'opposer au mariage de son unique sœur. Cette union ne peut pas voir le jour, parce qu'aux yeux de Slimane, gardien de la tradition, une arabe ne peut pas épouser un black, même si on est à Paris, et c'est d'autant plus impossible que ledit black n'est pas musulman. Djaidani nous raconte cette histoire avec l'énergie et la spontanéité de quelqu'un qui en a plein sur le cœur. Caméra au poing, vissée aux corps de ses comédiens, au plus près des visages, le cinéaste est en quête de vérité, celle de l'expression, de l'émotion et du doute. Djaidani nous donne à voir en montage alterné, les pérégrinations de Slimane qui va à la rencontre de ses frères disséminés dans Paris et celles du couple formé par Sabrina et Dorcy. L'acharnement de Slimane (une vraie gueule de cinéma) est à la mesure de la relation cachée qu'il entretient avec une chanteuse juive, Nina avec laquelle il vit une histoire passionnée. Cette contradiction qui mine Slimane constituera le moteur du scénario. L'attitude de Slimane n'est pas isolée, sa décision de s'opposer à cette « mésalliance » recueille l'assentiment de tous ses frères, à quelques exceptions. Plus, dans l'entourage de Dorcy, le fiancé de Sabrina, les préjugés sont aussi tenaces, rares sont ses amis qui voient d'un bon œil son futur mariage avec une « Robeu » (arabe en verlan). Au fondement de ces clivages communautaires, des stéréotypes sans fondement, auxquels Djaidani s'attaque par le biais d'un humour décapant aux antipodes de tout didactisme. Des dialogues enlevés, en bonne partie improvisés, immunisent « Rengaine » contre le moralisme dans lequel il aurait pu facilement basculer. Entre arabes et noirs, on est plutôt amis dans la vie de tous les jours, ceci ne nous empêche pas que face à ce type de situation de se balancer par moments des mots malheureux à la figure. Les anathèmes fusent de part et d'autre sans qu'à aucun moment ces conflits ne débouchent sur le drame, issue convenue évitée avec beaucoup de bonheur par Rachid Djaidani. Si le scénario de « Rengaine » reste un peu bancal du scénario et que la chute un peu bienpensante, le film est irrigué par une énergie extraordinaire et une cohérence dans les partis-pris de mise en scène qui annoncent la naissance d'un cinéaste avec lequel il faudra désormais compter.