• 882 cas d'agression entre mars 2011 et mai 2012 Le pays en effervescence de grèves. A leur tour, les médecins internes et résidents des soins non urgents sont entrés en grève de trois jours depuis avant-hier, jusqu'à aujourd'hui. Ils ont une seule revendication qui fait exception et qui n'est pas matérielle, celle-ci tient à assurer leur sécurité à travers la mise en œuvre des accords signés avec le ministère de la santé. Le slogan de ces journées : médecins en danger=santé en danger. Lors d'une conférence de presse très suivie tenue hier à la Faculté de Médecine de Tunis, Dr Chokri Zayani avec ses collègues du syndicat des internes et résidents de Tunis (SIRT), ont fourni des éclairages utiles sur la situation des médecins internes et des résidents sur le plan sécuritaire. 822 cas d'agressions à l'encontre des médecins ont été enregistrés entre mars 2011 et mai 2012. Ce sont des agressions physiques perpétrées contre des médecins internes, résidents et médecins de la santé publique. Les plus graves ont nécessité deux hospitalisations en réanimation pour traumatisme cérébral et traumatisme, plus fracture du rachis cervical, celle du Dr. A.B à la Rabta et celle du Dr. A.L à Bizerte. Dr. N.J. de l'Institut de Nutrition de Tunis a fait un avortement post traumatique suite à une agression. A l'hôpital Wassila Bourguiba, une agression à l'arme blanche et un vol à main armée des voitures des Drs. F et Y ont été signalés.
Les grévistes ne sont pas à leur première expression de mécontentement. Un accord avait été signé avec le Directeur général de la santé le 14 septembre 2011 et un autre avec le Conseiller du ministre de la Santé publique, le 17 février 2012. Sans résultat. Le ministère n'a pas respecté ses engagements.
Le syndicat constate la gravité des deux dernières agressions qui ont nécessité le passage des victimes par le service réanimation. C'est la goutte qui a fait déborder le vase. La multiplication des agressions augmente. Faute de poursuites judiciaires, les agresseurs impunis ne pourront que récidiver dans leurs sales besognes.
Le SIRT explique la multiplication des agressions par l'absence de cadre juridique pour les internes et résidents. Un projet de statut avait été proposé depuis 2010 à quatre ministres différents. Demeuré sans suite. Le personnel chargé de sécurité n'est pas qualifié et inopérant. Il est démuni d'outils et de moyens pour pouvoir dissuader les assaillants. Il est communément admis que les délais d'attente sont trop longs dans les urgences. Dr Chokri Zayani, répond à cette critique en affirmant que le délai d'attente du patient entre son admission et la consultation par un médecin est de 2 à 3h en Tunisie. Il est de 6 à 8h au Canada.
Le retard se situe plutôt dans la prise en charge du malade, pour manque de personnel et de moyen. La structure architecturale de l'hôpital est inadaptée. A titre d'exemple l'hôpital La Rabta s'étend sur 10 hectares alors que le service d'urgence n'occupe que 200 m2, pour accueillir 500 patients par 24h. A propos de la qualité des rapports entre médecins et patients, Dr. Chokri Zayani, rappelle que le médecin interne travaille entre 75 et 120h par semaine.
Le médecin qui travaille sous pression des vagues successives de malades qui viennent aux urgences ne peut consacrer beaucoup de temps à la communication avec les malades. On ne peut pas soutenir la comparaison avec le secteur privé. Entre un médecin qui a 70 malades à soigner à celui qui n'en a que 4, aucune comparaison n'est possible.
Les médecins internes et résidents revendiquent une solution radicale pour leur problème de sécurité.
Dans le corps des médecins la crainte est grande qu'il y ait une volonté de dévaloriser la santé publique par rapport au secteur privé. Le secteur public est en danger. Tout en assurant les soins de santé pour 70% des Tunisiens, il ne récupère que 50% des prises en charge de la Caisse Nationale d'Assurance Maladie (CNAM). La demande de mise à niveau du secteur de la santé est toujours en vigueur.
Et si cette grève de trois jours, n'est pas suivie par une réponse positive du ministère de la Santé ? Après un bon délai d'attente, une autre grève suivra et sept jours seront observés, si l'Assemblée Générale des médecins internes et résidents l'approuve.