• Un interne sauvagement agressé Une cinquantaine de médecins ont observé hier, un Sit-in devant le siège du ministère de la Santé publique. Le Sit-in organisé par des médecins résidents, des internes et des étudiants en médecine survient après l'agression d'un de leurs collègues: Mohammed Amine Bani, interne aux urgences de l'hôpital universitaire de la Rabta par les parents d'un patient. Selon les sit-inneurs, Mohammed Amine Bani est la dernière victime du corps médical, qui travaille dans des conditions désolantes avec les nerfs à vif et la peur au ventre de faire face aux coups de colère des patients et de leurs proches. Il s'agit d'un interne qui a été sauvagement agressé par les parents d'un patient. Mohammed Amine Bani a été hospitalisé après un traumatisme cranien. Ses amis et collègues ont manifesté hier devant le ministère de tutelle pour demander de mettre fin à ces agressions «J'étais en train d'examiner un patient souffrant d'une hémorragie digestive et dont l'état nécessitait une intervention chirurgicale d'urgence. En essayant d'appeler le service concerné afin de le transporter le plus vite possible, je fus surpris par les parents du patient qui ont commencé à m'insulter puis m'ont agressé physiquement avant de quitter mon bureau pour celui du directeur de l'hôpital », raconte Mohammed Amine Bani encore hospitalisé à la Rabta pour 24 heures sous surveillance. « Mohammed Amine pourra rentrer demain chez lui mais je pense qu'il sera déprimé et traumatisé durant un bon moment car ce qui s'est passé n'est pas du tout une chose facile à digérer », déclare Dr Falfoul, chef de service des urgences. Appel aux autorités concernées Devant le siège du MSP, la foule avait une demande claire et précise : les autorités concernées doivent assumer leurs responsabilités pour circonscrire l'accroissement de ce phénomène et dissuader tous ceux qui tentent de porter atteinte à l'intégrité des hôpitaux. « Nous demandons au ministère de la Santé de prendre des mesures urgentes pour protéger les médecins qui sont les premières victimes de l'agressivité d'une grande majorité des parents des patients. Hier notre collègue Amine Bani a été la victime d'une agression qui lui a causé un traumatisme crânien avec perte de connaissance. Avec cette passivité enregistrée de la part des autorités concernées, peut-être demain, un autre collègue sera exposé à la colère d'autres parents et on finira par sombrer dans l'anarchie », crie Nader, un étudiant en médecine qui ajoute que la solution réside dans une organisation intelligente et compétente des urgences « Ce qui est loin d'être le cas de nos hôpitaux actuellement », renchérit Nader. En fait, les internes et les résidents de la Rabta ne se sont pas contentés d'observer le Sit-in. Ces derniers ont décidé de ne plus assurer les gardes aux urgences de l'hôpital avant l'amélioration des conditions sécuritaires dans les lieux. « Encore mieux, nous allons proposer au ministère de tutelle d'imposer aux chefs de service de la Rabta des gardes aux urgences. Une garde par mois pour chacun d'eux mais sur place cette fois ci et non pas à domicile », dit Amine Belhadi, résident en deuxième année. Il affirme qu'il s'agit de la meilleure façon pour faire apprendre aux jeunes résidents et internes les méthodes de gestion de foule, du stresse, des agressions physiques et morales et des provocations gratuites. « De cette manière, le chef de service sera sur les lieux pour résoudre les problèmes de son “service”, l'interne apprendra les bons réflexes et aura un encadrement pratique et non pas théorique et ainsi le patient ne sera plus confronté aux erreurs et fautes médicales commises par des inexpérimentés en cours de formation », finit Amine. Ce n'est pas une première ! « Malheureusement, il ne s'agit pas d'une première », note Dr Oussama Othman, orthopédiste. Selon lui, les médecins ont besoin, aujourd'hui, d'un système intégré mis en place par les autorités en vigueur afin d'assurer la sécurité des porteurs de blouses blanches et des patients qui sont aussi exposés à certaines agressions. « L'agression de Mohammed Amine Bani vient suite à une série d'attaques à l'encontre de médecins et d'infirmiers par des familles de malades et parfois des délinquants profitant de l'insécurité au sein des hôpitaux. Nous nous rappelons tous du groupe de délinquants qui a attaqué le parking du Centre de maternité et de néonatalogie de Tunis. Ces derniers ont terrorisé les agents de sécurité et les usagers du parking avant de s'emparer d'une voiture neuve appartenant à une femme médecin ». Selon Dr Othman, les médecins doivent être solidaires et essayer de faire face à ces agressions qui les empêchent d'exercer dans des conditions respectables. « Ce qui aura sans doute un impact négatif sur les patients et par ricochet sur toute la société qui dépend d'une manière ou d'une autre du corps médical ».