Le ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle n'a pas caché son agacement à entendre un journaliste qualifier les derniers troubles en Tunisie de «catastrophique» pour la saison touristique. C'est, peut-être, exagéré, mais le journaliste n'est pas loin de la réalité. L'image de la Tunisie est réellement ternie et sa destination touristique sérieusement affectée. Les commentaires parus dans les médias étrangers, ne sont guère tendres, ils présentent plutôt un pays livré à l'anarchie, à la déliquescence, à l'affaiblissement de l'autorité de l'Etat et à la montée en puissance du fanatisme et de la violence religieuse. Eric Zemmour, dans sa chronique quotidienne, sur une radio très écoutée en France, RTL, parlait même d'une « Tunisie qui évoque Berlin des années 30 et Moscou sous Staline ». Ce qui n'est pas pour encourager les touristes à venir en Tunisie et encore moins, les investisseurs au moment où le pays a le plus besoin de capitaux, de création d'entreprises et de postes d'emploi. Pourquoi en est-on arrivé là, alors que l'avenir s'annonçait sous de bons auspices après le succès des premières élections libres et démocratiques du pays et après les espoirs nés d'une transition démocratique, réalisant les objectifs de la Révolution ? Aujourd'hui, tout le monde accuse tout le monde. Et la classe politique continue de se perdre dans les débats stériles et les calculs étriqués. Mais il y a des responsabilités, celles de garantir la sécurité des biens et des personnes et d'imposer l'autorité de l'Etat en premier lieu, et elles incombent au gouvernement. Les dépassements qui ont eu lieu démontrent qu'il n'a pas vu les choses venir. Pourtant, il a été averti du danger que représente le courant salafiste violent sur la scène tunisienne. Il a plutôt agi avec laxisme et complaisance. Le pire est qu'aujourd'hui, des voix s'élèvent pour trouver des alibis à ce courant et à privilégier le dialogue et la voix du consensus avec ses leaders.