Le feuilleton de l'équipe de France — et ses nombreux rebondissements — fait forcément réagir la classe politique. Roselyne Bachelot devait rencontrer hier le président de la FFF, Raymond Domenech et le capitaine Patrice Evra. Et certains en appellent même à l'Etat pour sortir dignement de la crise Depuis deux jours — et la désormais célèbre Une de L'Equipe sur les propos prêtés à Nicolas Anelka — on ne parle plus que de ça. Ça, le feuilleton des Bleus, riche en rebondissements. Dernier en date: la mutinerie de l'équipe de France dimanche, qui a refusé de participer à l'entraînement pour manifester sa solidarité avec le joueur exclu et contraint le sélectionneur, Raymond Domenech, à lire un message à la presse. L'affaire, désormais nationale, ne pouvait laisser indifférents les politiques qui, tout au long du week-end, y sont allés de leurs petits commentaires. Sur France 5, Eric Woerth a ainsi appelé les joueurs "qui ont peut-être perdu le ballon ou la boule à retrouver leur calme". "Il faut que les joueurs comprennent pourquoi ils sont sur le terrain, ce que veut dire le maillot de l'Equipe de France. Les joueurs ne sont pas là pour décider", a ajouté le ministre du Travail. La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, qui a porté les couleurs de l'équipe de France en natation synchronisée, s'est, elle, dit, sur RTL, "consternée par ce comportement", appelant les footballeurs à "faire ce qu'il faut faire quand on est sportif de haut niveau". Le porte-parole de l'UMP, Dominique Paillé, fait lui la chasse aux coupables: "Que les responsables qui ont conduit à ce qui est aujourd'hui un fiasco sachent en tirer les conclusions eux-mêmes, c'est une question d'honneur." Quant à la vice-présidente du Front national, Marine Le Pen, elle est allée jusqu'à demander la démission de la ministre des Sports, Roselyne Bachelot, pour "l'humiliation mondiale" subie par le pays. Rien que ça. "Les nécessaires remises en cause" La ministre des Sports, qui a observé en silence les événements de dimanche, est intervenue au 20h00 de TF1. Elle a notamment indiqué qu'elle restait en Afrique du Sud jusqu'à mardi, à la demande de Nicolas Sarkozy. "Lui, comme moi, nous prenons la mesure de l'indignation des Français et c'est vrai que nous en appelons à la dignité et à la responsabilité", a-t-elle déclaré. Roselyne Bachelot devait rencontrer hier le capitaine de l'équipe, Patrice Evra, le président de la Fédération française de football (FFF) Jean-Pierre Escalettes et le sélectionneur Raymond Domenech. Interrogée sur d'éventuelles mesures, elle a répondu que "l'heure n'était pas à établir des sanctions, ni des bilans". Et d'ajouter : "Quant aux nécessaires remises en cause, nous les pratiquerons sans aucune complaisance dès le retour des Bleus dans notre pays". Certains, à l'image de l'ancien champion du monde Franck Lebœuf dimanche soir sur TF1, en appellent d'ailleurs à l'Etat, pour mettre fin à la cacophonie. Interrogé sur une éventuelle "intervention politique", le conseiller spécial de l'Elysée, Henri Guaino, s'est toutefois montré sceptique. "Je ne vois pas de quelle décision politique la situation actuelle pourrait relever: on ne peut pas décréter la cohésion de l'équipe de France", a-t-il ainsi déclaré. D'autres entendent déjà élargir le débat. Le philosophe Alain Finkielkraut a évidemment sauté sur les rumeurs de clans qui diviseraient l'équipe de France. Dénonçant "les divisions ethniques et religieuses" qui existeraient, selon lui, au sein des Bleus, il a estimé que cela renvoyait "à la France le spectacle de sa propre désunion et de son implacable déliquescence. On a rêvé avec l'équipe de la génération Zidane, aujourd'hui on a plutôt envie de vomir avec la génération caillera", a-t-il encore déclaré. Il y aurait donc la France "black, blanc, beur" de 98, unie dans la victoire, et celle de 2010, désunie dans la défaite. Un raisonnement auquel le ministre de l'Immigration, Eric Besson, n'a pas adhéré. Interrogé hier matin, il a estimé qu'il valait mieux éviter ce genre de déduction hâtive.