Elle ne fait peut-être pas l'unanimité, mais l'initiative de Béji Caïd Essebsi constitue une éclaircie dans le ciel obscur de Tunisie. Elle revigore les démocrates, les défenseurs des libertés et d'un Etat civil. Elle redonne à l'opposition, émiettée et minée par ses dissensions, l'espoir de rassemblement en vue d'un rééquilibrage du paysage politique du pays, dominé par le parti islamiste Ennahdha. C'est cette prédominance, cette hégémonie qui fait le plus peur, qui fragilise la transition démocratique et qui fait ressurgir le spectre d'un retour à la dictature et à ses ignobles pratiques. Mais tout en mettant en garde contre l'hégémonie d'un parti “unique”, Béji Caïd Essebsi est catégorique : «Aucune réforme ne peut se faire sans le parti Ennahdha». C'est en quelque sorte une reconnaissance du poids de ce parti sur la scène nationale. Ce qui ne peut être en aucun cas, prétexte à un excès d'orgueil menant à de graves dérives. Car comme le dit Béji Caïd Essebsi, il n'y a pas que la légitimité électorale, il y a aussi la légitimité consensuelle et celle de la compétence. Or le gouvernement issu de la Troïka a péché depuis son accession au pouvoir par amateurisme, ce qui porte préjudice à l'autorité de l'Etat et menace les acquis du peuple tunisien et son modèle de société. Béji Caïd Essebsi appelle le gouvernement à privilégier la voie du dialogue et du consensus. Il appelle également les diverses tendances politiques, qui partageraient son opinion, à se rassembler derrière son initiative sans exclure aucune tendance.