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Début de structuration du système partisan
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 05 - 2012


Par Hatem M'RAD*
Après la Révolution du 14 janvier, le nouveau multipartisme tunisien est passé par deux phases. Une première phase post-révolutionnaire, caractérisée par un surnombre de partis, plus d'une centaine, nouvellement légalisés. Tous les brimés de l'ancien régime, tous les courants politiques, d'innombrables branches mêmes ou ailes d'anciens partis ou de nouveaux mouvements, de multiples anciennes dissensions ont décidé de remonter à la surface, de nouvelles ambitions accompagnant l'enthousiasme révolutionnaire se sont cristallisées dans des partis politiques. Même des « intrus » ou des amateurs politiques, nouvellement emballés par la politique dans un contexte démocratico-révolutionnaire, ont pu créer des partis politiques en vue de prochaines élections promises à un pluralisme réel, et constituant à leurs yeux de véritables enjeux politiques.
Une deuxième phase post-électorale, née des résultats des élections de l'Assemblée constituante du 23 octobre 2011, a permis l'émergence d'une nouvelle forme élémentaire de structuration, appelée à évoluer encore au gré des rapides évolutions, successions de fusions et scissions entre les partis. La coalition gouvernementale entre un parti islamiste et deux partis de centre gauche, les trois partis les mieux positionnés dans les résultats de ces élections, Ennahdha, CPR et Ettakatol, a fait démarrer le processus de regroupement des partis, puisqu'elle a contraint les autres partis de l'opposition à entrer en pourparlers en vue de la constitution d'alliances dans le cadre de l'opposition, susceptibles de contrecarrer la coalition gouvernementale. Mais, d'ici les prochaines élections législatives, à partir desquelles se positionnent dès maintenant les partis politiques, la situation restera encore fluide et mouvante. A la veille des prochaines élections, on aura probablement un meilleur tableau des partis et des configurations plus stabilisées.
Certes, un système partisan ne pourra se stabiliser qu'au bout de deux élections environ, du moins d'après les enseignements de la science politique. Mais, le système partisan actuel s'identifie plutôt au système multipartisan intégral. La représentativité des partis à l'Assemblée a été amplifiée par le mode de scrutin proportionnel.
L'émiettement des partis doit toutefois être relativisé par le poids électoral de 4 partis : Ennahdha (89 sièges), CPR (29 sièges), Ettakatol (20 sièges) et PDP (16 sièges). Les trois premiers ont constitué une majorité islamo-laïque, le dernier, n'ayant pas voulu rejoindre une majorité composée d'islamistes, est devenu le chef de file de l'opposition et l'initiateur d'autres regroupements. Au fond, le début de structuration du système partisan est redevable à ces quatre partis.
N'ayant pu constituer un gouvernement d'union nationale avec les partis les plus représentatifs à l'Assemblée constituante, un type de gouvernement justifié pourtant par la nécessité de gouverner par consensus dans la difficile période de transition, Ennahdha, CPR et Ettakatol ont décidé de former un gouvernement de coalition, plus ou moins prévu d'ailleurs avant même les élections. Ce gouvernement de coalition représente dans son ensemble 138 sièges sur 217 à la Constituante, c'est-à-dire 63% des sièges, et 2.090.884 votants sur 4.300.000 inscrits, c'est-à-dire 49,74% des voix. A l'intérieur de cette coalition, Ennahdha émerge du lot. Elle représente 61,59% des sièges de la coalition et 2/3 des nombres de voix de la coalition. C'est la raison pour laquelle elle était en droit de conduire le gouvernement et de s'attribuer la majorité des portefeuilles ministériels. Mais Ennahdha ne pourra pas bien gouverner sans le secours des deux autres alliés, comme l'atteste son début de désarroi face à la scission du CPR. Tout comme le CPR et Ettakatol ne pourront pas participer au gouvernement de coalition majoritaire sans leur solide alliance avec Ennahdha. Ennahdha peut gouverner sans eux, avec d'autres, mais eux, ne pourront pas pour le moment participer au gouvernement sans Ennahdha qui, faut-il le souligner, est un des rares partis qui ne soit pas touché par la vague des scissions.
Assurément, durant cette phase transitoire, le surnombre de partis politiques, à l'intérieur et en dehors de la Constituante, est une réalité dans la petite Tunisie. Une réalité de plus en plus remise en cause. Il y a aujourd'hui en effet deux raisons qui militent contre l'émiettement des partis. D'abord, la majorité des Tunisiens, toutes tendances et toutes catégories confondues, appellent à l'union des partis, à la fusion, au regroupement. Ils ont tous critiqué la confusion et la cacophonie des partis lors des élections, une cacophonie à laquelle ils sont peu habitués. Ensuite, les partis sérieux ont tiré les enseignements de leur dispersion aux dernières élections, et surtout de la dispersion de 1.290.293 voix, envolées dans la nature, car dirigées vers de petits partis qui n'ont pu obtenir des sièges. Ces voix perdues, si elles étaient portées vers des partis laïques ou réformistes sérieux, vers un front uni ou vers des alliances, auraient pu atténuer la majorité d'Ennahdha.
C'est pourquoi, dans la logique des choses, on s'achemine aujourd'hui en Tunisie vers un système d'alliances et de regroupement des forces que le scrutin proportionnel avait poussé inévitablement à la dispersion. Les partis sont incontournables en démocratie, surtout en période électorale. Mais, la démocratie ne se réduit ni à la liberté de création des partis, ni au surnombre des partis. Elle a besoin d'abord, pour être effective, de la structuration de la vie politique et de l'encadrement de l'opinion par des partis forts, solides, disciplinés, implantés sur l'ensemble du territoire. Le système d'alliances est nécessaire pour créer des rapports de force peu déséquilibrés, à l'intérieur ou à l'extérieur de l'Assemblée constituante, et demain au Parlement, que la multiplicité de partis faibles ne permet pas, surtout face à Ennahdha qui constitue, à elle seule, une force politique et sociologique.
Les alliances devraient surtout être constituées autour des grands courants politiques et historiques du pays : le réformisme libéral (représenté par 14 partis typiquement libéraux et 44 partis centristes à ce jour), l'islam (9 partis actuellement, mais Ennahdha n'a pas besoin de leur appui, elle a obtenu seule une forte majorité) et la gauche (socialistes et sociaux-démocrates, 13 partis). Ces tendances sont les trois grands courants historiques depuis la fin du XIXe siècle, reconnus d'ailleurs par les historiens eux-mêmes. Les courants secondaires, par rapport à la tradition historique et politique tunisienne sont : les nationalistes panarabes et baâthistes (12 partis actuellement, mais peu représentatifs), les Tunisiens se reconnaissent plutôt traditionnellement dans le nationalisme libéral bourguibien ; les communistes et les marxistes (2 partis), courant en voie de disparition dans le monde ; enfin les écologistes (3 partis), peu enracinés encore sur le plan politique. On est plutôt habitué à les voir dans un cadre associatif.
Les grands courants ne meurent pas en principe. Ecartés artificiellement, ils réapparaissent aussitôt. Dissous par une décision du tribunal, les Destouriens et Rcdistes dissidents sont revenus par des moyens bifurqués. Ils représentent un courant historique. Il vaut mieux en tenir compte. C'est une loi politique. Ecartés du pouvoir après la désagrégation de l'empire soviétique, les communistes sont arrivés, à la suite des élections démocratiques qui ont été organisées par la suite, à gagner dans un premier temps les législatives dans quelques pays de l'Est, notamment en Pologne, et à être influents ailleurs. En démocratie, seul l'électorat est en mesure de faire disparaître, définitivement ou provisoirement, un parti ou un courant.
Les regroupements ont de fait permis de réduire progressivement le nombre des partis à 98 (à la date de mai 2012). La vie des partis voit en effet apparaître aujourd'hui quatre alliances de partis. Outre la coalition gouvernementale d'Ennahdha-CPR-Ettakatol, qui détient la majorité effective à l'Assemblée, une alliance centriste, conduite par le PDP, a été constituée au mois d'avril et a fait émerger un nouveau parti, le Parti républicain, qui représente officiellement près d'une trentaine de sièges environ à l'assemblée. Cette alliance-fusion est composée de 7 partis dont le PDP, Parti républicain, Afek Tounes, Al Irada, le Mouvement Bledi, le Parti pour la démocratie et la justice sociale, Hezb el Karama et d'anciennes listes et personnalités indépendantes. Ensuite, une autre alliance de partis de gauche et de personnalités indépendantes a été constituée autour d'Ettajdid, du PTT et du PDM, elle a pris la dénomination de la Voie démocratique et sociale (Al Massar). Enfin, une dernière alliance est sur le point d'être constituée autour de Destouriens démocrates, Centristes et, Modernistes, une alliance répondant à une initiative lancée par l'ancien Premier ministre Béji Caïd Essebsi, autour des valeurs de modernité, de réformisme et de tolérance.
Ces trois dernières alliances, dans l'opposition actuellement, ont l'intention de se regrouper à leur tour dans une dernière phase, dans la perspective des prochaines législatives, autour d'une super-alliance. Peu de choses séparent réellement ces trois alliances, mais un adversaire électoral sérieux les réunit : l'islamisme. Cette probable alliance de trois alliances est déjà redoutée par l'alliance gouvernementale, si on s'en tient aux déclarations des dirigeants des partis qui la composent.
La situation des partis est encore à ce jour fluide et évolutive. Mais, on s'achemine vers un système bipolaire autour de deux grandes alliances, voire vers une sorte de bipartisme de fait entre une grande alliance politiquement homogène, composée de partis laïques centristes, actuellement rattachée à l'opposition, et une autre grande alliance politiquement hétérogène, composée d'un parti islamiste et de deux partis laïques de gauche, une alliance conduite principalement par Ennahdha.
Les difficultés de l'action gouvernementale en cette phase de transition créent tous les jours, comme on l'observe, des tiraillements et des tensions entre les composantes de la coalition gouvernementale, et spécialement entre les partis laïques de gauche (CPR et Ettakatol) et le parti islamiste, Ennahdha. Elles créent en outre des tensions à l'intérieur des partis membres de la coalition gouvernementale. En effet, une partie des militants d'Ettakatol s'est retirée du parti pour rejoindre d'autres alliances plus «naturelles». De même, le CPR semble sur le point de se scinder en deux. Ce sont là les limites du processus de structuration des partis, qui n'est qu'à ses débuts. Mais la tendance générale va vers les regroupements.
* (Professeur de science politique)


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