Evènement prometteur de taille dans la réalisation de l'intégration arabo - maghrébine et euro - méditerranéenne, l'entrée en vigueur, ces dernières semaines, de l'Accord arabo - méditerranéen de libre échange dit ''Accord d'Agadir'' est passée relativement inaperçue, notamment au niveau de l'opinion publique tunisienne, alors que la Tunisie est membre fondateur de cet Accord et a été désignée pour assurer la direction de sa principale institution, en l'occurrence l'Unité Technique de l'Accord d'Agadir. Il concerne, pourtant, la création d'une grande zone de libre échange arabo - maghrébine.
Initié avec l'encouragement et le soutien financier de l'Union Européenne, dans le cadre de la mise en œuvre du Processus de Barcelone tendant au renforcement du partenariat stratégique entre l'U.E et la région méditerranéenne, notamment en ce qui concerne la création d'une zone de libre échange euro-méditerranéenne à l'orée de 2012, l'Accord d'Agadir regroupe la Tunisie , le Maroc , l'Egypte et la Jordanie , soit les pays arabes et maghrébins ayant conclu des accords d'association avec l'U.E mais il devrait s'élargir aux autres pays arabes et maghrébins appelés à en faire autant, dans un proche avenir, en particulier la Syrie , le Liban, l'Autorité palestinienne, la Libye et l'Algérie.
Départ réussi
En effet, l'Union Européenne a consacré, en 2003, une enveloppe de 4 millions d'Euros en vue d'aider au développement du commerce et de la complémentarité économique entre les pays du Sud de la méditerranée en tant que support essentiel au partenariat stratégique euro-méditerranéen. Ainsi, l'Accord d'Agadir signé depuis 2001 sous forme d'une simple déclaration solennelle entre les quatre pays membres, dans la ville marocaine d'Agadir, a pu revêtir l'aspect d'un accord officiel en février 2005 avant d'entrer en vigueur en juillet 2006, grâce à sa ratification par les Etats membres, successivement en juillet 2006 par la Jordanie qui en abrite le siège dans la capitale Amman, en février 2007 par la Tunisie qui assure la direction de son Unité Technique, en mars 2007 par l'Egypte et également en mars 2007 par le Maroc. Une fois, cette mise en place achevée dans les meilleures conditions, les ministres chargés du commerce extérieur des pays membres ont pu tenir leur première réunion le 21 juin 2007 à Amman et ont notamment arrêté, à cette occasion, le programme d'action de l'Unité Technique dirigée par l'expert tunisien connu en commerce extérieur, Férid Tounsi. Le suivi de la mise en application de l'Accord d'Agadir est, en effet, assuré par quatre structures, à savoir le Conseil des ministres des Affaires Etrangères des pays membres, le Conseil des ministres chargés du Commerce Extérieur, un Comité directeur dit Comité d'orientation et enfin l'Unité Technique qui est l'organe exécutif de l'Accord.
L'Unité technique déjà à l'œuvre
Sans plus tarder, l'Unité Technique de l'Accord d'Agadir a lancé des avis d'appel d'intérêt pour l'élaboration de deux études d'intégration économique sectorielle. La première étude sectorielle porte sur ''les possibilités de complémentarité, de cumul d'origine et d'intégration du secteur du textile et de l'habillement dans les pays membres de l'Accord d'Agadir (Tunisie, Maroc, Egypte et Jordanie). La deuxième étude sectorielle porte sur ''les possibilités de complémentarité, de cumul d'origine et d'intégration du secteur des Composantes et des pièces de rechange et des activités d'assemblage des véhicules automobiles dans les pays membres. Des renseignements complets sur la participation des experts concernés à ces appels d'offres sont fournis dans le site WEB de l'Accord d'Agadir (www.agadiragreement.org). Face aux échecs cumulés par les pays maghrébins et arabes en matière d'intégration économique effective, malgré les nombreux accords conclus à cet effet, l'Accord d'Agadir promet, ainsi, d'être plus sérieux. D'autant qu'il bénéficie de l'appui de l'Union Européenne et se place dans le grand processus intégratif de Barcelone. La situation économique de la Tunisie , entre autres, comporte des facteurs propres à en garantir le succès. Ainsi, l'Egypte draine 31% des exportations tunisiennes vers les pays du Moyen Orient et du Golfe, tandis que plus de 10% des importations tunisiennes proviennent des pays maghrébins et arabes. Mais en intégrant ces chiffres à ceux relatifs aux échanges tunisiens avec l'Union Européenne, c'est pratiquement plus de 90% du commerce extérieur tunisien qui se trouve, ainsi, couvert. Et il en va de même pour les autres pays membres.