A l'origine d'une grave crise politique au sommet de l'exécutif tunisien, l'ancien Premier ministre du colonel Khadhafi remonte sur la scène médiatique dans ce qui pourrait être un règlement de compte avec les responsables de son extradition dans son pays. Et il n'y va pas de main morte. Car ses accusations risquent encore une fois de mobiliser les organisations de défense des droits de l'Homme, celles-là mêmes qui continuent de s'indigner et de dénoncer son extradition vers un pays dépourvu d'institutions, livré à l'anarchie et où les conditions d'un procès équitable ne sont pas garanties. Baghdadi Mahmoudi déclare à une délégation de Humans Rights qui lui rendait visite dans sa cellule à Tripoli qu'il a été « maltraité et violenté » à la prison Mornaguia et que les autorités tunisiennes ne lui permettaient pas de rencontrer son avocat. Il n'omet cependant pas d'affirmer à la délégation de HRW qu'il jouit d'un bon traitement en Libye depuis son extradition. On aimerait bien le croire. Mais est-il concevable qu'il soit bien traité dans le pays qui a remué ciel et terre pour obtenir son extradition et où il compte plus d'ennemis que d'amis, et qu'il soit maltraité dans le berceau des révolutions arabes, le pays qui s'est insurgé le premier contre la dictature et qui a accueilli des milliers de réfugiés libyens aux pires moments de leurs souffrances ? On admet que l'extradition de Baghdadi Mahmoudi soit une erreur du gouvernement tunisien pour laquelle il continue de subir d'acerbes critiques, mais il n'est pas certain que M.Mahmoudi dise toute la vérité. On croit plutôt qu'il est emporté par un esprit de vengeance pour discréditer ses anciens geôliers tout en jetant des fleurs aux nouveaux dans l'espoir d'une clémence qui ne se manifestera jamais.