A l'approche des échéances électorales cruciales, la tension politique monte, le climat social s'envenime et la violence s'installe dans les mœurs de la société tunisienne comme nouvel instrument de dialogue. Il n'y a qu'à se référer aux incidents violents du week-end dernier, dont l'agression physique sanglante de l'homme politique Abdelfattah Mourou pour mesurer la gravité du phénomène et tirer la sonnette d'alarme. Pourquoi ceci se passe-t-il en Tunisie, pays pourtant instigateur de la Révolution arabe et qui ambitionne d'instaurer une vraie démocratie ? Mais ne faut-il pas d'abord réussir la transition démocratique et réaliser les objectifs de la Révolution ? C'est un point de discorde et un centre de litige entre une Troika au pouvoir dominée par le parti islamiste Ennahdha – d'un côté et l'opposition, la centrale syndicale et les composantes de la société civile de l'autre côté. Si la première considère que le pays est sur la bonne voie et que le gouvernement accomplit son travail malgré les « complots » et les « bâtons dans les roues », les deuxièmes y voient une hégémonie du parti islamiste, une tentative d'accaparer le pouvoir, de restreindre les libertés individuelles et publiques et d'imposer un mode de vie selon sa doctrine et ses critères. Hier encore, après les manifestations de Sidi Bouzid, les affrontement avec la police et les tirs de balles en caoutchouc, Ennahdha ne trouve d'autre explication que d'accuser le parti Nidaa Tounes de Béji Caïd Essebsi et de le présenter comme étant le « bras des Rcdistes ». Qui a tort, qui a raison, la question n'est pas là. En fait, nous vivons une période de hautes turbulences où faute de débats contradictoires les partis, toutes idéologies et toutes tendances confondues, n'hésitent plus à instrumentaliser la violence et à s'en rejeter mutuellement la responsabilité.