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Il n'appartient pas à l'Etat d'imposer un mode particulier de se vêtir, de se nourrir, de consommer des boissons ou de suivre des coutumes
Entretien avec : Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha
Publié dans La Presse de Tunisie le 31 - 07 - 2012

Il y a quinze jours, le mouvement Ennahdha clôturait son 9e congrès à Tunis. Le parti islamiste y a validé l'option centriste et modérée. Dans le même temps, son Conseil de la choura favorisait dans son scrutin l'aile dure. La dimension politique se trouve-t-elle désormais concurrencée aujourd'hui par l'idéologie ? C'est autour d'une lecture des résultats du dernier congrès que La Presse a voulu s'entretenir avec cheikh Rached Ghannouchi, réélu président d'Ennahdha. Sondant les liens entre le passé et le présent, l'interview est également partie sur les pistes de l'histoire, tout en gardant pour repères l'actualité qui agite la scène politique aussi bien nationale qu'internationale. Après les vœux à l'occasion du mois de Ramadan, et sous l'œil vigilant d'une caméra, le Cheikh a apporté les réponses suivantes...
Le courant Ennahdha a aujourd'hui quarante ans : il a connu son tournant réformiste. Quand et comment s'est faite cette mutation ?
La mutation a eu lieu à la fin des années 70. En fait, le mouvement islamiste tunisien est passé dans son évolution par plusieurs étapes : la naissance à la fin des années 60, un début de développement, la maturation, le calvaire, très long, et enfin l'accès au pouvoir. A l'origine, nous avons tiré nos premiers enseignements des thèses réformistes venues d'Orient. A ce moment-là, la Tunisie a connu une désertification religieuse. L'Islam a affronté une stratégie de marginalisation. Aucune institution n'a été épargnée : ni la mosquée de la Zitouna et ses cheikhs, ni les fondements de la religion comme le jeûne, ni la fondation Waqf qui munissait les espaces religieux d'une autonomie financière par rapport à l'Etat. Il y avait dans la société tunisienne comme un sentiment que les gens ont été leurrés : l'Etat de l'indépendance est devenu une menace pour la religion ! Le mouvement islamiste commence à s'activer dans les mosquées avant de se déplacer à l'université au milieu des années 70 où se déroulaient une confrontation et des débats houleux entre les étudiants de gauche et les étudiants islamistes. Ce qui a permis de développer la pensée du mouvement en l'ouvrant sur les idéologies laïques et de gauche comme le communisme et en l'ancrant dans le terroir national tunisien. Des leaders comme Salah Karkar, Ali Laaridh, Abdelfattah Mourou, Abdellatif Harouni, Abdelaziz Temimi sont tous passés par les bancs des facultés. Le second facteur qui a permis la mutation dont vous parlez se situe à la fin des années 70. Lorsque la centrale syndicale a affronté le pouvoir, nous avons découvert la question sociale, dont nous n'étions pas conscients auparavant. Au même moment, le pays voit apparaître les prémices d'un mouvement démocratique dirigé par Ahmed Mestiri et Hassib Ben Ammar. Nous entretenions des relations soutenues avec le Mouvement des démocrates socialistes et considérions Ahmed Mestiri comme notre maître, c'est celui qui nous a le plus initiés à la pensée démocratique ! A côté du MDS, nous avons également vu fleurir d'autres formations politiques, celles conduites par Ahmed Nejib Chebbi, Ahmed Ben Salah et également un mouvement de pensée critique par rapport à l'islamisme oriental, dirigé par le Dr H'mida Ennaïfer. En 1981, Bourguiba se dit prêt au pluralisme politique. Le 6 juin 1981, les islamistes déposent une demande de légalisation d'un parti baptisé alors le Mouvement de la tendance islamique (MTI). Dans sa déclaration initiale, le mouvement adopte l'idée de l'Etat démocratique, le principe du peuple comme source du pouvoir, le multipartisme, l'Etat territorial et bannit la violence...
On assiste à une modernisation de l'Islam qui est dans le même temps une «islamisation de la modernité» : jusqu'où, d'après vous, peut aller cette islamisation de la modernité et ne risque-t-elle pas de déboucher sur un conflit de civilisations... à partir du moment où il y aurait aussi une modernité chrétienne, juive, etc ?
Au contraire, il y a fécondation entre les civilisations, ou « tathakif ». C'est cela qui est premier, et non le conflit. Les civilisations ne s'affrontent pas, elles empruntent les unes aux autres et construisent les unes sur les autres. C'est pourquoi, quand elle s'est développée et qu'elle est entrée en contact avec les civilisations romaine, perse et grecque, la civilisation islamique a tiré profit de ces dernières. Les Occidentaux également, à l'époque de leur renaissance, ont traduit les vestiges de la civilisation arabe et musulmane, que ce soit en Andalousie ou ailleurs. Et nous aussi, aujourd'hui, nous bénéficions de l'expérience de la civilisation occidentale... mais sans la regarder comme le modèle exemplaire. Car les civilisations ne se dupliquent pas : il se produit ce que les figures de la réforme en Tunisie au XIXe siècle – Kheïreddine, le général Hassine, Ahmed Ibn Abi Dhiaf, Salem Bouhajeb – ont appelé «el iqtibes» : que l'on «traduise» tout ce qui est utile, tout ce qui s'avère utile dans les expériences des autres civilisations... L'Islam est sagesse. Il prend la sagesse partout où il la trouve... Le musulman recherche la vérité, la sagesse et ce qui est bénéfique, et chaque fois qu'il trouve dans une civilisation quelque chose de bon, il le prend... Car les penseurs musulmans sont tous d'accord pour considérer que l'Islam est venu afin de répondre aux attentes des gens, leurs attentes pour ce monde-ci et pour l'au-delà. Et que dans l'Islam, il n'y a rien qui contredise la raison : si nous y trouvons quelque chose qui est contraire à la raison, nous disons que cela ne relève pas de l'Islam, que c'est quelque chose qui a sans doute fait l'objet d'une mauvaise interprétation. Et si nous trouvons par ailleurs une vérité religieuse certaine, il n'est pas possible non plus qu'une vérité scientifique la contredise : c'est un principe dans la civilisation islamique ! Pas de contradiction entre raison et religion.
Par conséquent, il n'y a pas de problème pour nous dans le fait que les civilisations se rencontrent et que nous traduisions d'elles tout ce qui est bénéfique. Et nous sommes assurés que cela n'est pas en contradiction avec notre religion. Ibn Rochd, dans un texte que j'aime beaucoup et dont j'ai eu souvent l'occasion de parler — ce texte s'appelle «façl el maqal fi ma beyna'l hikmati wa chariaati mina'l ittiçal» (Le Traité décisif, Ndlr): el hikma, la sagesse, renvoie à la raison, aux expériences humaines, à la philosophie... — dit que nous ne pouvons pas imaginer une contradiction entre la sagesse et la charia. Car la raison est créée par Dieu, et la charia vient de Dieu, or il ne saurait y avoir contradiction entre deux produits venant d'une même origine... Donc nous ne craignons pas pour l'Islam en raison de la liberté. L'islam a pris naissance dans la mêlée... au cœur du monde et des civilisations : il n'appelle pas au repli sur soi, à ce que les musulmans s'enferment dans un rideau de fer. C'est pour cette raison que nous voyons, aujourd'hui, que l'islam avance dans le monde occidental. Il avance à Paris, à Londres... En profitant de la liberté ! L'islam s'étouffe chaque fois que la liberté est étouffée. Comme sous le régime soviétique, comme à l'ombre de Bourguiba ou de Ben Ali... La liberté est une des valeurs les plus importantes de la modernité. Et c'est un bien et une bénédiction.
A votre retour d'exil, vous avez affirmé vouloir céder la direction du parti aux plus jeunes. Pourquoi avez-vous renoncé à ce choix ?
J'ai annoncé ma décision de me retirer de la direction du mouvement pour me consacrer totalement au travail de réflexion sur les questions théologiques qui intéressent la umma islamique depuis le congrès de 2007. Or, depuis les élections du 23 octobre et la prise du pouvoir par Ennahdha, les choses se sont compliquées. Les leaders appelés à prendre le relais dans les structures dirigeantes se sont tous retrouvés au gouvernement et à l'Assemblée constituante : un facteur de déstabilisation du mouvement que nous voulons garder solide pour prendre part à cette transition démocratique. Je devais donc, de l'avis général de l'élite du parti, continuer le voyage avec le mouvement.
Seriez-vous le seul leader autour duquel il y ait consensus au sein du parti ?
Certes, l'instant actuel demande que règne en Tunisie un climat de concorde que favoriserait un président d'Ennahdha connu pour son islam modéré. C'est probablement ce qui a poussé des personnalités politiques nationales et de l'opposition à me conseiller de garder encore cette responsabilité. «Il y va de l'intérêt national», ont affirmé mes amis !
Le critère du passé militant – et en particulier carcéral – dans le choix des élus au sein du parti a prédominé lors du dernier congrès, au détriment du critère de la compétence. N'est-ce pas un problème pour un parti qui a pour ambition d'être un parti de développement, un parti au service d'un «modèle de développement», selon votre propre expression ?
Le congrès a dégagé un mélange qui regroupe trois catégories : celle de la prison, celle de l'exil et celle qui est restée dans la clandestinité. Tous les adhérents du parti n'ont pas été emprisonnés et tous n'ont pas été en exil: il existe une troisième catégorie. Cette catégorie est présente dans le parti ainsi que dans le gouvernement. Elle n'était pas en première ligne au moment de l'épreuve... Il s'agit de professeurs universitaires, de responsables dans la vie économique, qui ont poursuivi leurs activités... La prison représente une légitimité, sans aucun doute. Nous n'oublions pas Mandela et ce qu'ont représenté ses 27 ans de prison du point de vue de l'action militante... Donc la détention, l'exil et la persécution représentent une source de légitimité. Cette source ne va pas durer à l'infini, naturellement. A terme, l'efficacité et la compétence s'imposeront comme le critère... Une remarque cependant: les anciens détenus ne sont pas sans compétence. Ce sont des diplômés : des docteurs, des ingénieurs... Ils n'ont pas que la légitimité de la prison, ils ont aussi celle de l'institution éducative tunisienne, dont ils sont issus. Ils joignent la compétence scientifique à la légitimité militante... Quant à l'expérience pratique, elle s'acquiert. Mais si nous devions considérer que l'expérience est le critère principal, nous aurions maintenu le staff de Ben Ali. Tous les ministres sont nouveaux, qu'ils soient d'Ennahdha ou des autres partis. Nous sommes face à une révolution : la révolution remplace une génération par une autre, une école par une autre... Quoi qu'il en soit, l'équipe qui conduit le gouvernement ou qui conduit Ennahdha est un mélange constitué des détenus, des exilés et de ceux qui sont restés sur la terre «assiégée»... Ennahdha allie aujourd'hui la légitimité électorale à la légitimité du militantisme. Mais elle n'est pas privée de la légitimité de l'expérience, car une partie des ministres aujourd'hui sont des nahdhaouis qui sont restés à l'arrière...
L'élection du nouveau Conseil de la choura a permis de relever aussi que ce sont les figures de sensibilité salafiste qui forment aujourd'hui l'élite dirigeante du parti. Comment allez-vous concilier cette physionomie «dure» avec les orientations politiques qui, elles, font prévaloir la modération ? Ne risque-t-on pas, à terme, d'assister à un changement d'orientation ?
Le mouvement Ennahdha se distingue des «partis de fer» par le fait qu'il intègre plusieurs sensibilités. D'ailleurs, une des caractéristiques des grands mouvements politiques réside dans leur ouverture sur la différence du point de vue des manières de voir et de réfléchir. Tout le monde sait à quel point le style de pensée de cheikh Abdelfettah Mourou diffère du mien, ce qui ne l'empêche pas de constituer un des piliers du mouvement et d'y bénéficier d'une grande popularité. En même temps, d'autres au sein d'Ennahdha, portés par plus de rigueur, ne partagent point cet esprit d'ouverture qu'incarne cheikh Abdelfettah. Ennahdha mêle des militants proches du salafisme à ceux qui se rapprochent de l'aile libérale et à ceux apparentés au centrisme. Nous sommes unis sur la base de trois principes. Primo, l'Islam est un «toit», une limite que personne ne dépasse, que personne ne remet en question. Secundo, il y a une unanimité autour de l'adoption de la démocratie comme système politique avec tout ce qu'il entraîne comme valeurs : égalité entre les sexes, multipartisme, droits de l'Homme...In fine, tous au sein du mouvement acceptent la volonté des institutions et non pas celle des individus. Ainsi lorsque s'est posée la question d'inscrire oui ou non la charia dans la constitution, les débats dans le cadre du comité constitutif d'Ennahdha ont été très longs. Mais lorsque nous avons renoncé à introduire une référence à la charia dans le préambule de la nouvelle constitution, tout le monde a adhéré à cette décision, y compris les plus radicaux. Nous n'avons pas connu de scissions à la suite de cette affaire, ni d'ailleurs lors de la nomination de Chedly Ayari en tant que nouveau gouverneur de la Banque centrale. Pourtant, le parti est passé par une grande épreuve à cette occasion ! Une aile très étendue a refusé une telle nomination. Encore une fois, les discussions qui se sont déroulées dans le cadre du bureau exécutif ont demandé des heures et des heures d'échange. Il a fallu ensuite convaincre notre groupe parlementaire de voter comme un seul homme. Telle est Ennahdha, un grand mouvement capable d'abriter plusieurs sons de cloche, mais lorsque ses institutions prennent une décision, tous s'engagent, dans un esprit de discipline, à l'appliquer !
Le dernier congrès a permis aux membres du parti de faire le point sur un certain projet de société, où il est question de la place de la femme et de celle des jeunes, de l'éducation, de la famille, de la culture... En quoi consiste ce projet de société ?
Ce projet se caractérise par le fait qu'il donne la priorité à la société par rapport à l'Etat. Notre capital le plus important, c'est la société, ce n'est pas l'Etat. La priorité dans ce projet est donc à la société, et cela veut dire à la culture, aux organisations de la société civile... Le pouvoir a sa place dans ce projet, mais cette place, c'est qu'il exprime la société, la reflète. Son rôle n'est pas d'imposer à la société ce qu'elle ne veut pas. C'est la différence entre notre projet et celui de Bourguiba. Le projet bourguibien a accordé à l'Etat la plus grande importance : c'est l'Etat qui est la locomotive et il tire la société, par ses lois, ses institutions, un type d'enseignement... L'Etat domine l'information, les institutions de la société civile... Et si tout cela ne suffit pas, il sort le bâton. C'est cela le projet bourguibien... Bourguiba avait un projet pour la modernité et il réquisitionnait les organes de l'Etat afin de l'imposer. C'est à l'image d'un médecin qui considère son patient comme étant dénué de raison : une fois qu'il a identifié le remède, et si le patient n'est pas convaincu, il le ligote, le drogue et lui impose les remèdes nécessaires... Pour lui, la société tunisienne est le malade et lui est le médecin : il doit imposer le médicament, même s'il est amer... Bourguiba avait du mépris pour la société tunisienne : il la trouvait arriérée, attachée à la religion, tandis que lui portait un projet de modernité... Nous ne croyons pas en cette approche: c'est à la société de mener la marche. Notre arme, c'est la persuasion, non la soumission, et il appartient à l'Etat d'exprimer la société. Même pour la chariaa : l'Etat applique de la charia ce que la société en accepte. Ce qu'elle n'accepte pas, l'Etat n'a pas le droit de l'imposer : il n'a pas le droit d'imposer aux femmes une tenue particulière... Ni de supprimer une tenue particulière. Ce n'est pas dans ses prérogatives. C'est la société qui, à travers le dialogue, le débat, l'information et les conférences, cristallise ses pensées. Et toute idée qui germe dans la société, l'Etat la recueille : elle se transforme en programme. Mais il n'appartient pas à l'Etat d'imposer un mode particulier de se vêtir, de se nourrir, de consommer des boissons, de suivre des coutumes... Ce n'est pas à l'Etat d'imposer une religion aux gens, d'imposer l'Islam : la question de l'Islam relève de la société. Le rôle de l'Etat est de préserver la paix civile et de présenter des services. Il n'est pas d'imposer un type particulier de pratique religieuse ni un type particulier de modernité. Car la société n'est pas un malade tandis que l'Etat serait le médecin : l'Etat est au service de la société. C'est d'elle qu'il prend les ordres...
Et cette conception (de l'Etat-médecin, ndlr) nous vient de la culture française. Car l'Etat français, c'est lui qui a donné naissance à la nation française. C'est lui qui est le gardien de l'identité. Quand quelque chose menace l'identité, il intervient... Nous ne croyons pas en cet Etat gardien. C'est à la société de préserver son identité...
Bourguiba n'a-t-il à ce point rien apporté de positif à la Tunisie? Des pays voisins nous envient aujourd'hui encore ses actions en faveur de la diffusion de l'enseignement et la promulgation du Code du statut personnel...
Son règne n'a engendré que dictature et répression ! Il ne faut pas encenser Bourguiba, ni le couvrir de lauriers. Parlons donc d'éducation : si Ben Youssef avait pris le pouvoir, cela signifie-t-il que la Tunisie aurait sombré dans l'ignorance ? L'histoire a voulu que la Tunisie n'ait d'autre perspective de développement que de parier sur ses ressources humaines, à défaut de richesses naturelles conséquentes. Et puis, si on comparait la Tunisie en matière d'éducation avec d'autres pays arabes, on se rendrait compte que les indicateurs du Liban, de la Jordanie et de la Palestine sont meilleurs que les nôtres. Quant à la liberté des femmes, savez-vous que c'est cheikh Djaiet, ancien ministre de la Justice sous les beys, qui a rédigé la première version du CSP ? Le Code du statut personnel s'inscrit tout bonnement dans une forme d'Ijtihad.
Vous avez annoncé les derniers jours du congrès d'Ennahdha l'imminence d'un remaniement ministériel, qui a été finalement reporté à la fin de l'été. Pourquoi ?
Je ne suis pas le chef du gouvernement pour prendre une telle décision : j'ai dit simplement qu'après sept mois de travail, je m'attendais à un remaniement à la suite de l'évaluation de l'action de la Troïka. A mon avis, ce changement gouvernemental pourrait avoir lieu à l'ouverture de la nouvelle année politique.
Beaucoup attirent l'attention sur le fait que le régime parlementaire représente un risque en tant que passage possible de la dictature d'une personne à la dictature d'un parti et que, par ailleurs, cela vide la fonction de président de la République de toute sa substance, en tant qu'élément d'équilibre du pouvoir exécutif. Que répondez-vous à ceux qui font cette analyse ?
Ces propos comportent des contre-vérités. Tous les régimes ont leurs côtés positifs et leurs côtés négatifs. Mais que l'on présente le régime parlementaire comme un régime de dictature, c'est une chose étrange. Qu'on nous donne un seul exemple de régime parlementaire dans le monde qui soit dictatorial! Les régimes parlementaires correspondent aux plus vieilles démocraties et aux plus stables : les régimes allemand, suédois, espagnol, anglais, turc... La plupart des régimes démocratiques sont parlementaires. Cette analyse qu'on fait est liée au fait qu'on s'attache à une situation particulière : c'est la crainte qu'un parti domine le pouvoir. Par conséquent, il faudrait fixer le régime politique à la lumière de cela... Aujourd'hui, nous voulons une constitution pour le pays. Et une constitution ne peut pas être conçue en fonction de ce qui existe sur la scène politique au moment présent. La situation va changer demain. Si Ennahdha est aujourd'hui un grand parti, il ne le restera pas éternellement. Et si d'autres partis sont petits, ils ne le resteront pas non plus pour toujours. Alors pourquoi établir le régime politique sur la seule base de la crainte qu'Ennahdha domine le Parlement... Si Ennahdha domine le Parlement, ce n'est pas la fin du monde : il ne le fera pas toujours. Il n'y a pas de partis qui soient éternels dans les démocraties. Par nature, le pouvoir use... Il a un pouvoir d'usure. Par conséquent, pourquoi voulons-nous fixer la réalité constitutionnelle en fonction d'une situation politique qui est changeante ? Le plus grand danger aujourd'hui, ce n'est ni le régime présidentiel, ni le régime parlementaire, c'est le régime qui n'est ni l'un ni l'autre : un régime sans tête ! Le pire, c'est ce régime sans personnalité, sans centre de décision. Dans le régime parlementaire, le centre de décision, ce sont le parlement et le gouvernement qui en sont issus. Dans le régime présidentiel, c'est le président... Il est dangereux que le pouvoir exécutif se trouve divisé. Cette division, entre président et chef de gouvernement, est source de problèmes. Nous l'avons vu avec le régime français dans certaines situations... Par conséquent, nous ne devons pas concevoir le régime politique en fonction de la scène politique actuelle, mais en ayant à l'esprit qu'il va durer 50, 60, 100 ans. L'équilibre des forces politiques, lui, est variable : un grand parti peut se scinder demain et se transformer en plusieurs partis... Ce qui doit commander dans cette question, c'est l'intérêt de la Tunisie. Quel est le meilleur régime pour la Tunisie ? Et cela à la lumière de notre expérience... Notre expérience, c'est que l'Etat a été absorbé par le président. Tout notre malheur nous est venu du régime présidentiel, dans lequel le pouvoir du président est devenu hégémonique. Et, au cours des derniers mois, le pays a vécu des moments difficiles liés aux tensions entre le président et le chef du gouvernement. Parce que le pouvoir exécutif s'est divisé. Le problème a failli encore se poser au sujet de la nomination de Chedli Ayari à la tête de la Banque centrale : le président a pris une décision et les autres parties se sont trouvées devant le fait accompli, soit qu'elles signent soit que la machine s'enraye. Nous avons vu des partis se scinder en raison de cela. Ennahdha a connu elle-même une secousse importante suite à la défense de cette décision: car la chute de cette décision, c'est la chute de la parole du président, et cela ne sied pas... Donc, il ne faut pas que le régime comporte en lui un vice, celui du conflit au sein de l'exécutif.
Nous disons par conséquent que notre expérience du régime présidentiel est douloureuse. Et c'est ce qui nous pousse à transférer le pouvoir au parlement. Mais si la majorité des Tunisiens venait à refuser le régime parlementaire, il ne faut pas qu'on se tourne vers un régime présidentiel bicéphale... Il faut se tourner vers le régime présidentiel !
Comme avant ?
Non, pas comme avant : avant, c'était le présidentiel despotique. Le régime américain, par exemple, est un régime présidentiel. Le président peut opposer son veto au Congrès... Il maîtrise la politique étrangère, la politique de défense... tandis que le parlement dispose de tout le pouvoir législatif. L'un a le pouvoir exécutif en entier, l'autre a le pouvoir législatif en entier. Il n'y a pas de Premier ministre : c'est le président qui incarne le gouvernement. Si on choisit le régime parlementaire, le pouvoir du président ne dépassera pas celui d'être un symbole de l'unité du pays. Son pouvoir est l'arbitrage: lorsque les pouvoirs entrent en conflit, on se tourne vers lui. Mais que l'on dispose deux têtes dans l'exécutif, cela revient à semer les germes de la discorde...
Vous avez déclaré que les jeunes salafistes vous rappelaient votre jeunesse. Est-ce pour cette raison qu'ils sont traités avec une clémence qui rappelle l'amour filial. En contrepartie, on a usé d'une sévérité excessive envers les deux jeunes de Mahdia ayant publié sur Internet des caricatures du Prophète. Pourquoi ce « deux poids, deux mesures » dans le traitement des jeunes «fauteurs de troubles» ?
C'est la première fois que j'entends parler de l'affaire de Mahdia. J'étais probablement en voyage lorsque ce procès a eu lieu. Je ne sympathise pas avec ceux qui enfreignent la loi bien que je puisse comprendre les motivations des uns et des autres. Oui la jeunesse salafiste me rappelle ma propre jeunesse et ma propre réaction par rapport à l'extrémisme bourguibien de ces années 70. Les années 90 ont engendré une autre génération en colère, à cause de la tombée en déshérence de l'Islam. Ces années-là ont été catastrophiques pour la religion : les mosquées, devenues un espace de glorification de Ben Ali, ont été désertées, les livres théologiques ont disparu des librairies, plus aucune fille ne se couvrait la tête... Certains parmi les fils des militants islamistes sont devenus salafistes ! C'est une génération née en l'absence de ses pères et qui a grandi en écoutant, telle une litanie, des histoires de tortures et de souffrances. Elle a malheureusement trouvé ses seuls repères dans les chaînes satellitaires orientales, d'obédience salafiste. Je suis convaincu que, d'ici 10 à 15 ans, la Tunisie récupérera les salafistes comme elle nous a réconciliés avec l'Islam local modéré. Etonnante est la capacité de ce pays d'acclimater les plantes les plus récalcitrantes.
On considère que beaucoup de mosquées ont servi de tribunes politiques lors des dernières élections... Quelles garanties avons-nous que nous n'allons pas retomber, pour les prochaines élections, dans ce scénario qui fausse la règle de l'équité dans le jeu politique ?
Cette version des faits n'est pas exacte. Les perdants aux élections expliquent leur défaite par... je ne dirais pas des mensonges, mais des réalités faussées. «Pourquoi les candidats d'Ennahdha ont gagné ? », disent-ils. «Parce qu'ils ont utilisé les mosquées !». Or ils n'ont apporté aucune preuve d'un imam qui aurait appelé à voter pour Ennahdha... Nous avons des candidats qui étaient des imams : nous leur avons demandé de renoncer à leur fonction religieuse. Il faut donc à ces gens qui n'ont pas eu la réussite de leur côté le 23 octobre dernier qu'ils s'obligent à faire face à la réalité de la situation, au lieu de lancer des accusations selon lesquelles Ennahdha aurait acheté les votes contre de l'argent ou aurait utilisé les mosquées... Il n'y a pas de preuve à ce sujet. Qu'ils cessent de fuir la réalité, qu'ils révisent leurs idéologies et leur relation avec le peuple. D'autre part, nous n'avons jamais dit que les mosquées ne devaient pas se mêler de politique : l'Islam est tout entier de la politique ! Et l'islam est venu pour changer le monde: il n'est pas venu seulement pour que les gens aillent à la mosquée, à la Mecque et au Paradis. L'Islam est venu pour changer l'économie, pour changer les mœurs, l'éducation, les arts et les lettres... Mais pour les changer selon la raison : par la persuasion et non par la contrainte (tarhib). Aucun musulman qui comprend sa religion ne dira que l'Islam n'a pas de lien avec la politique. L'Islam est entièrement politique. Mais ce que nous avons dit et que nous disons encore, c'est d'éviter de lier les mosquées aux partis politiques: qu'elles deviennent des tribunes au service de tel parti contre tel autre... Par conséquent, nous faisons la distinction entre la politique et l'activité partisane. Oui à la politique dans les mosquées, mais dans la modération, et non à l'action partisane : la mosquée n'appartient pas à un parti ou un autre... Ben Ali faisait cela, et le RCD : les prêches servaient à défendre la politique de l'Etat et à faire les louanges du «défenseur des masses et de la religion». Nous, nous disons que les mosquées sont à Dieu...
Les salafistes contrôlent près de 500 mosquées, des appels au djihad pour la guerre en Syrie y résonnent. D'autre part, un parti salafiste a reçu un visa au cours de cette année. N'y a-t-il pas de risque pour qu'ici encore les imams influencent par leurs prêches le scrutin du prochain rendez-vous électoral ?
Ce chiffre est exagéré à mon avis. Il n'est pas interdit d'évoquer le drame du peuple syrien musulman dans les mosquées. Mais nous ne voyons pas ici d'intérêt pour le djihad, ni d'enrôler la jeunesse tunisienne dans un conflit qui reste très complexe, d'autant plus que les Syriens n'ont pas demandé à la jeunesse musulmane à les rejoindre sur le front de la bataille. Selon le ministre des Affaires religieuses, seules quelques dizaines de mosquées restent entre les mains des salafistes.
La crise syrienne devient l'enjeu d'une confrontation entre grandes puissances : est-ce qu'il n'y a pas de risque que les peuples arabes soient instrumentalisés autour de cette affaire au service des intérêts d'une partie contre l'autre ?
C'est la réalité : il y a de grands intérêts internationaux qui s'affrontent en Syrie et celui qui paie, c'est le peuple syrien. Mais le peuple syrien, comme tous les peuples de la région, il est de son droit de gagner sa liberté. Il fait face à un régime dictatorial, le plus dur dans la région. Le régime de Ben Ali était beaucoup moins dictatorial en comparaison. Il n'y a pas d'oxygène en Syrie : pas de syndicats, pas de presse. Le régime repose sur les renseignements et sur la répression. Et cette répression est censée se justifier au nom de la défense de la résistance. Mais il n'est pas écrit au ciel que le peuple syrien doive payer le tribut de la libération de la Palestine... Alors que la Palestine n'a pas été libérée et le Golan n'a pas été libéré. Il s'agit de slogans rhétoriques. Nous devons, nous les Arabes, arrêter de marchander notre liberté : que quelqu'un vienne nous dire: «Je vais libérer la Palestine... Donc renoncez à votre liberté...» Ces marchés sont des marchés perdants, et nous n'en avons rien récolté si ce n'est le malheur. Depuis que Abdennasser a proclamé qu'aucune voix ne surpasse celle de la lutte, nous n'avons eu ni notre liberté ni la libération de la Palestine. En fait, la libération de la Palestine passe par la libération des Arabes et de leur volonté... Par conséquent, le peuple syrien n'a pas à rester éternellement privé de liberté sous prétexte que Bachar, que la famille des Assad qui s'est imposée par le feu et le fer sur le peuple, soutient la résistance. Et nous ne comprenons pas comment le leader Hassan Nasrallah annonce qu'il met tous les moyens de la résistance au service d'El Assad.
Le parti Nida Tounès, dirigé par Béji Caïd Essebsi, a l'air de déranger les militants d'Ennahdha. Représentera-t-il à votre avis le vrai adversaire politique du mouvement lors des prochaines élections ?
Je ne le pense pas. Nida Tounès est le parti numéro 140 ou 141. Nous vivons dans une sorte de marché libre, à chaque mouvance de présenter sa marchandise... Le peuple saura choisir. Nous ne représentons pas le parti du hasard et nous n'avons pas été élus à défaut de l'existence d'un autre parti. Ennahdha ne craint pas l'émergence de nouvelles formations politiques : au contraire, plutôt que l'émiettement, nous préférons qu'apparaissent trois à quatre fronts en Tunisie qui assureraient une alternance au pouvoir. Nous sommes loin d'estimer que Nida Tounès puisse incarner un vrai adversaire pour le mouvement parce qu'il évoque un parti hybride où se mêlent aux bourguibiens des rcdéistes et des gens de gauche. Son idéologie n'est pas claire.
Quelle est votre position concernant la question de la mise à l'écart des Rcdistes pour les prochaines élections ?
Nous sommes favorables à l'éloignement des symboles de l'ancien régime, en considérant qu'ils représentent une voix opposée à la Révolution... Je ne parle pas de ceux qui sont de simples adhérents et qu'on compte par millions : je parle des symboles, de ceux qui occupaient des postes au niveau du pouvoir du RCD ou du pouvoir de l'Etat...
Même s'il n'y a contre eux aucune affaire de corruption... ?
Ceux qui sont dans ce cas passent devant les tribunaux pour crimes. Mais là, je parle d'exclusion politique !
L'ouverture du congrès a été marquée par la présence de Khaled Mechaâl, leader du Hamas... Dans quelle stratégie cela s'inscrit-il, du point de vue de vos ambitions de servir la cause palestinienne et du point de vue de vos ambitions de servir la paix dans le monde, sachant que le Hamas s'oppose à toute démarche de négociation ?
Nous avons invité Khaled Mechaâl en tant que symbole de la cause la plus importante de la Oumma et qui fait l'objet d'un consensus de la part des Tunisiens. Si les Tunisiens sont d'accord sur une chose, c'est sur le droit des Palestiniens et sur le refus de l'injustice dont ils ont été l'objet. Khaled Mechaal est un symbole. La Tunisie a reçu et ne cesse pas de recevoir des symboles de la cause palestinienne : Arafat, Abou Mazen, Abou Jihad, Ismaïl Hniya, Khaled Mechaâl... Et demain, elle pourrait en recevoir d'autres. Et ces gens-là se considèrent comme étant les hôtes du peuple tunisien et non les hôtes d'Ennahdha, et ils ont été accueillis avec chaleur par différentes composantes du peuple tunisien : ils ont été reçus par des représentants de l'Etat, par le président, par Ben Jaâfar et par le chef du gouvernement, par des partis de l'opposition...
Kamel Jendoubi, l'ex président de l'Isie, qui se dit prêt à continuer le travail entamé par son instance, a annoncé dernièrement que les élections étant un processus, il était techniquement impossible d'organiser les prochaines élections d'ici le printemps 2013. Qu'en pensez-vous?
Ses déclarations peuvent être également interprêtées comme une manière d'inciter les institutions concernées par la préparation des élections à accélérer la mise en place du dispositif électoral. Kamel Jendoubi est un ami et un grand militant. Nous lui vouons beaucoup de respect. Il ne faudra pas se passer de cette expérience qu'il a menée lors du prochain rendez-vous électoral !


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