Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
De notre correspondant permanent à Paris Zine Elabidine HAMDA Laurent Fabius monte officiellement en créneau sur ce qu'il appelle «violence salafiste en Tunisie»
Dans un geste sans précédent depuis le déclenchement de la révolution tunisienne, gouvernement et opposition en France s'expriment de concert contre la violence salafiste en Tunisie. Suite à l'agression dont a été victime Jamel Gharbi, binational et élu local français de la Sarthe, le 16 août à Bizerte, Laurent Fabius, ministre français des Affaires Etrangères, qui s'est exprimé lors d'une conférence de presse a qualifié l'acte d' « incident très sérieux ». Dans le même temps, Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, principal parti d'opposition, a considéré que «les auteurs de cet acte misérable qui prétendent être animés par des convictions religieuses sont des délinquants mus par la haine, l'extrémisme et le fanatisme».
L'agression a eu lieu au quartier du Vieux port de Bizerte le 16 août, jour de clôture du Festival local qui avait fait l'objet d'une attaque perpétrée, selon le ministère de l'intérieur tunisien, par «environ 200 personnes affiliées au courant salafiste» , armés de sabres et de gourdins.
«Nous avons croisé un groupe d'une cinquantaine de salafistes qui ont agressé verbalement mon épouse et ma fille en raison de leurs vêtements d'été, qui n'avaient pourtant rien de choquant», a expliqué Jamel Gharbi à la presse française. «Personne ne m'a secouru, assure-t-il. Je n'ai dû mon salut qu'au fait que j'ai réussi à m'enfuir. Si j'étais tombé à terre, ils m'auraient lynché».
Lors de la conférence de presse, Laurent Fabius a confirmé la version de l'élu agressé : «Il n'y a pas eu de réaction malheureusement pour l'aider ni, d'après ce qu'il m'a dit, des gens qui étaient là, ni de la police. Ce qui s'est passé là-bas est inacceptable. Pour résumer, ce garçon, sa femme, sa fille, qui n'avaient pas de tenue provocante contrairement à ce que certains ont pu dire, se promenaient à Bizerte et ont été attaqués très très violemment par un groupe identifié comme étant un groupe de salafistes», a raconté le ministre, en précisant s'être entretenu aussitôt après avec l'élu. « J'ai demandé que cet incident fasse l'objet d'un contact avec le gouvernement tunisien par nos représentants en Tunisie», a-t-il enfin indiqué.
Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, a tiré la leçon de la bourde de Mme Alliot-Marie lors de la révolution. Il a déclaré que les agresseurs «ne représentent en rien le peuple tunisien qui est engagé dans une transition politique vers la démocratie». Il a enfin déclaré le soutien de l'UMP « aux formations politiques et aux organisations de la société civile qui luttent pour la liberté, l'égalité des sexes et le maintien de la tradition tolérante de la Tunisie».
De son côté, le Maire de Paris, Bertrand Delanoë, natif de Bizerte, a dénoncé «un acte indigne et lâche, perpétré par une minorité extrémiste». Pour le Maire de Paris, cette agression «porte atteinte aux valeurs de la Tunisie. Le peuple tunisien, dont je connais l'attachement à la tolérance, à la démocratie, au pluralisme et aux droits de l'homme, constitue le meilleur rempart face à l'obscurantisme et à l'extrémisme», a-t-il écrit dans un communiqué.
La réaction officielle française à cette agression s'inscrit dans la lignée des craintes exprimées par les responsables des renseignements généraux sur la montée de la violence en Tunisie et ses possibles accointances avec des cellules dormantes d'Al Qaeda. L'attitude ferme de Laurent Fabius est un signal ferme qui s'ajoute aux requêtes exprimées par les Etats-Unis pour une plus grande coordination de la part des services de renseignement tunisien avec les agents occidentaux installés dans la Région.