Mardi 28 août a été le coup d'envoi du tout nouveau festival Pop in Djerba de musiques pop, rock et électro; le cadre était enchanteur : un vaste terrain attenant à l'hôtel Holliday Beach fut savamment et joliment aménagé, avec une gigantesque scène brillant de mille feux, un espace VIP, un bar, et un village citoyen constitué de belles tentes nomades et consacré à quelques composantes de la société civile insulaire pour exposer leurs activités citoyennes ; le temps était superbement beau, une lune radieuse à quatre jours de sa plénitude illuminait le ciel de son éclat rayonnant ; le dispositif sécuritaire remarquable déployé n'était que pour rassurer. A 22 heures, les décibels, retentissant bruyamment dans l'espace, sont venus briser le silence et annoncer le début des shows programmés dans cette soirée inaugurale prometteuse qui avait tout pour plaire et séduire; point de discours protocolaire routinier de bienvenue ; une entrée en matière fracassante avec l'irruption sur scène des trois membres du groupe écossais les Fangs qui ont enflammé l'atmosphère avec leur style à eux évoluant entre rock, électro et new wave. Le public, très peu nombreux malheureusement, n'avait que le temps de reprendre son souffle, pour se retrouver ensuite face à cinq showmen d'exception, véritables « agitateurs scéniques », guidés par l'intenable chanteur et parolier du groupe Khaled. Virevoltants à outrance, créatifs, communicatifs convaincants, les cinq artistes ont excellemment confirmé l'étendue de leurs performances et tout le bien qui se dit du groupe marocain Haoussa d'inspiration Issaoui et de portée contestataire puisant ses créations et ses compositions dans le vécu quotidien et dans les problèmes de la rue. Dotés d'une énergie immense, ils sont parvenus aisément à basculer de style, de la chanson folk au Punk, en glissant par le Reggae, le Ska Hardcore ou le Funk, sans toutefois perdre de vue la tradition musicale marocaine dont ils puisent leurs influences et leurs inspirations. Prenant ensuite le relais, le groupe français Success guidé par Mister Eleganz, élégamment habillé, imprévisible, improvisant mimique et gestuelle, s'est emparé de la scène pour confirmer la couleur et enflammer davantage l'atmosphère, dans un style à eux fait de Rock'n'roll et d'Electro. Enfin, tard dans la soirée, les Haoussa et les Fangs refirent leur apparition sur scène pour se produire en commun et consacrer en beauté le principe de partage et de communion entre les cultures, quelque différentes qu'elles soient. « Ma satisfaction la plus chère est de voir ces artistes d'horizons divers entrer en communion et partager l'espace de la scène dans un échange musical fructueux et édifiant », confie M. Kamel Salih, l'un des organisateurs de la soirée qui n'était pas si contrarié par le désistement regrettable du public : « notre festival est naissant et il est à l'image de la Tunisie post révolutionnaire qui se construit ».
Un grand hommage est à rendre à tous les artistes qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes, sans calcul, en dépit d'une présence somme toute restreinte du public.